Retour de flammes - l'édito d'Eric Libiot

11 décembre 2024
Le rédacteur en chef d'Ecran total revient sur les principaux faits de la semaine écoulée et les enjeux de celle à venir.
Dessins edito - Retour de flammes. (c) Pierre Abouchahla

Y’a le feu mais les pompiers ont été applaudi. Voilà un incipit d’une totale mauvaise foi qui mêle métaphore et réalité pour accrocher le chaland. Et pourtant, on en est là. Samedi 7 décembre, toutes celles et tous ceux qui ont bravé les flammes pour éteindre l’incendie de Notre-Dame en avril 2019 ont été mis à l’honneur lors de la réouverture de la cathédrale. C’est bien le moins. Paris et tout le pays étaient au centre du monde et France Télévisions en a bien profité : le service com du groupe se félicitait et sortait les trompettes pour signaler que “30,2 millions de Français” étaient devant leur poste samedi soir. Fichtre. Ça fait du monde. Un carton. Voire un miracle. Quasiment la moitié de la population française.

Un petit astérisque (*) en bas du communiqué indiquait tout de même que l’audience était prise en compte à partir de 10 secondes de visionnage (!!). Un rapide coup de zapping pendant la pause pub de la Star Ac (TF1) ou d’Irrational (M6) et voilà la brebis égarée comptabilisée parmi les ouailles d’un soir à l’insu de son plein gré. Un peu de mauvaise foi aussi (finalement cohérente), souriante celle-là, en cette période où les festivités s’annoncent et les bilans aussi. Les bonnes résolutions, comme tous les ans, s’apprêtent à s’emballer (de papier cadeau) et les dossiers à se refermer un temps pour se réouvrir début janvier. Oui mais non. Parce qu’il y a le feu. Donc.

2025 devrait être, si ce n’est l’année de tous les dangers, au moins celle des bouleversements importants à la fois endogènes et exogènes.

La situation politique incite à prendre rapidement les choses en mains mais il semble que le président soit plus diesel que super dès lors qu’il s’agit de décider. Quelques mesures seront votées d’ici la fin de l’année pour ne pas mettre le pays à l’arrêt et pour le reste heureux soient les huitres, le chapon et la crise de foie (avec un e). On finirait presque par s’y habituer, voire en sourire, si le secteur, cinéma et audiovisuel main dans la main, n’en finissait pas de réclamer des réponses à ses questions. En dehors du match entre L’Elysée, Matignon et l’Assemblée nationale qui anime les gazettes, il est tout de même rare que la situation soit à ce point encalminée. 2025 devrait d’ailleurs être, si ce n’est l’année de tous les dangers, au moins celle des bouleversements importants à la fois endogènes et exogènes.

La situation économique décidera de l’état du marché publicitaire et donc des ressources des chaines privées. La couleur du futur gouvernement, pour le temps qu’il tiendra, et de celui d’après, dessineront l’avenir toujours incertain de l’audiovisuel public et l’état du budget à venir annoncera les économie qui lui seront (sans doute) demandées. Les conséquences du départ des chaines de Canal + de la TNT sont encore difficilement mesurables, d’autant qu’il y a encore six mois il n’était pas question d’un tel retrait ; d’autres décisions sont donc possibles. De son côté Disney annonce son désir d’investir dans le cinéma français et de venir gratter Canal + en bousculant la chronologie des médias. En juillet 2025, Delphine Ernotte Cunci devrait briguer un troisième mandat à la tête de France Télévisions et ce même mois pourrait voir la (nouvelle) dissolution de l’Assemblée nationale ; la coïncidence ne manque pas de sel. Enfin, il ne faut pas oublier la nomination tant attendue du nouveau président du CNC ; le ministère de la culture propose, l’Elysée dispose. Y a-t-il des pompiers parmi le personnel politique ?