96 millions de spectateurs dans les salles françaises en 2021

30 décembre 2021
Comscore dresse un bilan contrasté de l'année, marquée par les restrictions sanitaires. Les bons chiffres des dernières semaines sont toutefois à saluer.

2021, une année mouvementée mais qui s’achève sur une note encourageante. Selon Comscore, les cinémas français ont enregistré 96 millions d’entrées depuis leur réouverture le 19 mai dernier. C’est sans surprise beaucoup plus que les 65,2 millions d’entrées de l’année 2020, minée par ses deux périodes de confinement et la quasi-absence de blockbusters américains à l’affiche. C’est en revanche 22,9% de moins que les 124,5 millions d’entrées enregistrées sur la même période (de fin-mai à fin-décembre) en 2019.

Le marché résiste mieux que dans les autres grands pays européens (Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne, Italie) et qu’aux Etats-Unis, selon Comscore. Sur l’année complète, en prenant en compte les périodes de fermetures dans certains états et provinces, le box office nord-américain (Etats-Unis et Canada) est ainsi en baisse de 60% par rapport à 2019, pour totaliser 4,5 milliards de dollars. Pour la deuxième année consécutive, la Chine est donc le premier marché mondial pour le cinéma, avec 7,3 milliards de dollars de recettes. Un chiffre toutefois en baisse de 26,4% par rapport à l’année record que fut 2019 dans le pays. Différents analystes cités par la presse américaine tablent cependant sur un retour de l’Amérique du Nord sur la première marche en 2022. Reste à savoir si ces prédictions seront contrariées ou non par le variant Omicron.

“En cette fin d’année, nous pouvons nous réjouir d’une bonne dynamique de reprise dans nos salles, qui ont répondu présentes et se sont particulièrement bien adaptées à toutes les mesures prises pour endiguer la pandémie”, se satisfait Dominique Boutonnat, président du CNC, dans un communiqué. “Les spectateurs sont revenus dans les salles et ont découvert une offre riche et variée.”

Une année mouvementée

Malgré les restrictions - jauges et couvre-feu - la reprise fut vigoureuse, note Comscore. La fréquentation pendant les trois semaines de juillet sans restriction était même comparable aux années pré-Covid. 11,4 millions de spectateurs se sont rendus dans les salles entre le 30 juin et le 20 juillet, c’est un peu moins bien qu’en 2019 (12,4 millions) mais mieux qu’en 2018 (9,6 millions).

Ensuite, la mise en place du pass sanitaire le 21 juillet se traduit par un net ralentissement de la fréquentation, avant des mois d’automne très irréguliers. Si la période du 18 août au 5 octobre n’est en baisse que de 16% par rapport à 2018 et 2019, les semaines du 6 octobre au 2 novembre sont en retrait de plus de 30% par rapport aux deux années pré-Covid. La fréquentation connaît ensuite un fléchissement en novembre et début décembre. Les deux dernières semaines d’exploitation, marquées notamment par la sortie de Spider-Man sont toutefois à un niveau similaire à l’avant-crise. 11,7 millions de spectateurs se sont pressés dans les salles depuis le 15 décembre. Ils étaient 11,6 millions sur la période en 2018, et 12 millions en 2019.

En rejouant le film de l’année 2021 en France, Comscore la divise en trois grandes périodes. Il y a d’abord eu la reprise vigoureuse, du 19 mai au 20 juillet. Les premières semaines, jusqu’au 29 juin, sont marquées par d’importantes restrictions (jauges et couvre feu). Malgré celles-ci, la météo estivale et les événements sportifs (Euro de football et Roland Garros), 11,6 millions de spectateurs se rendent dans les salles sur la période. Une fois les restrictions levées, la fréquentation est alors comparable aux années pré-Covid. Du 30 juin au 20 juillet, c’est un peu moins bien qu’en 2019 (12,4 millions) mais mieux qu’en 2018 (9,6 millions).

La deuxième période de l’année débute le jour de la mise en place du pass sanitaire, le 21 juillet. Elle se caractérise par une baisse de la fréquentation. Du jour au lendemain, entre la journée du 20 et celle du 21 juillet, les entrées baissent de 57,4%. Au cœur de l’été, le décrochage est très net par rapport aux années pré-Covid. Du 21 juillet au 17 août, la fréquentation est de 9,8 millions, contre 17,1 millions en 2019 et 13,6 millions en 2018.

A partir du 18 août, l’année entre dans sa troisième période, plus irrégulière. Si, avec 16,4 millions d’entrées, la période du 18 août au 5 octobre n’est en baisse que de 16% par rapport à 2018 et 2019, les semaines du 6 octobre au 2 novembre sont, avec 13,8 millions d’entrées, en retrait de plus de 30% par rapport aux deux années pré-Covid. Le décalage des vacances scolaires d’une semaine par rapport à 2018 et 2019 peut toutefois expliquer cet écart.

La fréquentation connaît ensuite un fléchissement, habituel, en novembre et début décembre. Les deux dernières semaines d’exploitation, marquées notamment par la sortie de Spider-Man sont toutefois à un niveau similaire à l’avant-crise. 11,7 millions de spectateurs se sont pressés dans les salles depuis le 15 décembre. Ils étaient 11,6 millions sur la période en 2018, et 12 millions en 2019.

L’indice de reprise de Comscore (voir graphique), qui prend comme référence les années 2015-2019 pour les comparer à 2021 au niveau minimum (en orange) et médian (en bleu), permet de rendre compte de cette année en gommant les effets de la saisonnalité.

Comscore montre aussi que la reprise n’a pas été vécue de la même façon selon la taille des cinémas. Ainsi, comme le montre le graphique, les cinémas comptant moins de cinq écrans ont globalement connu une reprise plus forte que les plus grands sites, sauf en fin d’année, où l’offre grand public a motivé les spectateurs à se déplacer dans les multiplexes.

Richard Patry, président de La Fédération nationale des cinémas français (FNCF), réagit à ces chiffres, dans un communiqué, en remerciant "le public des salles de cinéma, de tous âges et de tous milieux sociaux, qui a réaffirmé cette année sa fidélité et son attachement au cinéma en salle, premier loisir culturel des Français, et premier pays du cinéma en Europe !"

La FNCF rappelle au passage les conclusions de l'étude de l'Institut Pasteur, publiée en novembre, indiquant que les salles de cinéma ne présentent pas de sur-risque de contamination au Covid. "Grâce aux efforts des exploitants de salles de cinéma et des salariés de notre secteur, nous avons pu démontrer que les salles de cinéma faisaient partie des lieux les plus sûrs pour vivre l’expérience inégalable du film sur grand écran !", se félicite Richard Patry.

Crédit images : Kaamelott - Premier Volet (SND) / Bac Nord (Studiocanal)