2020, une année record pour l’export audiovisuel français

8 septembre 2021
Le CNC et UniFrance ont dévoilé leur étude sur l’export audiovisuel français en 2020. Une année historique, malgré la pandémie.

La présentation de l’étude annuelle sur les chiffres de l’export audiovisuel français, menée par UniFrance et le CNC, est un des moments phares du Rendez-vous, organisé par UniFrance. Ce 8 septembre, dernier jour de la 27e édition du marché dédié à la promotion de la création audiovisuelle française, qui avait débuté le 6 et s’est déroulé en ligne, a donc été dévoilée l’étude consacrée à l’année 2020. C’est peu dire qu’elle était attendue : 2020 ayant été l’année de la survenue de la pandémie, la question de savoir comment l’export des contenus audiovisuels, si essentiel pour le rayonnement culturel de la France, avait résisté à la crise, se posait évidemment. UniFrance et le CNC apportent la réponse dans leur étude : « Partout dans le monde, la pandémie a significativement impacté l’activité des diffuseurs linéaires traditionnels et des plateformes, créant un renforcement de la demande de contenus. En effet, l’interruption de la production de certains programmes, l’annulation ou le report de manifestations sportives majeures et les confinements successifs ont conduit les clients des exportateurs français à adapter leurs stratégies d’achats de programmes. En 2020, malgré la crise sanitaire qui a touché le monde entier et affecté l’activité des vendeurs comme des acheteurs, les exportations de programmes audiovisuels français [ventes, préventes et apports en coproduction, Ndlr] atteignent ainsi 354,8 M€ (+9,1% par rapport à 2019), soit le plus haut niveau historique ».

Forte progression des préventes

Le CNC et UniFrance entrent dans le détail : « Les ventes de programmes audiovisuels français à l’étranger sont en hausse de 0,7% en 2020 à 196,9 M€, deuxième niveau le plus élevé après 2017. Les préventes à l’étranger progressent fortement de 49,4% à 77,7 M€, en raison de montants importants de préachats concernant quelques programmes d’animation principalement, tandis que les apports étrangers en coproduction dans les programmes français augmentent de 3,1% pour atteindre 80,2 M€ ». Ils ajoutent : « Les dépenses réalisées en France pour des projets audiovisuels internationaux (bénéficiaires du crédit d’impôt international) constituent également une source de revenus en provenance de l’étranger pour les acteurs français de l’audiovisuel. En les prenant en considération, le flux global de l’audiovisuel français atteint 489,1 M€ et poursuit globalement une tendance à la croissance très nette sur les dix dernières années, qu’il s’agisse des ventes et préfinancements étrangers de programmes français (72,5% du « flux export global » en 2020), ou des dépenses effectuées en France pour des projets audiovisuels internationaux (27,5%). En dix ans, l’ensemble des flux financiers de l’audiovisuel français en provenance de l’étranger a doublé en valeur ».

Les droits monde très plébiscités

Dans l’étude, on peut lire que les droits monde sont très plébiscités. « L’année 2020 est notamment marquée par les ventes de droits monde qui, malgré une légère baisse de 2,8%, notamment due à la crise sanitaire, restent à un niveau très élevé à 41,2 M€, soit 20,9% des exportations totales. En 2020, 67,1% de ces droits mondiaux sont liés aux services de vidéo à la demande (VàD) et vidéo à la demande par abonnement (VàDA) ». En parallèle, il est indiqué que « malgré des achats en baisse de 3,7% à 87 M€, l’Europe de l’Ouest reste de loin la première région d’achats de programmes français et génère 44,2% des recettes d’exportation ».

Record historique pour les ventes de documentaires

En termes de ventes par genre, le CNC et UniFrance montrent que « [celles] de programmes documentaires atteignent 46 M€ (+4,5% par rapport à 2019), soit un nouveau record historique. La fiction enregistre également une hausse de 1,5% à 47,1 M€. Après avoir atteint en 2019 le plus haut niveau enregistré en 25 ans, les ventes de programmes d’animation sont en recul de 3,5% et s’établissent à 74,7 M€. L’animation reste le premier genre à l’export ». Sarah Hemar, directrice générale adjointe d’UniFrance, en charge de l’audiovisuel et du numérique, commente ce record historique du documentaire : « Cela s’explique par la diversité de la production. La France est capable d’aller sur tous les champs : science, investigation, histoire, etc. Et ses œuvres trouvent aussi bien leur place sur les chaînes publiques que privées ».

L’Amérique du Nord double ses investissements en préventes

Pour les préventes, par genre, le CNC et UniFrance mettent en exergue que « les préachats étrangers d’animation sont de nouveau en hausse de 49,8% et atteignent 50,7 M€. Le genre représente 65,2% du total. Les préventes de fiction doublent à 19 M€, tandis que celles de documentaires augmentent de 2,7% à 7,8 M€. Avec des préachats en très nette augmentation, de 56,8%, à 43,8 M€, l’Europe occidentale reste de loin le principal partenaire des producteurs français dans le préachat des programmes audiovisuels, avec une part de marché de 56,3% du total. L’Amérique du Nord double ses investissements à 19,6 M€ et représente en 2020 le quart des préachats de programmes français. La part des préventes de programmes français vers le reste du monde se réduit à 18,5%, contre 27,8% en 2019 ».

Les programmes de fiction sont les plus coproduits

Pour les apports étrangers en coproduction, par genre, il est souligné que « les apports en fiction progressent de 43% pour un total de 39,9 M€. Avec une part de marché de 49,7%, la fiction redevient le premier genre bénéficiaire d’apports étrangers en coproduction, devant le documentaire, dont les apports en coproduction augmentent de 10,3% à 19,6 M€, leur plus haut niveau depuis 2003 (22,2 M€). Après une année 2019 à un très haut niveau, les apports en coproduction sur les programmes d’animation reculent de 35,1% et s’établissent à 18,4 M€ ».

Le métier de distributeur international évolue

En complément de la présentation de l’étude, l’équipe d’UniFrance a relevé certains points. Ainsi, Hervé Michel, vice-président d’UniFrance, a mis en avant le fait que, s’il faut se réjouir des excellents chiffres, il fallait pour autant avoir toujours autant d’ambition pour l’export audiovisuel français. « Il nous faut continuer d’accroître nos efforts. Les autres marchés représentent une importante concurrence, et eux aussi ont une belle création. Il est nécessaire que les images françaises conquièrent davantage de parts de marché ». Sarah Hemar est revenue, elle, sur l’évolution du métier de vendeur international : « Il y a aujourd’hui une vraie demande de « programmes frais » et d’exclusivités de la part des acheteurs. Cela complexifie notamment les négociations et change l’approche du métier ». Enfin, du côté du CNC, Benoît Danard, directeur des études, des statistiques et de la prospective, a conclu sur un point. Si on ne peut pas évaluer à ce jour ce qu’est le marché en 2021, on peut toutefois noter un élément : « Ce que l’on observe, c’est que la demande mondiale de programmes reste forte, notamment parce que le marché publicitaire s’est rétabli dans plusieurs pays », a-t-il fait remarquer. Une analyse encourageante pour les chiffres de 2021.

L’intégralité de l’étude est à retrouver sur les sites du CNC et d’UniFrance.

Photo : La série Molang (Millimages) connaît un succès très important à l’international.