Fin du feuilleton O.J. Simpson

17 avril 2024
Un de nos journalistes revient sur un fait marquant du secteur et livre son analyse en toute... subjectivité. Cette semaine : Hollywood.
O.J SImpson

L’ancienne vedette du football américain, passée des exploits sportifs à un double meurtre, aura eu une dernière présence médiatique lors de sa mort jeudi 10 avril.

Orenthal James Simpson, surnommé O.J. ou encore “The Juice” (O.J. est l’abréviation d’orange juice en anglais), décédé d’un cancer de la prostate à Las Vegas à l’âge de 76 ans, aura en effet participé à deux événements médiatiques devenus historiques, et dont j’ai été à l’époque le spectateur assidu : une course poursuite au ralenti, au volant d’un Ford Bronco, sur les autoroutes de Los Angeles juste avant son arrestation le 17 juin 1994, retransmise en direct sur toutes les chaînes américaines ; et l’année suivante “le procès du siècle”, exceptionnellement télévisé par autorisation spéciale du juge, qui aura eu un nombre record de spectateurs, jusqu’à 150 millions le jour du verdict, quand O.J. Simpson sera finalement acquitté malgré des preuves accablantes.

Une saga qui m’a fait penser à un véritable feuilleton de télé réalité avant l’heure, avec son héros, O.J. Simpson, star adulée de la NFL dans les années 70, commentateur sportif pour la chaîne NBC, acteur dans des publicités pour Chevrolet et Hertz et, au cinéma, dans la série Racines et la trilogie The Naked Gun, où il interprète un détective.

Cette vie de rêve continue quand il rencontre Nicole Brown, au physique d’actrice hollywoodienne, alors serveuse dans un night-club de Beverly Hills. Mais là s’arrête le conte de fée. Après deux enfants, sept ans de mariage et de multiples disputes, le couple divorce en 1992. Deux ans plus tard, Nicole est retrouvée morte, poignardée un soir devant chez elle, avec un ami qui l’accompagnait, Ron Goldman, tué lui aussi. Une enquête aboutit à l’arrestation d’O.J. et le procès commencera.

Près de trente ans plus tard, ce que je retiens de cette affaire qui a fortement marqué l’Amérique des années 90, ce sont non seulement les débuts de la sur-médiatisation de l’actualité, mais aussi combien les Américains restent profondément divisés sur la question raciale face à une justice sans cesse remise en question. L’acquittement d’O.J. Simpson a été une juste revanche sur l’affaire Rodney King qui l’avait précédé, où quatre flics blancs avaient été innocentés après avoir tabassé un automobiliste noir.

Depuis, il y a eu le mouvement Black Lives Matter et l’affaire George Floyd. Autrement dit, le débat est loin d’être clos.

Claude Budin-Juteau, correspondant d’Écran Total à Los Angeles