Rentrée à haut risque pour la fusion TF1/M6

24 août 2022
Après un premier rapport défavorable à la fusion TF1/M6 remis au cœur de l’été, les deux chaînes doivent convaincre l’Autorité de la concurrence, qui les entendra début septembre, afin de voir leur projet validé. Si le régulateur refuse le projet en l’état, la fenêtre de tir sera très courte pour trouver un plan B.
TF1 M6

Alors que tous les acteurs du dossier avaient donné rendez-vous à la rentrée pour la suite du feuilleton autour du projet de fusion TF1/M6, un rebondissement s’est produit au cœur de l’été. Le 26 juillet, en marge de l’annonce des résultats trimestriels de M6, Nicolas de Tavernost, président de la chaîne, a révélé qu’un rapport confidentiel des services de l’Autorité de la concurrence n’était pas favorable au projet des deux chaînes, car il soulève des “problèmes de concurrence significatifs”. Ce rapport a pour but d’aider le collège de l’Autorité dans sa prise de décision, mais rien n’oblige ce dernier à suivre ces recommandations. Il entendra les représentants des deux chaînes les 5 et 6 septembre prochains avant de rendre sa décision courant octobre. C’est le prochain épisode de ce feuilleton entamé en mai 2021.

Quelques jours plus tôt, un premier obstacle avait été franchi quand la même Autorité de la concurrence avait autorisé la vente des chaînes TFX et 6ter au groupe Altice, afin que le nouvel ensemble TF1/M6 ne dépasse pas le nombre de canaux autorisés sur la TNT.

Une liste de concessions

TF1 et M6 avaient trois semaines pour répondre au rapport de l’Adlc. Elles l’ont fait le 12 août dernier, selon Le Figaro. Une des inquiétudes du régulateur porte sur la taille que pèserait le nouvel ensemble sur le marché de la publicité télévisée (76% sur les chiffres d’affaires de l’année 2020). Comme concession, TF1 et M6 proposent d’imposer une séparation de leurs régies publicitaires pendant trois ans, renouvelables une fois pour la même durée. De plus, les deux régies n’auraient pas le droit de commercialiser des offres couplées. Enfin, les régies radio des deux groupes (TF1 commercialise les espaces publicitaires du groupement Les Indés Radio et M6 possède RTL, RTL2 et Fun Radio) resteraient également séparées.

Autre risque pointé par l’Adlc : la position dominante du futur groupe sur le marché de l’acquisition des droits audiovisuels. Pour y remédier, TF1 et M6 proposent de limiter la circulation des œuvres. Pendant trois ans, les films français acquis par le groupe ne pourraient pas être diffusés sur plus de trois chaînes. La dernière concession porte sur les contrats de distribution des chaînes auprès des opérateurs (Orange, Free, SFR et Canal+), dont l’échéance serait reculée d’un an, afin de rassurer ces derniers.

Le temps presse

Selon Les Echos, l’Adlc a débuté un nouveau “test de marché” pour évaluer ces propositions auprès des concurrents et clients de TF1 et M6. Il semblerait toutefois qu’elles peinent à convaincre. “Il ne s'agit au fond que d'engagements assez légers et ils se laissent la porte ouverte pour en sortir avec des clauses en cas de dégradation de la conjoncture ou de baisse significative de la DEI (durée d'écoute individuelle)”, remarque par exemple un connaisseur auprès du quotidien économique.

Une autorisation de l’Autorité de la concurrence courant octobre est presque impérative pour TF1 et M6. Car si l’instance demande aux chaînes de trouver d’autres remèdes, cela ne ferait que retarder le calendrier. Or, celui-ci est très serré. L’autorisation d’émettre de M6 arrive à échéance en mai 2023. Et un actionnaire ne peut revendre une chaîne dans les cinq ans qui suivent le renouvellement d’une autorisation. Pour Bertelsmann, la maison mère de M6, c’est maintenant ou jamais. Sinon il faudra attendre 2028.