Roman Polanski renonce à assister à la cérémonie des César

28 février 2020
Le réalisateur Roman Polanski n’assistera pas à la 45ᵉ cérémonie des César vendredi soir. Il a fait connaître sa décision dans un texte adressé à l’AFP.

 

Le réalisateur Roman Polanski n’assistera pas à la 45ᵉ cérémonie des César vendredi soir. Il a fait connaître sa décision, jeudi 27 février, dans un texte adressé à l’AFP.

 

"Le déroulé de cette soirée, on le connaît à l’avance. Des activistes me menacent déjà d’un lynchage public. Certains annoncent des démonstrations devant la Salle Pleyel. D’autres comptent en faire une tribune de combat contre une gouvernance décriée. Cela promet de ressembler davantage à un symposium qu’à une fête du cinéma censée récompenser ses plus grands talents", justifie le réalisateur de J’accuse.

 

Bien que son film cumule 12 nominations, Roman Polanski se demande : "Quelle place pourrait-il y avoir, dans ces conditions déplorables, pour un film dont le sujet est la défense de la vérité, le combat contre l’injustice, la haine aveugle et l’antisémitisme ?" Il ajoute qu’il se doit de protéger son équipe, "deux cents talents remarquables, comédiens, techniciens, production". "Mais je dois aussi protéger ma famille, ma femme et mes enfants, à qui on fait subir injures et affronts, appliquant une responsabilité collective d’un autre âge, poursuit Roman Polanski. Les activistes agitent le chiffre de 12 femmes que j’aurais agressées il y a un demi-siècle ; ces fantasmes d’esprits malsains sont désormais traités comme des faits avérés. Un mensonge répété 1 000 fois devient une vérité."

 

Il conclut en assurant : "C’est donc avec regret que je prends cette décision, celle de ne pas affronter un tribunal d’opinion autoproclamé prêt à fouler au pied les principes de l’état de droit pour que l’irrationnel triomphe à nouveau sans partage".

 

Le président de Gaumont prend la défense du réalisateur

 

Invité sur BFM Business mercredi 26 février, Nicolas Seydoux, président du conseil de surveillance de Gaumont et producteur du film J’accuse, est revenu sur la polémique dans l’émission 12 heures, l’heure H,. "Quand nous prenons la décision de produire J’accuse, quelle est la situation ? Roman Polanski est un citoyen libre, en France, accusé de rien" estime-t-il.

 

Il rappelle qu’il y a 10 ans, la justice suisse a refusé la demande d’extradition des autorités américaines : "C’est donc que le cas américain, pour la justice suisse, ne mérite pas une extradition. Voilà la situation de Roman Polanski, en Europe, il n’est accusé de rien".

 

"Par ailleurs, à la veille de la sortie du film, il y a une personne qui dit qu’elle a été violée. Il y prescription, elle ne peut pas le prouver, Roman Polanski ne peut pas se défendre", poursuit Nicolas Seydoux, évoquant ainsi le cas, sans la nommer, de la photographe Valentine Monnier. Convenant que des polémiques sont naturelles, il les juge toutefois "exagéré" et d’insister : "La dénonciation, le lynchage médiatique, c’est simplement abominable".

 

La CGT Spectacle manifestera place des Ternes vendredi

 

Le rassemblement organisé par le syndicat CGT Spectacle pour manifester contre Roman Polanski n’aura pas lieu devant la salle Pleyel comme il avait été annoncé. Le syndicat donne rendez-vous place des Ternes, à Paris, à 18 heures, quelques heures avant la cérémonie des César. Le syndicat met en cause la présence de réalisateur du film J’accuse à la soirée, l’accusant de viol.

 

Roman Polanski a depuis fait savoir qu’il ne se rendra à la salle Pleyel bien que son film soit nommé 12 fois. Pour la CGT Spectacle, Roman Polanski est "le symbole d’une impunité réservée au créateur, un « monstre sacré » au-dessus des lois" et désavoue l’académie des César d’avoir fait le choix de saluer le travail du réalisateur franco-polonais.