Le SCFP s’interroge sur l’usage de l’IA dans la restauration des oeuvres

29 mars 2024
Ce jeudi 28 mars, le Syndicat des Catalogues de Films de Patrimoine a questionné les intérêts et les dangers de l'intelligence artificielle dans la restauration des oeuvres, lors de son premier Rendez-vous du patrimoine cinéma,

Au Studio 28, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, le Syndicat des Catalogues de Films de Patrimoine a organisé son premier Rendez-vous du patrimoine cinéma ce jeudi 28 mars. Au menu du jour : le rôle de l’intelligence artificielle (IA) dans la restauration et la conservation des films. Tous les intervenants de la table-ronde vantent l’utilité de l’IA, pour restaurer un plus grand nombre d'œuvres, et de manière plus rapide et plus économique. Mais insistent sur la nécessité d’un contrôle humain.

Concrètement, l’IA peut améliorer l’étalonnage, la colorisation, la restauration de l’image (en enlevant un poil, des sous-titres d’une langue étrangère, en faisant progresser la profondeur, la définition, les détails…) et sonore (en isolant une piste audio pour mieux mettre en avant des dialogues jusqu’alors inintelligibles ou en enlevant des pistes audio pour des ciné-concerts…), ou l’upscaling (soit la mise à l’échelle d’une vidéo pour l'adapter à une définition plus grande que sa définition native). 

Pour Benjamin Alimi, directeur du Pôle Classics de Transperfect Médias, qui a encadré les restaurations d'Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d’Alain Chabat (sorti en 2002) ou de L’Exorciste de William Friedkin (sorti en 1974), l’enjeu n’est “pas d’améliorer le film”, mais de le “restituer dans sa version originale, tout en le rendant adéquat aux technologies utilisées actuellement par les diffuseurs.” Car c’est bien là l’un des intérêts (économiques) de la restauration : mieux diffuser les œuvres à la télévision, sur les plateformes et au cinéma. Leur donner une seconde vie en salles ou sur les écrans pixellisés. 

Besoin d’encadrement

De son côté, la CST (commission supérieure technique de l’image et du son) note que l’IA peut avoir un impact sur le traitement des métadonnées d’une œuvre : pour enrichir et contextualiser leurs métadonnées ou améliorer le traitement informatique des langues (traduction automatique). 

Mais certains voient d’un plus mauvais œil l’utilisation de l’IA, comme la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) qui craint un manque de transparence et de rémunération des auteurs. “Il faut mettre des garde-fous, défendre les auteurs, réaffirmer leurs droits face à toutes ces technologies pour que la machine ne supplante par l’humain et ne transforme pas son travail”, se justifie Isabelle Meunier de la SACD, qui est train de mettre en place une “Clause IA” dans les contrats. Cette dernière est néanmoins fortement critiquée par certains professionnels du secteur, car elle responsabilise “trop” les producteurs. Également à l’ordre du jour, l’enjeu de la labellisation : inscrire “Ceci est une œuvre généré par l’IA” sur les films pour gagner en transparence. À suivre.