À l’heure des choix - L'édito d'Eric Libiot
Si l’Arcom renvoie CNews et C8 au placard, ça va râler. Si l’Arcom les laisse continuer, ça va râler. En gros, ça va râler.
Pas de vacances pour les vacances. Celle du patron du Centre national de la cinématographie et de l’image animée (CNC) par exemple. Après la démission de Dominique Boutonnat le 28 juin, le secteur s’inquiète du flou artistique autour de la nomination d’un nouveau président - même si le numéro 2 du CNC, Olivier Henrard, qui assure l’intérim, fait sûrement le job. Une pétition est parue lundi dans Libération signée de plusieurs organisations professionnelles et syndicales, et par quelques personnalités de gauche, pour dénoncer “une nomination imminente ; et ce, sans concertation avec aucune des organisations représentatives des professionnel·les du secteur”. Les signataires l’avouent eux-mêmes : “c’est un bruit qui court”. Mais il court suffisamment vite pour faire le tour des bureaux.
Ça fait trois semaines que la présidence du CNC est vacante. C’est long. Trop long, même s’il vrai que la situation politique actuelle n’aide pas beaucoup. Emmanuel Macron, qui n’est pas en vacances, contrairement à ce qu’on pourrait croire, prend son temps. Ou s’indiffère totalement du sort d’une profession plutôt éloignée de lui, politiquement parlant. Si Dominique Boutonnat, proche du Président, a été choisi par L’Élysée, nommé par décret présidentiel en Conseil des ministres, il ne serait pas totalement incongru, à l’heure où l’Assemblée Nationale reprend des couleurs, que la nouvelle tête du CNC soit désignée par les représentants de la Nation. En Commission des affaires culturelles et de l’éducation par exemple, charge à chaque groupe politique de présenter un nom. Un peu de démocratie ne fait jamais de mal.
Une instance qui n’est pas en vacances, c’est l’Arcom, chargée d’auditionner les candidats à la TNT. Ceux qui sont déjà là demandent de continuer, quand d’autres proposent de les remplacer. Il n’y en aura pas pour tout le monde. Mais les regards sont évidemment braqués sur CNews et C8, chaînes de nombreuses fois mises à l’amende et pointées du doigt pour non respect de leurs obligations. Si l’Arcom les renvoie au placard, ça va râler. Si l’Arcom les laisse continuer, ça va râler. En gros, ça va râler. Un juriste interrogé par Écran total explique que tout est possible. De toute manière, quelle que soit la décision, elle sera interprétée politiquement par tout le monde, et différemment selon le cas et le camp. Ça sent le “en même temps” à plein nez c’t’affaire. “Ok, vous continuez mais on fait le point d’ici deux ans par exemple, avant le nouveau renouvellement, et on surveille de plus près encore la tenue de vos engagements.”
La situation actuelle, qui semble ne pas avoir été imaginée, devrait faire réfléchir. Aujourd’hui le renouvellement des fréquences se fait tous les dix ans et on voit bien que les amendes et les coups de règles sur les doigts n’ont aucun effet - en l’occurrence, le rôle de l’Arcom frise le ridicule. Il faudrait mettre en place, légalement, la possibilité de faire régulièrement le point dès que les amendes ou les mises en garde s’accumulent. Carton jaune, carton rouge, exclusion temporaire, disqualification, tour de piste supplémentaire, point à l’adversaire… Les J.O., qui commencent bientôt, peuvent donner des idées.