Laetitia Recayte (Directrice générale de Lapinxa) : "Être une productrice pour les femmes dans les médias"

8 mars 2024
Il y a un an, je m’associais à Federation et montais ma société de production Lapinxa. Un nouveau métier, une envie de proposer au public des histoires, des histoires d’humains, wracontées sous forme de documentaires, de fictions ou de films de cinéma.

La première production de LAPINXA a ete le portrait d’un homme, Axel Kahn, écrit, réalisé et coproduit par une femme, Rachel Kahn, monte par une autre femme, Charline Delavaud. Un film pilote par trois femmes sur un grand homme, donc. 

Sur mes dix projets en cours de production ou de développement, je compte à l’écriture et la réalisation douze femmes et onze hommes. Pas complètement la parité, mais presque.
Cet équilibre s’est fait inconsciemment, sans que les choix artistiques soient guidés par le genre des talents. De la même façon dans ma vie professionnelle passées, mes équipes étaient toujours paritaires. Parce qu’il aurait ete inconcevable pour moi qu’il n’en soit pas ainsi. Comme on trouve des vendeurs hommes en distribution internationale quand on cherche – alors que ce métier, comme celui de scripte, est très largement féminin, même jusqu’à la tête des organisations, ce qui est rare – on trouve des femmes scénaristes, réalisatrices, monteuses, cheffes opératrices... Certes il y a des zones où il faut une loupe pour chercher – je penses aux métiers techniques, du son ! 

Oui je compte, et j’assume de compter, car pour compter il faut compter ! 

Les formations aux différents métiers de notre secteur ont depuis plusieurs années ete très vigilantes sur les promotions de jeunes qu’elles forment. Avec un objectif – voire une obligation dans certaines filières – de parité. Mais parfois le nombre de jeunes femmes postulant est faible, très inférieur au nombre de jeunes hommes, nous ne pouvons le nier. Nous devons donc inciter ces jeunes femmes à oser, à postuler, à intégrer le fait que tous les métiers de la création sont ouverts à tous. 

Un des rôles et prérogatives du métier de producteur est de choisir, de constituer les équipes avec lesquelles il ou elle travaillera, de les réunir et de les animer. Dans ce métier de l’envie commune et partagée. Nous producteurs devons pleinement assumer la responsabilité qui est la nôtre. Si certains films ou séries ont encore des équipes très largement masculines, le producteur y est pour quelque chose !

Une majorité de femmes

On ne le répète jamais assez : 52% de la population est constituée de femmes. Si ce qui semble évident ne l’est pas pour certains, il existe des initiatives visant à ouvrir les yeux et les oreilles. Ainsi, Canal+ met en annexe de ses contrats une grille parité des équipes, tableau visant à cocher pour les principaux chefs de postes, si ces derniers sont occupés par des hommes ou des femmes. Très visuel, pour ceux qui auraient du mal à voir ... On peut regretter que son remplissage ne soit pas obligatoire. 

De la même façon, le CNC a initié il y a quelques années un bonus parité pour le cinéma. Et l’audiovisuel alors ? Là aussi, l’incitation ou la sanction en cas de non-respect doivent être mis sur la table, d’autant que le volume horaire de productions audiovisuelles est conséquent ! 

Parce que, une fois encore, ce n’est pas la responsabilité des autres, mais bien de la nôtre, nous producteurs. Soyons vigilants et laissons aux femmes et aux hommes le même espace devant et derrière la caméra, dans les histoires que nous racontons, en les rémunérant bien entendu à valeur identique, quels que soient les postes, des comédiens aux équipes de production. Parce qu’en plus et pour mémoire, c’est une obligation légale !