Lancé en mars 2021, le dispositif Futur@Cinema a pour objectif de faire émerger des projets innovants pour le secteur de l’exploitation en salles afin d’attirer un nouveau public, dans un contexte de reprise et de reconquête. Les projets retenus visent notamment, mais pas que, les jeunes adultes. Après un appel à projet et plusieurs étapes, à Villeurbanne, Annecy et Paris, les sept projets retenus ont été présentés ce mercredi au Sommet des Arcs. Un jury, composé de partenaires, a attribué deux grands prix et tous les participants au Sommet avaient le possibilité de noter les projets.

C’est le festival Imperceptibles qui a remporté à la fois les faveurs du jury et des professionnels. Imaginé par Robin Pierre, designer graphique, et Alix Ménard d’Etoile Cinémas, cette manifestation se tiendra dans 11 salles d’art et d’essai en juin 2022 : 5 à Paris et 6 à Budapest. Pour attirer le public jeune, les porteurs du projet ont imaginé un festival dont la programmation est tenue secrète et que les spectateurs peuvent découvrir en participant à des jeux en réalité augmentée sur leur smartphone. Leur idée s’inspire des jeux comme Pokémon Go, des escape games, ou encore des soirées clubbing dans des lieux tenus secrets.

Ouvrir les salles aux jeux vidéo et aux podcasts

Le jury a attribué son deuxième prix à l’assocation Playful, qui organise des sessions de jeux vidéo dans les salles de cinéma. Participatives et axées sur des jeux narratifs, accessibles et collaboratifs, elles peuvent notamment s’imaginer sous la forme d’un double-programme, suivies d’un film. “On essaie de travailler sur les thématiques communes au cinéma et au jeu vidéo, comme par exemple le concept de boucle temporelle”, explique Alexandre Suzanne, l’un des porteurs du projet.

Parmi les finalistes du challenge, un autre projet veut proposer un nouvel usage aux salles : en faire un lieu de création et d’écoute de podcasts. L’idée est développée par Nolwenn Thivault, fondatrice du studio Narrason, qui produit notamment des podcasts pour accompagner les sorties des films distribués par KMBO. En association avec plusieurs cinémas (Le Café des Images à Hérouville-Saint-Clair, les Cinémas Star à Strasbourg et les Cinémas Indépendants Parisiens), elle a lancé un appel à projet à destinations des créateurs sonores. “Le public des podcasts a moins de 35 ans, vit à 50% dans les villes et 27% d’entre eux sont des cadres supérieurs, cela résonne avec le spectateur de cinéma”, commente Nolwenn Thivault.

Se connecter aux publics éloignés des salles

Futur@Cinema a également accompagné deux projets de plateformes qui entendent rapprocher une frange souvent ignorée du public. La première, Inclusiv, portée par des représentants de plusieurs exploitants (Dulac Cinémas, Le Mélies à Montreuil), le distributeur La Vingt-Cinquième Heure et l’association Le Cinéma Parle, est un site et une application mobile qui mettent en relation le public en situation de handicap et les cinémas. “Cette population est nombreuse, un Français sur six, et a des difficultés pour accéder au cinéma”, fait remarquer Mélissa Charles de Dulac Cinémas. Les spectateurs pourront notamment accéder aux informations sur l’accessibilité des salles ou la programmation des séances en audiodescription, ou encore partager leurs avis avec le reste de la communauté.

Une autre plateforme, Passerelle Ciné, veut quant à elle connecter les salles d’art et d’essai avec la population des quartiers prioritaires, à travers les travailleurs sociaux. Le site web, qui doit être lancé courant 2022, constituera notamment un réseau d’intervenants pour des ateliers qui pourront accompagner les films sélectionnés. Le projet est porté par les cinémas Studio à Tours, les 7 Batignolles à Paris, et, là aussi, par La Vingt-Cinquième Heure.

Offrir de nouvelles expériences

Un autre projet a quant à lui l’idée d’améliorer l’expérience des spectateurs en salle grâce à une innovation : une application qui permet de choisir sa piste audio et de régler sa puissance. Porté par la startup Augmented Acoustics et Orange, le projet Movie Sound Control a déjà connu une expérimentation lors d’une projection du film Sound of Metal. Grâce à l’appli, les spectateurs peuvent choisir entre la VF, la VO ou une piste d’audiodescription. Elle propose aussi un calibrage du son pour que celui-ci s’accorde à l’audition de chaque utilisateur. Une question reste encore à résoudre : celle des droits sur les pistes sonores du DCP du film.

Enfin, le projet le plus ambitieux était sans doute Cinéfil de l’eau, un concept de cinéma flottant, construit sur deux barges en béton, et qui permet de créer un cadre unique pour des projections. Au coût estimé de 3,5 millions d’euros, le cinéma, dessiné par l’architecte Agathe Perret, comporte une salle intérieure, un espace en rooftop pour des projections en plein air ainsi qu’un espace de restauration. L’écran de la salle est pivotant pour s’ouvrir sur l’extérieur en fin de séance.

En attendant de voir si tous ces projets se concrétiseront en 2022, Futur@Cinema prépare déjà sa deuxième édition, et donne rendez-vous au premier trimestre pour en dévoiler les thématiques.