Bernard de La Villardière lance Neo, un media transgénérationnel et optimiste

1 décembre 2020
Le journaliste et producteur Bernard de La Villardière lance “neo”, une plateforme 100% vidéo accessible depuis la semaine dernière sur les réseaux sociaux (YouTube, Facebook, Instagram, LinkedIn, Twitter…). Entouré d’une équipe d’une vingtaine de journalistes et de spécialistes d’Internet, ce média digital grand public veut valoriser la proximité et les initiatives locales, et pour le souligner, affiche une signature assez claire : « neo, le média qui nous rapproche ». Entretien avec son fondateur.
Bernard de la villardière lance Neo

Comment est né ce projet ?

Cela fait une douzaine d’année que j’y pense. J’avais racheté la marque “lesinfos.com” au moment où beaucoup de médias se lançaient sur Internet (Médiapart, Rue89…). D’aucuns pensaient que le média digital pouvait être financé exclusivement par la publicité. Malheureusement, les mésaventures de Rue89 ont montré que ce n’était pas le bon choix. Médiapart a choisi un autre schéma, risqué à l’époque, celui de l’abonnement payant, mais qui s’est avéré être le bon. Lesinfos.com a été une sorte de laboratoire pour nous. Je travaillais déjà avec Arnaud Delomel, qui a pris la tête de neo comme directeur exécutif et rédacteur en chef. J’avais parlé à Stéphane Simon, producteur de télévision et journaliste, avec lequel nous avons construit le projet. Sami Biasoni, un ingénieur, banquier d’affaires passionné par les nouveaux médias, nous a rejoint. Sa présence est importante car neo repose beaucoup sur la technologie. Aujourd’hui, les logiciels permettent d’accélérer les temps de montage, d’accéder à des images d’archives, d’écrire des textes et de les habiller en images. 

Quel positionnement par rapport à la concurrence ?

Nous voulons nous démarquer de Konbini, de Brut ou de Melty en étant un peu plus transgénérationnel, plus positif et tourné vers l’avenir. Montrer la France avec sa diversité avec moins de critique. Cela fait 15 ans que je parcours ce monde, je suis moi-même issu d’un milieu très multicultualiste, et je me rends compte que notre pays est très divers : il suffit de constater les différences entre un Breton, un Dauphinois et un Savoyard, ou entre un Marseillais et un Lensois. C’est cette diversité et la fierté de notre pays que l’on souhaite mettre à l’honneur à travers neo, sans nostalgie, ni excès qui empêche tout sens critique. Notre idée est de rapprocher les gens des uns des autres et promouvoir ce qui nous rassemble.

L’encombrement du marché (chaînes TV, plateformes digitales…) laisse t-il la place pour un projet comme neo ?

Oui, le confinement a confirmé l’appétence pour cette idée que nous avions développée il y a plus d’un an. La crise du Covid a permis aux Français de redécouvrir les régions, les circuits courts, les produits locaux. Nous devons être souverainistes dans certains domaines, tout en restant ouverts au monde dans d’autres. Il y a bien sûr des émissions comme Des racines et des ailes ou Echappées belles qui abordent ces sujets, mais cela nous laisse quand même de la palace pour couvrir ce sujets avec l’angle que nous avons choisi.

Qui sont vos associés dans ce projet ?

Le capital est détenu par Stéphane Simon, Sami Biasoni, Anne-Henri de Gestas et Louis Perrin (qui viennent du groupe de communication Dentsu Aegis Network) et moi-même. Nous avons levé 1,55 million d’euros auprès d’investisseurs privés, et nous n’excluons pas dans un deuxième de faire autre levée de fonds, si cela marche. En tout état de cause, les fondateurs restent majoritaires. neo disposera d’un comité éditorial qui rassemble Franz-Olivier Giesbert (directeur éditorial de La Provence), Christine Goguet (directrice du mécénat du Centre des monument nationaux) et Hubert Coudurier (directeur de l’information du Télégramme).

Quelle est la ligne éditoriale ?

neo couvrira toute l’actualité avec un point de vue français, avec des portraits, des interviews, des itinéraires de vie, des gens qui apportent des solutions, qui développent des initiatives, qui entreprennent, des constructeurs.

Quelle sera le rythme de production et de mise en ligne sur la plateforme ?

Quotidien. Nous allons commencer par des vidéos de 3 à 5 minutes, et au fur et à mesure nous produirons des sujets plus longs, car les gens sont désormais habituer à regarder des vidéos plus longues sur Internet. Nous en posterons 4 à 5 tous les jours avec des sujets news, des exclusivités et des magazines. Nous n’achèterons pas de reportages, la production est totalement assurée par nos équipes. Certains sujets seront réalisés avec des images d’archives. Nous allons sans doute travailler avec l’INA. Une interview pourra être habillée avec des images d’archives, car nous sommes dans une économie raisonnable. Nos vidéos coûteront quelques centaines d’euros, tandis qu’en télévision, le coût/minute s’élève à plus de 2500 euros. Il y aura une équipe qui fera des magazines, des enquêtes et des reportages fabriqués à 100% par neo.

Quel est le modèle économique de neo ?

Le brand content, le parrainage et la publicité via les réseaux sociaux. Nous avons signé un partenariat avec la régie de M6, et probablement avec d’autres régies. Nous allons travailler aussi avec des marques qui veulent faire connaître leurs engagements dans les régions françaises.

Quelle audience visez-vous ?

C’est un peu tôt pour le déterminer. Dans l’équipe de neo, figurent des spécialistes d’Internet et des réseaux sociaux qui vont nous aider à piloter la montée en puissance de notre audience.

Avez-vous prévu un plan de communication ?

Oui, dès la semaine prochaine, notamment sur les réseaux sociaux. 

Propos recueillis par Michel Abouchahla