A la recherche du en même temps perdu, L'Edito d'Eric Libiot

22 novembre 2023
Eric Libiot, rédacteur en chef d'Ecran total, livre son point de vue sur la semaine écoulée et sur les enjeux de celles à venir.
EDITO 1446

La rentrée de TF1 en janvier va être animée. Ou pas. C’est le 8 que Bruce Toussaint s’installera dans le fauteuil du matinalier pour trois heures de direct. L’info est sûre. Ce qui l’est moins, c’est la place de TFou (pour les enfants) et de Téléshopping (pour aspirateurophiles) dans cette nouvelle architecture. Ça discute encore. L’un et l’autre auront leur place dans la grille ; c’est obligatoire. Mais où? Il y aura sans doute du dessin animé avant la matinale et davantage le week-end. Quant à téléshopping, c’est encore Tflou. Évidemment la bonne solution serait d’imaginer téléshopping en dessin animé. La Pat’Patrouille en vendeuse de montres et d’essuie-tout, ça décoifferait.

On imagine les cogitations des patrons de la chaine (programme, infos, jeunesse…) qui doivent faire rentrer un carré dans un rond ; dans Apollo 13 de Ron Howard, Ed Harris y parvenait mais c’était Ed Harris. On ne peut pas demander la lune à chaque fois même si dans cet environnement (ciné, télé) tout est lié…
Et pendant ce temps-là, des scénaristes d’animation s’opposent aux producteurs qui les ont engagés pour écrire et ont posé le crayon. Question de rémunération. Comme les techniciens de l’audio-visuel qui ont débranché la prise la semaine dernière et devrait se remettre en grève ces jours-ci.

Et pendant ce temps-là, le rapport « Le cinéma contre-attaque », écrit par les sénatrices Céline Boulay-Espéronnier (Les Républicains), Sonia de la Provôté (Union centriste) et le sénateur Jérémy Bacchi (groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste), propose 14 recommandations dont la douzième préconise de « conditionner les aides du CNC au respect des clauses de rémunération minimale des auteurs. » Le trio espère déposer une proposition de loi en début d’année - le rapport est disponible sur le site de Sénat.

Et pendant ce temps-là, la fréquentation des salles continue de retrouver quelques couleurs. Elle est toujours en hausse depuis janvier par rapport à l’année dernière, même si la semaine du 8 au 14, par exemple, accusait une baisse. Ça fluctue mais ça grimpe.

Et pendant ce temps-là, Vincent va mourir, très soutenu par la presse, est un échec.
Et pendant temps-là, Le Règne animal, très soutenu par la presse, est un succès (il vient de passer le million d’entrées).
Et pendant ce temps-là, Ridley Scott sort son Napoléon et on attend de savoir si le résultat en salles ressemblera à Austerlitz ou à Waterloo. Le réalisateur s’étonnait qu’il puisse réaliser quatre films pendant que Scorsese en préparait un seul. On est en droit de s’étonner qu’il s’étonne. Quatre c’est beaucoup. D’autant que si on compare Killers of the Flower Moon à Napoléon, comment dire…


Et pendant ce temps-là, on attend toujours la version restaurée du Napoléon d’Abel Gance (1927). Elle est prévue pour 2024. 5 heures 30 avec Albert Dieudonné mais sans Joaquim Phoenix.
Et pendant ce temps-là, le Waterloo de la justice et de la police française, l’enquête sur le violeur de la Sambre, formidablement racontée par Jean-Xavier de Lestrade (réalisateur) Alice Giraud (co-scénariste au auteure du livre) et Marc Herpoux (co)-scénariste), continue sa belle performance sur France 2.
Et pendant ce temps-là La Pat-patrouille : la super patrouille le film (vous n’auriez pas plus long comme titre ?) a dépassé la barre des 2 millions de spectateurs. Meilleur score de cette rentrée pour l’instant. Il va falloir se lever de bonne heure pour faire mieux. Plus tôt que Bruce Toussaint, si ça se trouve.