Jasper Nijsmans (VAF): "Lukas Dhont a été l'initiateur d'une nouvelle vague flamande"

27 juin 2024
Fondé en 1989 pour promouvoir le cinéma flamand, Flanders Image a été boosté ces dernières années par les nominations de "Rundskop" et d'"Alabama Monroe" aux Oscars, et des succès cannois de "Girl" et "Close". Un organe qui, depuis avril, est géré par Jasper Nijsmans.
Jasper Kopie

Comment se passent vos débuts, à la tête de Flanders Images?

Les choses ont débuté fort, puisque ma désignation a eu lieu en pleine préparation du Festival de Cannes, qui a été une très belle édition pour nous, avec la première mondiale de Julie Keeps Quiet, sélectionné à la Semaine de la Critique et qui est reparti avec deux prix (de la Fondation Gan et de la SACD). Cette vitrine nous permet, en ce moment-même, de vendre ce film à de nombreux pays et il poursuit sa route en festivals. Pas plus tard que cette semaine d'ailleurs, avec celui de Karlovy Vary, un festival important pour son marché, car il rassemble énormément de gens influents des pays d'Europe centrale et de l'Est.

Car votre rôle est surtout de promouvoir le cinéma flamand à l'étranger?

Oui, mais contrairement à mon prédécesseur, Christian De Schutter, qui a fait ce travail pendant vingt ans, on élargit le spectre. Car le Ministère de la culture nous a demandé de faire ce boulot-là aussi au niveau local. L'idée n'est pas de remplacer les distributeurs, mais de davantage les soutenir, à travers diverses initiatives. On a par exemple lancé une opération "1+1" où, pour un ticket de cinéma acheté, on en offre un gratuit. Et ça a été un grand succès, notamment auprès de gens qui s'étaient déshabitués du cinéma depuis le Covid. Ce genre d'initiative permet vraiment d'amener un nouveau public.

En 2023, quatre films flamands (Wil, Débâcle, Zillion et Les 8 montagnes) ont dépassé les 100 000 entrées. On peut dire que le cinéma du nord se porte bien?

Oui, mais au-delà de ces résultats, je trouve important de dire qu'on est systématiquement présents dans les grands festivals mondiaux, ce qui n'est pas anodin pour une région de six millions d'habitants. Une nouvelle vague a commencé avec Lukas Dhont et Girl en 2019, et elle se poursuit. J'insiste là-dessus, car ces sélections boostent nos jeunes réalisateurs. Et on ne perd bien sûr pas de vue les séries qui, en quelques années, se sont professionnalisées chez nous, ce qui nous permet d'en coproduire beaucoup avec les pays anglo-saxons, scandinaves...

...et même belges francophones, depuis peu!

Effectivement. La série 1985, vue par plus d'un million de belges, a été une réussite qui doit en appeler d'autres. Les coproductions 100% belges restent importantes. Je rappelle qu'entre le nord et le sud du pays, il y a un accord pour la production commune de 4 longs-métrages par an. Et on est en train de renforcer nos liens avec Wallonie Bruxelles Images, et même avec nos pendants luxembourgeois et hollandais. Dans les années à venir, on aimerait tous collaborer davantage ensemble, pour avoir une plus grande force de frappe sur le marché. C'est une logique économique, puisqu'on pourrait alors multiplier les budgets de certains projets par trois, quatre...

Et qu'est-ce qui vous attend, dans les semaines et mois à venir?

Plancher sur Connext (voir encadré), pas mal de déplacements, puisqu'après Karlovy Vary, on va enchaîner avec le Festival Nouveaux Horizons de Wroclaw en Pologne, un festival important pour les films "jeune public". Ensuite, il y aura Sarajevo, Locarno, Venise, Toronto... Là, on a pas mal de premiers films terminés – ou pratiquement – dont on cherche un endroit pour les positionner en vue d'une première mondiale. Je citerais Milano, un premier long-métrage de Christina Vandekerckhove, jusque là documentariste, BXL, des frères Ish Ait et Monir Ait Hamou, et The Weeping Walk, premier film de Dimitri Verhulst, le romancier à la base du succès de La Merditude des choses. Et on va poursuivre notre développement dans les œuvres interactives, les podcasts, les jeux vidéo... Si prévoir des succès reste toujours impossible, on sait qu'on a encore de sacrés défis dans les années à venir!

Le salon CONNEXT de retour en 2025

Devenu incontournable depuis sa création en 2016, en présentant chaque année les derniers projets flamands aux professionnels (agents, distributeurs, éditeurs, festivaliers...) du monde entier, Connext est en transition, suite au départ précipité de Christian De Schutter et l'arrivée récente de Jasper Nijsmans. "Dans le calendrier", détaille ce dernier, "Ce n'était plus raisonnable d'envisager Connext cette année. Mais on est en train de communiquer activement avec tout le secteur, pour savoir ce qu'il attend exactement d'un tel salon. L'idée est de revenir sous une nouvelle forme l'année prochaine, en conviant une centaine de personnes de l'industrie internationale pendant 24 heures. En plus des habitués de Berlin, Cannes, Toronto ou Venise, on aura des représentants des principales plateformes mondiales. Notre but est là de placer nos projets le plus tôt possible sur les radars de l'industrie".