Véronique Encrenaz (Responsable du MIFA) : Le parcours des femmes dans l’industrie de l’animation

8 mars 2024
Le Mifa 2024 accueillera notamment le 8ème Women in animation world Summit, ainsi que les associations de femmes à travers le monde, telles que les Femmes s’animent depuis 2016. Huit ans pour discuter, alerter, dénoncer mais aussi modifier, inventer, construire, accompagner les femmes vers la reconnaissance et la légitimité
Véronique Encrenaz

En tant qu’établissement public, CITIA, organisateur du Festival et du MIFA, doit d’être exemplaire sur ces questions et a été précurseur en mettant en place un certain nombre d’actions. Le Mifa 2024 accueillera notamment le 8ème Women in animation world Summit, ainsi que les associations de femmes à travers le monde, telles que les Femmes s’animent depuis 2016. 

C’est dire le long chemin parcouru : 8 ans pour discuter, alerter, dénoncer mais aussi modifier, inventer, construire, accompagner les femmes vers la reconnaissance et la légitimité.

Lors du dernier Women in animation World Summit, une journée entière de conférences et master class ont permis par exemple de questionner à nouveau la place des femmes dans l’animation et leur accession aux postes à responsabilités pour produire, financer, réaliser.

L’importance de la parité et diversité lors de la sélection des projets

En 8 ans, les chiffres montrent une nette tendance à la hausse. Elle est le fruit du travail de ces nombreuses associations que nous accueillons chaque année mais aussi de l’engagement des écoles qui encouragent et accompagnent la formation des femmes jusqu’au bout de leur scolarité, y compris leur insertion professionnelle. Nous savons désormais que la parité a été atteinte dans les écoles d’animation. Mais qu’en est-il ensuite ?

Cette augmentation des chiffres transparait notamment au travers des présentations de projets issus du monde entier, lors des pitchs Mifa. Si les courts-métrages et les séries atteignent régulièrement la parité, le long-métrage est toujours à la traine, même si les chiffres montrent une très nette tendance des femmes à passer plus facilement au format long. Les projets de longs-métrages pitchés en 2022 révélèrent une parité absolue, avec 4 longs-métrages réalisés par des femmes du Zimbabwe, de Géorgie, de Bosnie-Herzégovine, de France et de Hongrie. Ce ne fut néanmoins pas le cas en 2023. La tendance, même si en hausse, reste encore inégale.

Plusieurs sessions sont organisées chaque année par les associations européennes et internationales de femmes dans l’animation, qui permettent de mettre en avant leurs projets issus d’ateliers. On y découvre des projets venus d’Europe, d’Amérique Latine, d’Afrique. Cette année, de nouveaux ateliers viendront compléter l’offre, pour faire du lundi précédent l’ouverture du Mifa une journée de formation et d’accompagnement aux femmes venus présenter leurs projets.

Quant au Mifa campus international, mis en place en 2020 pour accompagner les pays émergents en cinéma d’animation dans la formation de leurs talents, il permet également de mettre l’accent sur l’importance de la parité et diversité lors de la sélection des projets. Ce sera le cas fin 2024, avec des ateliers dédiés aux femmes des pays andins, aux côtés de l’Institut Français.

Enfin, au-delà des projets, le Mifa s’engage chaque année à respecter la parité des interventions dans les Conférences. Celle-ci a été atteinte depuis 2018 mais c’est un engagement constant pour encourager les prises de parole féminines au sein des conférences et débats autour l’industrie de l’animation. De même, parmi les rendez-vous organisés par le Mifa tout au long de la semaine, au travers des Meet the… Cela fait partie de processus de sélection qu’il est important de maintenir et d’encourager. Une seule rencontre ne nous permet pas d’atteindre cette parité, elle concerne les compositrices de musique. Il s’avère que la grande majorité des musiques de films sont composées par des hommes et il nous est pratiquement impossible de lister autant de compositrices que de compositeurs. C’est certainement un des enjeux à adresser auprès des écoles et conservatoires, mais sans doute également dans les mentalités en général. 

En 2018, Citia signait la charte 50/50 pour la parité et la diversité. Depuis c’est un engagement constant et total, qu’il est important de poursuivre, on sait que rien n’est jamais acquis de façon définitive.

Le MIFA bénéficie également du « Eurimages Gender Equality strategy » pour les démarches mises en place. n