"La folie des hauteurs" : une image et un son de haute voltige avec Dolby Vision et Dolby Atmos

15 janvier 2021
Avis aux cinéphiles férus d’intrigues sur les machinations dans les hautes sphères du monde des affaires : La folie des hauteurs a débarqué au printemps sur Netflix.

Produit par UFA Fiction, ce film allemand intitulé Betonrausch dans sa version originale (traduisez « ruée vers le béton »), suit les tribulations d’un jeune homme prêt à tout pour s’enrichir, quitte à prendre quelques libertés avec les règles du marché immobilier berlinois en compagnie d’un complice peu scrupuleux. Mais le train de vie extravagant de nos deux compères ne tarde pas à leur attirer des ennuis, menaçant de mettre à bas le bel édifice. Pour faire honneur à la richesse visuelle de ce récit ébouriffant, le choix s’est porté sans hésiter sur la technologie vidéo HDR Dolby Vision et le son 3D Dolby Atmos.

Une post-prod au millimètre

Pour Niklaas Warda, producteur chez Rotor Film (partenaire d’UFA Fiction pour la post-production), pouvoir explorer les opportunités créatives offertes par Dolby Vision et Dolby Atmos dès les phases initiales a été d’une importance capitale. Au début du tournage, le réalisateur Cüneyt Kaya, le directeur de la photographie Sebastian Bäumler et le designer sonore Gregor Junghans se sont réunis avec les équipes de production et de post-production pour dresser la liste des éléments audio et visuels à mettre en relief. L’équipe de post-prod de Rotor Film a ainsi pu observer les premiers rushs, puis s’entendre avec le réalisateur sur les ajustements à apporter aux prises de vue et de son pour le reste du tournage.

Dolby Atmos : au coeur du processus créatif dès le premier jour

Drames, comédies, documentaires... pour la société de production Rotor Film, Dolby Atmos se prête à tous les genres. Film de casse par excellence à la sauce berlinoise, La folie des hauteurs apporte la preuve par le son de la capacité de Dolby Atmos à restituer l’intention artistique de l’équipe de production – pour le plus grand bonheur des spectateurs. L’exploitation créative des fonctionnalités Dolby Atmos a joué un rôle central pour la mise en récit selon Gregor Bonse, responsable du mixage de la bande son du film.

Dès la phase de pré-production, le designer sonore Gregor Junghans et son équipe ont mis toute leur imagination à contribution pour sublimer l’expérience du spectateur avec Dolby Atmos. Pour Gregor Bonse, la décision de travailler dans ce format a permis de raconter l’histoire « en trois dimensions », en « exploitant l’intégralité de l’espace » qui entoure le spectateur. Le designer sonore était d’ailleurs très présent sur le tournage pour enregistrer des sons ambiants à incruster dans le mixage Dolby Atmos.

Intégrer la composante Dolby Atmos au processus créatif dès la pré-prod a fait toute la différence dans l’accroche narrative. Pour les créateurs, cette technologie offre une myriade d’outils innovants. Conscient de ces potentialités, Gregor Junghans a fait des repérages de paysages sonores et s’est rendu sur les lieux de tournage pour capturer des sons qu’il a ensuite méticuleusement inséré dans la bande sonore finale. « Nous avions un son 3D enregistré au format B directement sur place. C’est ce qui nous a permis de travailler tout en nuance, de créer des atmosphères subtiles à partir de sons ambiants de forêts, de jardins ou de chantiers », explique Gregor Bonse.

Quant aux objets audio Dolby Atmos, ils donnent toute leur dimension aux scènes de fête et de trip hallucinatoire. « L’idée, c’était d’enrichir ces séquences d’une multitude de détails en plaçant des éléments musicaux un peu partout pour faire plonger dans l’ambiance envoûtante et psychédélique. Nous avons aussi ajouté certains effets sonores lorsque les personnages sniffent de la cocaïne. Tous ces sons virevoltent derrière le spectateur, parfois en décalé ou en saccadé » ajoute le mixeur.

Une bande sonore qui reflète à merveille le titre du film : « Les personnages se lancent dans une course mégalomaniaque, intoxiqués par leur propre succès » relève Gregor Bonse. Pour agrémenter le récit, l’équipe a déployé d’autres effets conçus « pour nous catapulter dans la scène suivante ». Par exemple, le grondement du tonnerre autour et au-dessus de la tête du spectateur ou le tournoiement d’un ballon d’enfant servant de transition vers une séquence familiale.

Le mixeur précise que l’éventail de fonctionnalités à disposition invite tout de même à la modération : « La question est de savoir où s’arrêter. Entendre constamment des bruits autour de soi est une distraction qui peut vite vous détourner de l’histoire. »

Mais quand on trouve le bon dosage, ces effets s’intègrent harmonieusement à l’ensemble. Par exemple, le début du film comporte peu d’effets sonores, avec un mixage placé volontairement à l’avant pour attirer progressivement le spectateur dans l’histoire. « Ensuite, plus on avance dans l’intrigue, plus on ajoute d’éléments qui viennent intensifier l’expérience du spectateur et son immersion dans le film. Il ne sait plus de quelle enceinte provient le son. »

Gregor Bonse ajoute par ailleurs que le mixage Dolby Atmos permet d’obtenir un bon rendu en 7.1, en 5.1 et en stéréo. Si problème il y a sur ces formats dérivés, il sera certainement dû à un mauvais équilibrage dans le mixage Dolby Atmos original. Selon lui, le downmix nécessite très peu d’ajustements.

Dolby Vision, quand la créativité rencontre la simplicité

La folie des hauteurs est le premier grand projet Dolby Vision de Rotor Film. Jusqu’ici, sa seule expérience HDR avait été le HDR 10. Avec Dolby Vision, l’une des principales différences réside dans l’étalonnage HDR avant de convertir en SDR. Tout s’est parfaitement passé : « il a suffi d’inverser le procédé » observe Niklaas Warda.

L’autre avantage de Dolby Vision est qu’il crée un master HDR et les métadonnées pour vos versions HDR et SDR, au lieu d’avoir à produire deux masters distincts, comme c’est le cas du HDR 10. L’équipe a tout de suite adopté ce nouveau processus, car on peut aller beaucoup plus dans le détail en commençant directement en HDR. Pas besoin de composer avec les contraintes du SDR.

Petra Lisson, étalonneuse chez Rotor Film chargée de la correction des couleurs sur La folie des hauteurs, avait hâte de travailler en Dolby Vision. Pour cette professionnelle des couleurs, le HDR offre « une plus grande marge de manoeuvre pour donner une réelle brillance à l’image. On peut user de subtilités pour la rendre plus tridimensionnelle. Les couleurs ont plus de volume, ce qui élargit le champ des possibles : des ciels bleus plus lumineux, des flammes plus vives aux formes plus détaillées, etc. »

La folie des hauteurs offre un savoureux mélange de couleurs « assez criardes » dans certaines scènes, et de tons plus austères du Berlin authentique dans d’autres. Par exemple, l’univers de la banque est dépeint dans des tons froids « où le contact ne se fait pas spontanément », selon Petra Lisson, tandis que les scènes festives sont « riches en couleurs mais aussi très sombres ».

Bien que la gamme de contrastes offerte par Dolby Vision soit bien plus étendue que celle du SDR, l’étalonneuse estime « qu’il ne faut pas forcément utiliser toute la plage dynamique et être toujours au maximum ». Plutôt que de rendre chaque image « très chatoyante avec des contrastes très tranchés, Dolby Vision vous accompagne dans votre processus créatif » en offrant une palette de couleurs plus fournie, et donc plus d’options artistiques.

Pour le réalisateur Cüneyt Kaya et son directeur de la photographie Sebastian Bäumler, La folie des hauteurs était un baptême du feu en HDR. Et ils n’ont pas été déçus : « Je ne sais même pas s’ils avaient vu quoi que ce soit en HDR avant. Ils se sont assis là, devant mon écran et ont demandé à avoir la même expérience visuelle chez eux », se souvient Petra Lisson.

Dolby Vision et Dolby Atmos facilitent la post-production

Après tant d’efforts déployés pour arriver à un résultat optimal, l’équipe de post-production s’est félicitée de l’enthousiasme du réalisateur pour la version finale. Pour Niklaas Warda, Dolby Vision a permis de ficeler plus facilement l’ensemble : « On utilise le trim pass Dolby Vision pour produire un master SDR. Selon les exigences du studio, un mix Dolby Atmos peut servir à créer une version 5.1 et stéréo. Dans la même veine, avec Dolby Vision, le SDR est produit à partir des métadonnées. L’intention artistique reste intacte, peu importe l’appareil utilisé pour écouter ou visionner le contenu. »

Pour Netflix, l’équipe a fourni le package Netflix IMF qui inclut le fichier HDR et les métadonnées Dolby Vision. Le producteur explique : « Nous assurons le contrôle qualité de tous les fichiers et masters que nous livrons. Comme La folie des hauteurs était notre première production Netflix en formats Dolby Vision et Dolby Atmos, Petra et Gregor [Bonse] ont tout vérifié eux-mêmes. Avec Dolby, vous pouvez être certain que le processus se déroule comme il faut et que le produit final sera optimal. Pour cette production Netflix, nous avons eu un taux d’erreur zéro ».

L’art du storytelling

Dolby Vision et Dolby Atmos offrent davantage de latitude et de subtilités aux cinéastes pour leur permettre d’explorer tout le champ des nuances visuelles et sonores. Il en résulte une expérience plus réaliste, plus immersive et plus jubilatoire pour le spectateur. Côté créativité, la qualité et la convertibilité des masters Dolby Vision, associés au son Dolby Atmos, permettent de restituer le travail artistique dans toute sa pureté, tout en simplifiant la vie des équipes de production qui n’ont plus à gérer de multiples versions. Avec ces deux technologies Dolby, Rotor Film a su faire de La folie des hauteurs un réel festival des sens, sans détourner le spectateur d’un scénario haletant et bien huilé.