Le festival international Séries Mania a dévoilé jeudi 1^er juillet la programmation de sa prochaine édition, qui se tiendra du 26 août au 2 septembre, à Lille et ses environs, et en ligne. Dans le dossier de présentation, Rodolphe Belmer et Laurence Herszberg, respectivement président et directrice générale de la manifestation, ont détaillé les temps forts de ce cru 2021. « Cette année, Séries Mania poursuit son minutieux travail de défrichage à l’international et accueille plus de 20 pays au sein de sa programmation, avec de nouveaux venus tels que la Serbie, la Croatie, la Turquie, la Colombie et Taïwan. Une pluralité de voix et de regards sur nos sociétés qui dit si bien l’état actuel du monde, dans toutes ses complexes mutations. Et pour que nos contenus voyagent au-delà des frontières de la région, qu’ils gagnent un public plus vaste encore, nous lançons une plateforme numérique où vivre le Festival dans toute sa richesse. Imprégnée de l’univers Séries Mania, celle-ci offrira une sélection de séries dont la projection en direct sera suivie d’une mise à disposition en replay pendant 24 heures. Y seront également proposés masterclass, débats et événements fan clubs, mais aussi expositions virtuelles et jeux ».

Le Forum poursuit sa croissance

« Territoire de convergence professionnelle, Séries Mania accompagne la croissance de son Forum avec la présence cette année d’un très grand nombre de professionnels du secteur et de plusieurs résidences en amont du Festival. Celles-ci trouveront un espace d’expression idoine au sein de notre nouveau Creative Bazaar, bain de création aux accents obstinément internationaux, qui accueillera en 2021 l’atelier professionnel Dentaal Series Workshop aux côtés d’événements pérennes tels que les Co-Pro Pitching Sessions, le UGC Writers Campus et la résidence de co-écriture France-Israël. Le Forum bénéficiera lui aussi des avantages amenés par notre nouvelle plateforme numérique avec la possibilité d’en visionner l’ensemble des événements, contenus et conférences en direct et en replay mais aussi d’organiser des rencontres virtuelles et d’accéder à plusieurs annuaires spécialisés ».

Une journée sur la relance européenne

« Par ailleurs, les récents développements du secteur audiovisuel, tout comme la croissance rapide des plateformes internationales, ont rendu de plus en plus nécessaire ce lieu de dialogue unique que sont les Dialogues de Lille. Organisée en partenariat avec le Ministère de la Culture et la Commission Européenne, cette journée unique en Europe réunira cette année décideurs politiques européens et dirigeants clefs de l’industrie autour du thème « L’audiovisuel au coeur de la relance européenne ». Enfin, désireux de prolonger son action de soutien à la création sérielle en Europe et de jouer un rôle majeur dans la structuration du secteur, le Festival lance le Series Mania Institute, programme de formation à destination des étudiants et professionnels de l’industrie. Quatrième pilier de notre identité, de ce qui rend Séries Mania si novateur et pluriel, la première école entièrement dédiée aux séries entend participer à l’échange des savoir-faire européens, au décloisonnement des métiers de la fiction sérielle, ainsi qu’à l’ouverture du secteur à la diversité des parcours et origines ».

Les tendances de la sélection

Toujours dans le dossier de présentation, Frédéric Lavigne, directeur artistique de Séries Mania, et Laurence Herszberg commentent les tendances de la sélection 2021. « Amenée à une mue nécessaire face au contexte sanitaire et à l’évolution incessante du secteur sériel, la programmation de cette édition 2021 se fait l’écho des bouleversements de sociétés en pleine réinvention, au gré d’un dialogue entre vies intimes et luttes sociales. En cette année transitoire, et alors que les déplacements sont encore incertains, nous proposons à notre public un périple international avec des étapes confirmées comme l’Angleterre, l’Australie, l’Europe du Nord ou Israël mais aussi quelques escales inédites, avec l’arrivée au programme de la Serbie, de la Croatie, de la Turquie, de la Colombie et de Taïwan. C’est qu’après une édition annulée puis reportée, l’habituel défrichage que nous réalisons s’est déroulé sur un temps plus long, au gré d’un nombre croissant de titres visionnés – 462 au total – et d’oeuvres produites par des pays nous ayant sollicités pour la première fois, à l’image du Gabon, de la Syrie, de la Jordanie et de l’Ukraine. Les propositions anglo-saxonnes sont, elles, moins nombreuses cette année, phénomène que l’on doit notamment à la pleine restructuration du secteur aux États-Unis avec le lancement d’une multitude de plateformes numériques ».

« L’Europe a maintenu un rythme de production quasi-normal »

« De son côté, l’Europe est parvenue à maintenir un rythme de production quasiment normal et se fait une nouvelle fois l’observatoire privilégié des tendances sérielles. Pour cette édition 2021, la politique abandonne les hautes sphères du pouvoir et se joue à un niveau bien plus personnel, au plus près des aspérités et espoirs de personnages issus des couches sociales populaires. Comme dans Germinal, matrice de toutes les luttes de classes qui résonne de manière encore étonnamment proche avec les revendications de notre époque. Nombreux sont les personnages qui, en ce moment clef de notre histoire, tentent de se relever face à l’effondrement économique provoqué par la mondialisation, ici souvent assise dans les années 90. Un tumulte dont témoigne le village islandais où se déroule Blackport face à l’instauration des quotas de pêche, mais aussi The Last Socialist Artefact, où deux Croates tentent de relancer une usine désaffectée avec l’aide de ses anciens ouvriers ».

« Une réflexion sur le morcellement de la cellule familiale »

« En parallèle de ces combats au long cours se dessine une réflexion sur le morcellement de la cellule familiale. Le rapport à l’enfant, qui se fait souvent sur un modèle de parentalité unique, trouve de nouvelles définitions à l’écran avec une présence marquée des adolescents, tantôt dressés contre la hiérarchie familiale (Bête noire de la Québécoise Sophie Deraspe), tantôt aux prises avec leur destin de manière prématurée (avec Anna, série post-apocalyptique signée Niccolò Ammaniti, mais aussi dans la surprenante production danoise Kamikaze). Le point de vue féminin continue, lui, de gagner du terrain – on salue d’ailleurs une quasi-parité des signatures dans la compétition française cette année – avec de nombreux personnages féminins qui s’unissent pour conquérir leur autonomie, comme dans L’Opéra, portrait croisé de deux danseuses traversées par une même rage de renverser les codes en place, ou We Are Lady Parts, qui voit des femmes musulmanes monter un groupe de punk rock. Certaines en passent même par l’illégalité pour s’affranchir de l’adversité masculine, à l’instar des deux héroïnes antinomiques de la série suédoise Dough (...). Et si les hommes sont souvent absents de la sphère familiale, nombre d’entre eux s’inscrivent bien loin des clichés de la masculinité, redessinant au passage des conceptions de genre dépassées. Émergent ainsi des portraits de pères fragiles ou élevant seuls leurs enfants (dans l’Israélienne The Echo of Your Voice, la Norvégienne Furia ou la Française Jeune et Golri), aux prises avec les diktats liés à leur sexe (comme les hommes mariés travestis du format court argentin Cross) ou perdus dans leurs rapports aux femmes (dans Or de lui, création déjantée de Benjamin Lorber avec Ramzy Bedia).

Un fil rouge thématique : « Stand-up en séries »

« L’intime et le collectif se rejoignent également dans notre fil rouge thématique de cette année : Stand-up en séries. Ou comment les humoristes ont révolutionné le format comédie des séries en se mettant au centre de leurs créations tout en racontant le monde à travers l’expression de leur sensibilité ou de leur communauté… De Seinfeld à Atlanta et Ramy en passant par Broad city, Please like me ou This way up ». L’ensemble de la programmation est à retrouver sur le site de Séries Mania. D’autres annonces seront faites prochainement.