"De Grâce" : Le Havre en majesté

1 février 2024
Arte programme à partir du 31 janvier sur sa plate-forme et les jeudis 8 et 15 février à l’antenne une série en six épisodes entre polar et tragédie familiale dans le milieu des dockers havrais. Un milieu qui ne s’est pas laissé approcher.
De Grâce

Des porte-conteneurs sur la ligne d’horizon, puis la caméra prend de la hauteur au-dessus du Havre - la cathédrale Saint-Joseph comme un phare -, avant de balayer le port. Ainsi soit le début de De Grâce, nouvelle série d’Arte remarquée à Séries mania en 2023 dont le titre fait référence au "Havre de Grâce", premier nom de la ville portuaire normande. Une extension du nom tombée en désuétude réhabilitée par les créateurs qui y ont vu "des échos avec énormément de points de notre histoire : la grâce judiciaire, la grâce sociale, l’élévation à tous les niveaux", justifie de concert le quatuor à l’origine de la série, les producteurs Pierre-Emmanuel Fleurantin et Vincent Mouluquet d’Ego Productions et les deux scénaristes Baptiste Fillon et Maxime Crupaux.
Le Havre pour décor, mais un port inaccessible
"Moi je viens du Havre, explique Baptiste Fillon. Mon père était marin et je connais pas mal de dockers dont certains traînent dans des histoires un peu louches". Son partenaire d’écriture, Maxime Crupaux, n’est pas natif de la la Porte Océane mais a voulu imaginé une série sur le Havre "parce que c’est une ville avec une histoire torturée". Si les pilotes des "abeilles", ces remorqueurs qui font rentrer et sortir les bateaux dans le port, étaient le premier choix de métier des personnages pour ancrer l’intrigue, c’est finalement le milieu des dockers qui a été préféré. "Cette corporation est extrêmement soudée et emblématique du port et de tout ce qu’il peut charrier comme imaginaire." La série, mise en scène par Vincent Maël Cardona (César du meilleur premier film pour Les Magnétiques en 2021), prend donc place dans une famille de dockers, les Leprieur, dont les membres se déchirent sur fond de secrets enfouis, trafic de drogue incontrôlable et règlements de compte ; Olivier Gourmet en est le héros. Si les scénaristes ont cherché à rencontrer des dockers et à les impliquer dans leur projet, la porte s’est vite refermée. "Ils nous ont fait comprendre qu’on n’était pas les bienvenus et ont fait bloc, sous pression de la police et des trafiquants", regrette Baptiste Fillon qui espère tout de même à travers la série "rendre hommage à la corporation". Conséquence : beaucoup d’extérieurs ont été tournés au Havre mais l’équipe n’a pas eu l’autorisation de filmer le port. C’est à Anvers aux Pays-Bas que les plans des quais ont été réalisés.
Un tournage ailleurs
Mais l’envie de partir d’une ville ou d’une région pour développer une intrigue, "d’un endroit qui peut être l’incarnation d’une époque",reste dans la tête des deux scénaristes. Les producteurs confirment d’ailleurs des projets en cours de développement. Une façon gagnante de faire entendre la petite voix française en-dehors de son pays puisque Paramount + diffusera De Grâce en deuxième fenêtre plus tard dans l’année, tout comme Zone Blanche, un précédent projet d’Ego Productions, qui avait connu, après France 2, une deuxième vie sur Prime Video et Netflix