Les Lumières sacrent « Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait »

19 janvier 2021
Les membres de l’Académie des Lumières de la Presse Internationale ont révélé leur palmarès au cours d’une cérémonie diffusée le mardi 19 janvier sur Canal+.

Malgré les ravages causés par la crise sanitaire sur toute l’industrie cinématographique, l’Académie des Lumières a tenu à rendre hommage aux producteurs, distributeurs, réalisateurs qui ont eu le courage de sortir leurs films dans les salles françaises dans des conditions difficiles tout au long de l’année 2020. La 26ème Cérémonie des Lumières a donc bien eu lieue le mardi 19 janvier. Si Canal+ a une nouvelle fois diffusé l’événement en clair sur son antenne, ce dernier n’a pu se dérouler comme lors des précédentes éditions. De fait, pour cette année, ni Olympia, ni Institut du Monde Arabe, ni grande salle, ni public. Seuls les artistes nommés étaient conviés sur un plateau de télévision au cours d’une émission animée par les deux journalistes cinéma de la chaîne, Laurie Cholewa et Laurent Weil. Ne disposant que d’une heure d’antenne, l’Académie a également été contrainte de renoncer à ses hommages traditionnels. Cela n’enlève rien au palmarès élaboré par les 130 journalistes de la presse internationale et qui met en valeur des œuvres à l’image de notre cinéma hexagonal : riches, fortes et diverses.

Ainsi, deux ans après le succès public et critique de Mademoiselle de Joncquières, Emmanuel Mouret voit son dixième long métrage, Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, décrocher le prestigieux prix du meilleur film. Labellisé Cannes 2020 puis présenté en section flamboyante au Festival du Film Francophone d’Angoulême, le film, conçu comme une exploration du sentiment amoureux à travers les péripéties vécues par plusieurs couples, a rassemblé 280 000 spectateurs et offert au cinéaste le deuxième plus grand succès de sa carrière, derrière Mademoiselle de Joncquières (547 000 entrées). Également labellisé Cannes 2020, ADN n’aura bénéficié que de deux jours d’exploitation avant la dernière fermeture des salles où il avait rassemblé 62 000 spectateurs. Le long métrage permet à sa réalisatrice, Maïwenn, de remporter le prix de la mise en scène. Stéphane Demoustier est quant à lui récompensé pour le scénario de son film judiciaire, La Fille au Bracelet, qui a séduit 325 000 spectateurs à sa sortie, en février dernier.

Un palmarès qui célèbre la diversité

On constate qu’aucun film ne parvient véritablement à se démarquer d’un autre puisque trois d’entre eux cumulent deux récompenses, soit le total le plus important de ce palmarès. Il s’agit du premier film d’animation du dessinateur Aurel, Josep. Bénéficiant du label Cannes 2020, cette plongée dans l’horreur du Franquisme se voit attribuer le prix du meilleur film d’animation et de la meilleure musique. Le film avait été un succès en salles puisqu’il avait réuni un public cinéphile adulte relativement important (173 000 entrées) et n’avait perdu que 19%, 26% et 37% de ses spectateurs au cours de ses quatre premières semaines d’exploitation. Après le succès de J’ai perdu mon corps l’année dernière, Josep démontre une nouvelle fois tout le savoir faire de la production française en matière de cinéma d’animation pour adultes.

Également récompensé à deux reprises, Été 85 remporte le prix de la meilleure image et voit ses deux interprètes principaux, Félix Lefebvre et Benjamin Voisin, gagner le prix de la révélation masculine. Ce film démontre, une nouvelle fois, la productivité de François Ozon qui, à l’instar de Woody Allen, continue de sortir un film par an. Le cinéaste témoigne également de sa capacité à explorer des thèmes très différents à chaque film puisqu’après avoir signé un thriller intimiste l’an dernier, Grâce à Dieu,  le réalisateur se penche ici sur l’éveil sentimental et sexuel de deux adolescents.

Enfin, le troisième et dernier film à être récompensé à deux reprises s’avère être le premier long métrage de Filippo Meneghetti, Deux, qui se voit justement attribué le prix de la meilleure première œuvre. Le film s’offre également le prix d’interprétation féminine qui revient aux deux actrices qui portent cette histoire d’amour entre deux femmes septuagénaires, Martine Chevallier et Barbara Sukowa. Pour rappel, Deux a également été sélectionné pour représenter la France à l’Oscar du meilleur film international.

Conçu lors de la précédente édition pour rappeler que le cinéma français accompagne les auteurs du monde entier, le prix de la meilleure coproduction internationale revient à un film ayant bénéficié d’un financement français supérieur à 30% de son budget. Cette année, il s’agit de L’homme qui a vendu sa peau, de Kaouther Ben Hania, également produit par la Tunisie, la Belgique, la Suède et l’Allemagne. Autre coproduction internationale entre la France, la Tunisie, le Qatar et le Liban, Un Fils permet à Sami Bouajila de remporter le prix du meilleur acteur. En dénonçant les violences policières lors des nombreux mouvements sociaux qui ont secoués la France au cours des dernières années, le journaliste David Dufresne est récompensé par le prix du meilleur documentaire pour Un pays qui se tient sage. Enfin, bien qu’il n’ait pu sortir en salles comme initialement prévu le 4 novembre dernier, soit quelques jours après le deuxième confinement, l’Académie des Lumières a néanmoins tenu à honorer Slalom en saluant la prestation de Noée Abita, nouvelle révélation féminine.

Le palmarès

Meilleur Film : Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, d'Emmanuel Mouret (Moby Dick Films – Pyramide Distribution)

Meilleure Mise en Scène : Maïwenn pour ADN (Why Not - Le Pacte)

Meilleur Scénario : Stéphane Demoustier pour La Fille au Bracelet (Petit Film - Le Pacte)

Meilleur Documentaire : Un pays qui se tient sage, de David Dufresne (Le Bureau - Jour2Fête)

Meilleur Film d’Animation : Josep, d'Aurel (Les Films d’Ici Méditerranée - Dulac Cinéma)

Meilleure Actrice : Martine Chevallier et Barbara Sukowa dans Deux (Paprika Films - Dulac Cinémas)

Meilleur Acteur : Sami Bouajila dans Un Fils (Dolce Vita Films - Jour2Fête)

Révélation Féminine : Noée Abita dans Slalom (Mille et Une Productions - Jour2Fête)

Révélation Masculine : Félix Lefebvre et Benjamin Voisin dans Été 85 (Mandarin Production - Diaphana)

Meilleur Premier Film : Deux, de Filippo Meneghetti (Paprika Films - Dulac Cinémas)

Meilleure Coproduction Internationale : L’homme qui a vendu sa peau, de Kaouther Ben Hania (Tanit Films - Bac Films)

Meilleure Image : Hichame Alaouié pour Été 85 (Mandarin Production – Diaphana)

Meilleure Musique : Sílvia Pérez Cruz pour Josep (Les Films d’Ici Méditerranée - Dulac Cinémas)