La CST se tourne vers l’avenir

15 décembre 2021
Les dernières Rencontres de la CST ont été l’occasion pour l’organisme présidé par Angelo Cosimano de dresser le bilan des trois dernières années et de présenter ses futures actions à l’horizon 2030.
Armance Durix

Comme pour beaucoup de sociétés, la crise sanitaire a été un réel accélérateur de changements pour la CST, notamment par la généralisation du travail à distance. « En effet, les outils de « remote production » sont utilisés depuis de nombreuses années, par exemple pour la captation des événements sportifs. La crise sanitaire a accéléré l’utilisation de ce type d’outils et nous avons été témoins de tournages dont la direction artistique s’est déroulée à distance » explique Baptiste Heynemann, Délégué Général de la CST. Cette optimisation de la capacité du travail à distance entraine cependant de fortes contraintes sur le plan artistique : « les outils de visualisation restent rudimentaires et nous manquons de retours sur ce qu’il se passe réellement sur le plateau. Enfin, la réflexion sur un plateau se déroule en temps réel, avec de multiples échanges avec l’ensemble des équipes techniques et artistiques et les réseaux induisent de la latence qui réduisent la fluidité des discussions ».

Par ailleurs, en arrivant sur le territoire français, les plateformes américaines ont souhaité développer de nombreuses productions locales. Une chance pour l’industrie même si cela engendre encore une accélération très importante des rythmes de production. « Cela implique des pressions sur les équipes pour tourner dans des calendriers toujours plus serrés. Il est donc nécessaire de rappeler l’importance de la préparation et la nécessité de l’allonger le plus possible. Dans le même temps, la prépondérance des séries est un phénomène qui ne va pas s’arrêter puisque les diffuseurs ont besoin de contenus longs qui fidélisent leurs audiences. Ainsi, les techniciens doivent pouvoir se former à l’utilisation d’outils permettant l’augmentation de leur productivité et d’absorber la quantité d’images qu’il s’agit de produire ».

Autre phénomène ayant émergé ces dernières années et qui a été longuement débattu lors des Rencontres, la prise de conscience environnementale. Le CNC a lancé un ambitieux plan ACTION qui va structurer la filière et auquel la CST prend sa part, notamment au travers du collectif ECOPROD, dont elle est membre. Elle a récemment mise en place un cycle de quatre formations professionnelles permettant de comprendre et de maîtriser les enjeux liés à la transition écologique.

Un prix pour promouvoir les femmes et la jeunesse

Preuve de sa volonté d’ouverture vis à vis des nouveaux talents et à promouvoir la féminisation des métiers techniques, la CST a créée le prix de la jeune technicienne du cinéma, sous l’impulsion de Claudine Nougaret (Vice Présidente) lors du dernier Festival de Cannes. Un prix qui a été attribuée à Armance Durix, ingénieur du son du premier long métrage de Noémie Merlant, Mi Iubita, Mon Amour. « nous sommes engagés depuis trois ans dans la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes. Nous avons signé la charte du collectif 50/50 et avons engagé résolument notre association dans ce sens. En particulier, nous avons remporté un second appel d’offres de l’AFDAS, cette fois-ci avec notre partenaire EGAE, pour la mise en place de formations à la lutte contre les Violences et harcèlements sexuels et sexistes (VHSS). Ce prix de la jeune technicienne est une démarche positive en faveur de l’égalité homme-femme. Pour autant, nous souhaitons le limiter dans le temps. Ce prix prendra donc fin dès que la parité sera atteinte dans l’ensemble des productions ». Si les signes sont encourageants, il reste néanmoins du travail. En effet, sur les 32 films présentés en compétition officielle cannoise, il a été recensé 41% de réalisatrices, 43% de cheffes décoratrices, mais seulement 13% de cheffes opératrices images et 9% de cheffes opératrices son.

Autre priorité de ces dernières années : le renforcement de la sécurité des tournages. En 2020 et 2021, la CST et ses associations membres, dont l’ADP et l’AFAR, ont contribué à la rédaction des recommandations sanitaires en période de COVID, qui se sont déployées sur l’ensemble des tournages. La CST a assuré la traduction vers l’anglais qui a servi de socle à la communication de Film France, pour le tournage des films étrangers en France à partir de l’été 2020. « La sécurité sanitaire étant mieux assurée dans un environnement contrôlé, il y a eu une sorte de convergence d’intérêts entre ce dossier et les questions liées aux studios de tournage, que nous accompagnons de notre mieux ».

Mais au-delà de la sécurité sanitaire, la CST a également travaillé à la sécurité des données et a donc lancé la révision de la sécurisation et de la sauvegarde des données en cours de tournage et de post-production. Ce chantier devrait aboutir au premier semestre 2022 et fera l’objet d’une communication accrue. « Trop souvent encore, on nous rapporte des pratiques imprudentes en matière de traitement des rushes, voire inconsciente en matière de sauvegarde des données ».

Un plan d’action à horizon 2030

Concernant les dernières innovations technologiques importantes en matière de diffusion, la CST a récemment effectué une recommandation technique sur les caractéristiques acoustiques des salles de cinéma. « C’est la première fois que l’acoustique des salles de cinéma fait l’objet d’une recommandation technique, et nos travaux viennent enrichir les réflexions sur l’évolution de la norme. L’approche, en elle-même, est assez innovante, puisque, s’il existait des textes séparés traitant du sujet, c’est la première fois qu’une approche transverse et globale a été effectuée ».

Actuellement, la CST prépare l’avenir et entame une marche avec 2030 pour horizon. Date à laquelle l’organisme espère que la techologie permettra de produire autant d’œuvres qu’aujourd’hui mais avec seulement 30% de l’énergie disponible. « C’est pour celà que nous publierons un état de l’art sur les batteries durant le Paris Image 2022, qui nous permettra de mettre en place une réflexion globale sur l’énergie et sur les façons de l’économiser ! De plus, nous continuerons la mise en place de nos offres de formations à la transition écologique et à la lutte contre les violences et harcèlements sexuels et sexistes ».

Chaque département de la CST organisera une série de rencontres tout au long de 2022 autour de sujets aussi variés que la veille technologique, l’évolution des usages, ou la mise en place d’innovations. Quelques surprises sont notamment à prévoir du côté du tout récent département « Immersion et temps réel », déjà à l’origine d’une rencontre sur les plateaux virtuels au mois d’octobre.