Denise Epote (Présidente de TV5 Monde) : "Être une femme est un atout"

7 mars 2024
Inédit. Une femme africaine nommée à la tête de la distribution Marketing de TV5 Monde. Un parcours balisé de difficulté mais au cours duquel Denise Epote a su s’imposer avec brio. Témoignage.
Denise Epote

Dans l’histoire de TV5MONDE qui fête cette année ses 40 ans, c’est la première fois qu’une femme est nommée à la tête de la direction de la distribution du marketing et de la commercialisation. Sous tous les cieux, un secteur largement dominé par les hommes. J’ai pu m’en rendre compte lors de mes missions à l’étranger effectuées avec les directeurs régionaux de ma direction. À l’exception des femmes qui dirigent le département des contenus ou celui du marketing, tous mes interlocuteurs au sein des groupes avec lesquels TV5MONDE a signé des accords de distribution sont des hommes. Une fois la surprise passée de voir une Africaine, je n’ai rencontré aucune difficulté à capter l’attention de mes interlocuteurs lors de nos échanges.

J’ai connu une femme à la tête du plus gros opérateur sud-africain Multichoice. C’était une exception ! 

La fin des chasses gardées

C’est assez curieux que le secteur de la distribution ne soit pas confié aux femmes qui se révèlent être de fines négociatrices. Au sein de ma direction, les six directeurs dont une femme à la tête de la direction Europe et France Belgique Suisse et Monaco, gèrent sur les cinq continents, la distribution de 10 chaînes. Huit chaînes généralistes sous-titrées en onze langues et deux chaînes thématiques : TIVI5MONDE la chaîne enfants et TV5MONDE STYLE, la chaîne dédiée à l’art vivre. Les directeurs régionaux assurent également la distribution de la plateforme TV5MONDEplus sous-titrée en six langues.

Nos actions marketing nous amènent à négocier aux quatre coins du monde des partenariats avec plus de 150 événements culturels, sportifs ou en lien avec l’environnement. Je précise que TV5MONDE est disponible dans 211 pays soit 432 millions de foyers ! La chaîne est également présente dans les offres de huit compagnies aériennes, de six compagnies maritimes soit 41 bateaux de croisière. Sans oublier les 4,2 millions de chambres d’hôtels.

Avant d’occuper le poste de directrice de la distribution du marketing et de la commercialisation j’ai été directrice Afrique. Je me souviens qu’au moment de ma nomination en 1998, certains se sont posé la question de savoir s’il était opportun de nommer une femme à ce poste car elle serait amenée à rencontrer des décideurs jugés misogynes. Sous-entendu, elle ne saura pas négocier et promouvoir la chaîne ! Je pense avoir réussi à m’imposer dans ce milieu très masculin et à me faire respecter par mes interlocuteurs. Je suis restée à la tête de la direction Afrique 23 ans ! 

Mes interlocuteurs parmi les opérateurs ont majoritairement été des hommes. Mais en Afrique, dans le secteur de l’audiovisuel j’ai eu l’immense plaisir de faire la connaissance de femmes remarquables qui sont à la tête de chaînes publiques ou privées. Au Gabon, au Sénégal, en Guinée, au Burkina Faso, au Maroc, en Côte d’Ivoire etc…Et fait assez rare en Europe, des femmes sont à la tête de la direction de l’information ou du service politique. Curieusement une chasse gardée pour les hommes et on peut se demander pour quelles raisons ? Dans plusieurs pays africains, des femmes président également les instances de régulation ou occupent le poste de ministre de la Communication. Et plusieurs d’entre elles assurent ces missions avec un certain brio.

J’ai commencé ma carrière de journaliste au Cameroun où j’ai été la première présentatrice non pas du 20h mais du 20h30. Le Cameroun étant bilingue, le journal en langue anglaise est diffusé à 19h30. Et avant d’intégrer la Cameroun Radio Television, j’ai été la seule fille de ma promotion à l’école supérieure internationale de journalisme de Yaoundé. École fondée par Hervé Bourges. Au cours des interviews politiques que je mène dans le cadre du magazine Et si vous me disiez toute la vérité, le fait d’être une femme est un atout. Parce que nous femmes journalistes, ne sommes pas dans un rapport de force, l’interviewé est moins sur la défensive.