Éclectique pas toc - L'édito d'Eric Libiot
Une semaine pour rien. Ou quasi. Ça reçoit, ça cause et ça réfléchit à l’Elysée ans que personne sorte de la boite ni que les dossiers du secteur avancent. Les Jeux paralympiques, qui débutent ce mercredi 28, jusqu’au dimanche 8 septembre, vont peut- être se transformer encore en pause politique. Entre “marche ou trêve” notre Président semble avoir choisi, lui qui, pourtant, avait poussé son parti fraîchement créé à mettre un pied devant l’autre. Ceux qui espèrent (encore) marcher sur un nuage ce sont les dirigeants de France Télévisions et d’Eurosport qui avaient fêté comme il se doit les excellentes audiences des J.O.. Les paralympiques seront évidemment l’événement télé de la semaine et des jours suivants. Pour le reste, c’est encore le calme plat. Les émissions de flux censées animer la guerre des audiences et des communiqués, C à vous, Quotidien et TPMP, ne montent ensemble au front que le 2 septembre - l’émission d’Hanouna est à l’antenne depuis le 26 août.
Côté fiction, il faudra aussi attendre un peu : Cat’s Eyes sur TF1, d’après Tsukasa Hojo, Fortune de France d’après Robert Merle sur France 2, Le Monde n’existe pas d’Erwan le Duc sur Arte, Rematch ou la confrontation aux échecs entre Kasparov et Deep Blue, sur Arte aussi, sont parmi les séries les plus attendues mais elles ne débarqueront sur les écrans qu’entre la fin de l’été et l’automne ; les chaines n’annoncent aucune date. Il n’y a guère que Zorro avec un Jean Dujardin masqué qui s’affiche dès le 6 septembre sur Paramount+ [FT a daté Fortune de France au 16 septembre après le bouclage du numéro et de cet article ]. S’il s’agissait de faire, cette fois, une trêve des programmes, puisque le concept est à la mode, ces cinq séries pourraient dessiner l’éclectisme sans cesse espéré de la production française : adaptation de manga, feuilleton historique et romanesque, série policière par un auteur passionnant, combat titanesque contemporain, madeleine de Proust de cape et d’épée. On observera avec attention les audiences mais franchement ça a une belle gueule - sur le papier. Il faudrait que le reste de l’année soit à l’avenant. Merci d’en tenir compte.
Bataille à prévoir en ce qui concerne le choix du film français pour les Oscars 2025. Le magazine américain Variety croit savoir qu’Emilia Pérez de Jacques Audiard pourrait concourir dans les catégories phares…
Côté éclectisme tricolore, le Festival francophone d’Angoulême se pose un peu là aussi. D’aucuns y trouveront leur compte et d’autres leurs agacements. Mais il ne sera pas dit que le cinéma français est en pause : L’histoire de Souleymane, de Boris Lojkine, Le Système Victoria, de Sylvain Desclous, Vingt Dieux, de Louise Courvoisier, Barbès, Little Algérie, de Hassan Guerrar, En fanfare, d’Emmanuel Courcol… Choix légèrement personnel mais néanmoins excellent. En tout cas l’offre angoumoisine est à la hauteur et dessine, cette fois, une partie de l’année en salles à venir. Les distributeurs présents en Charente sont au taquet.
Éclectisme encore (et bataille à prévoir) en ce qui concerne le choix du film français pour les Oscars 2025 qui serait dévoilé le 18 septembre. Le magazine américain Variety croit savoir qu’Emilia Pérez de Jacques Audiard pourrait concourir dans les catégories phares (film, scénario, chanson, actrices, etc) mais se demande quel pourrait être le choix le plus judicieux pour l’Oscar du meilleur film étranger, entre Emilia Pérez et Le Comte de Monte Cristo. La question mérite sans doute d’être posée afin d’éviter le pataquès de l’année dernière qui a vu La Passion de Dodin Bouffant griller Anatomie d’une chute. Deux genres, deux ambitions, deux réussites. Netflix pousse le Audiard aux Etats-Unis (du lourd donc), Pathé est partie prenante des deux films… Et si un film français est primé à Venise, il pourrait entrer dans la course. Casse-tête en perspective. Mais souci de riches. On peut s’en féliciter.