Le Festival de Clermont-Ferrand réduit la voilure pour son édition 2024

21 novembre 2023
Le festival international de court métrage annonce réduire le nombre de films en sélection pour faire face à ses difficultés financières.

L’édition 2024 du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand, la 46e, aura bien lieu du 2 au 10 février prochain. Au printemps dernier, l’association Sauve qui peut le court métrage, qui organise l’événement, avait annoncé la baisse de la subvention de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Une décision qui menaçait l’existence du festival. Dans un communiqué publié ce mardi 21 novembre, l’organisation annonce quelques ajustements pour permettre à l’événement d’avoir lieu.

“En mai dernier l’équipe du festival du court métrage avait diffusé un appel à l’aide et fait connaître son inquiétude”, écrit l’organisation dans son communiqué. “Elle avait alors reçu des soutiens inestimables de la part de son public, de ses partenaires et de toute l’industrie du cinéma, qu’elle tient encore une fois à remercier.”“L’impact des années Covid, l’augmentation des charges dues à l’inflation et des financements parfois fragiles laissent une empreinte durable sur le festival,  l’association et ses équipes”, regrette l’organisation dans son communiqué. “Pour que le court métrage s’affiche à nouveau en salle en février prochain l’équipe a dû faire des choix. Ils ne sont pas simples. Elle ne les souhaite pas pérennes.”

Par conséquent, le festival annonce une réduction du nombre de programmes dans ses compétitions, une première dans son histoire. La sélection nationale passera de 12 à 10 programmes et la sélection internationale de 14 à 12.Le festival précise que cette réduction de la taille de la sélection se fait malgré un nombre record de films inscrits cette année : plus de 9400, soit une hausse de 14% par rapport à l’an dernier.

Autre changement, les tarifs de la billetterie augmentent. Le billet à l’unité passe à 4,50€ (au lieu de 4€ depuis 2020) et le carnet de 15 billets passe à 40€ (contre 35€ depuis 2013). “Malgré cet ajustement, le festival du court métrage de Clermont-Ferrand reste l’une des manifestations locales, nationales et internationales les plus abordables en termes de prix”, indique le communiqué.

Par soucis d’économie, le magazine Ça suit son court, qui est publié en amont du festival et permet de présenter la sélection, ne sera pas imprimé cette année et sera uniquement disponible en PDF. Le blog quotidien “La Brasserie du court”, publié depuis 2014, ne sera pas actualisé cette année. “L’équipe espère une reprise de la Brasserie du Court dans les années à venir.”

Le Syndicat des producteurs indépendants (Spi) s’émeut des difficultés de la manifestation dans un communiqué publié ce mercredi. “Un festival français majeur qui réunit des milliers de personnes du monde entier (160 000 personnes lors de la dernière édition en février 2023), fait vivre l’économie locale en conséquence (autour de 11 M€ de retombées économiques pour la région chaque année) et révèle les plus grands cinéastes français et étrangers, est en train de se poser la question de sa survie”, regrette le Spi. “Nous ne pouvons laisser faire. Le SPI appelle les pouvoirs publics au niveau national et local, ainsi que l’ensemble du secteur, à mettre tout en œuvre pour préserver le Festival de Clermont-Ferrand, ainsi que toutes les autres manifestations, indispensables à la vie de nos œuvres, soumises actuellement à de fortes tensions budgétaires.”

De son côté, la SRF (Société des réalisatrices et réalisateurs de films) a également apporté son soutien au Festival, mardi. "Là où l’on ne devrait que se réjouir de l’ouverture prochaine du Festival, nous sommes attristés et inquiets d’apprendre aujourd’hui la suppression de deux programmes de courts dans chacune des sélections nationale et internationale, constatent les cinéastes de la SRF. C’est, au total une vingtaine de films et de cinéastes qui seront privés de l’opportunité de rencontrer là leur public et les acteurs de la filière (programmateurs, producteurs, diffuseurs), alors même que la jeune création est de plus en plus précaire." Alors que le président de la région Laurent Wauquiez prétend faire de Clermont-Ferrand une capitale européenne de la culture en 2028, la SRF dénonce la décision de son Conseil régional qui "contribue pourtant à asphyxier une manifestation emblématique du territoire et tend à y appauvrir l’offre culturelle".