Les enjeux sont faits - L'édito d'Eric Libiot

4 janvier 2024
Eric Libiot, rédacteur en chef d'Ecran total, livre son point de vue sur la semaine écoulée et sur les enjeux de celles à venir.
Les enjeux sont faits - Pierre Abouchahla

Cette année les athlètes seront au centre du terrain de jeu. Mais il n’y a pas que le sport dans la vie et d’autres se préparent à une année 2024 riche en obstacles à franchir, en buts à atteindre, en tours de table et tours de piste, en combats incertains, en prises de bec et de kimono. Et plus si affinités. Un véritable marathon attend les professionnels du secteur, cinéma et audiovisuel mêlés. Il va falloir du souffle, de la détermination et de l’endurance pour parvenir au bout de l’effort.

J’imagine la liste des (bonnes) résolutions des patrons de chaîne, des producteurs, des cinéastes, et des professionnels en maillots de toutes formes, obligés de se retrousser les manches et de remonter les chaussettes. De mémoire, il n’y a pas eu autant d’enjeux, de réformes et d’incertitudes depuis un paquet d’années. Financement de l’audiovisuel public, avenir de la TNT, réforme de l’art et essai, loi sur le cinéma, chronologie des médias, renégociation des droits du football, mission sur la distribution des films, fréquentation en salles… Quand y’en a plus y’en a encore et Écran total s’est appliqué, dans les pages de notre hebdomadaire de la semaine, à expliciter chacun de ces enjeux quasi olympiques qui vont couvrir toute l’année 2024.

Certains des dossiers à traiter par la profession sont conjoncturels, d’autres récurrents, d’autres encore structurels. Sans compter ceux qui vont animer spécifiquement tel ou tel média - le changement de paradigme des plateformes des chaînes linéaires par exemple. Cette agitation tout terrain a plusieurs causes et conséquences.

1. Les deux secteurs, cinéma et audiovisuel, sont de plus en plus liés : des producteurs se branchent cinéma quand ils étaient principalement audiovisuel ou s’investissent dans les écrans tous azimuts quand ils s’intéressaient essentiellement au grand.

2. On ne dira jamais assez que la crise sanitaire a tout bouleversé. Sans doute pas moins que l’arrivée d’Internet. Mais à une révolution technologique a répondu une révolution des comportements. De tels changements sont évidemment beaucoup plus difficiles à appréhender. Ils brassent l’air du temps, ils évoluent selon le vent, ils prennent des directions singulières. Le cinéma, art du prototype, s’en accommode depuis toujours et la hausse de la fréquentation prouve que l’offre a encore de beaux jours face à la demande. Ce qui s’annonce, en revanche, dans l’audiovisuel, pourrait pousser le secteur à s’investir de plus en plus dans le prototype quand les chaînes linéaires, par principe et par histoire, fonctionnent encore beaucoup à la demande pour satisfaire un public plus âgé et davantage en pantoufles.

3. Aujourd’hui, la chasse aux jeunes - ados et adulescents - est ouverte et tout le monde s’y met. Une tranche d’âge qui, justement, après le covid, a pris tout le monde de court en investissant d’autres écrans, d’autres lieux, d’autres horaires et en nourrissant les réseaux sur ce qu’il faut voir, où, quand et comment. L’offre à leur intention (formats nouveaux, durée aléatoire, récits originaux, prise en compte de l’actualité) va bouleverser l’organisation des diffuseurs et les demandes auprès des producteurs. Avec un peu de chance, la qualité sera même au rendez-vous. Une médaille sans revers ? On peut toujours rêver.