Frédéric Mitterrand, des salles de cinéma au ministère de la culture

22 mars 2024
Ancien ministre de la Culture, réalisateur de documentaires, Frédéric Mitterrand est décédé ce jeudi 21 mars à l'âge de 76 ans.
Frédéric Mitterrand en 2017 à Paris. © AFP - FRANCOIS GUILLOT

Peu d’hommes auront eu une carrière aussi éclectique. Exploitant de salles, réalisateur, écrivain, animateur de télé et de radio, ministre de la culture, neveu de Président de la république… Frédéric Mitterrand est décédé le 21 mars à 76 ans.

Qui n’a pas à l’esprit, voire dans les oreilles, les envolées lyriques de Frédéric Mitterrand dès qu’il s’agissait de raconter les stars d’un cinéma mythique, souvent hollywoodien, qui a fait vibrer ses jeunes années. Il n’aura de cesse, dans ses livres et dans ses films, de célébrer cet art plus grand que la vie, le septième, qu’il aura célébré toute son existence. Témoin son dernier livre, Brad, consacré à l’acteur de Once Upon a Time… in Hollywood. Un livre en forme de vraie-fausse biographie qui tentait de percer le mystère d’un homme sans doute trop beau et trop doué pour être vrai.

Il ne faudrait pas forcément voir dans cet ouvrage l’essence de la mitterrandie version Frédéric mais enfin il y avait à la fois une élégance de style, une attirance immodérée pour un bel homme, une envie de surprendre son monde, peut-être de l’agacer, et un simple élan de fan. J’ai eu le plaisir de le rencontrer à la sortie de ce livre. L’homme était à la fois élégant et nostalgique, plein d’humour et de regrets. Un peu d’amertume sans doute et beaucoup d’auto-dérision.

Se dirigeant vers l’enseignement, Frédéric Mitterrand change de chemin et prend, en 1971, la tête de l’Olympic, salle de cinéma parisienne qui défendra un cinéma indépendant et classique. S’y dessine alors l’image d’un homme, cinéphile précis, parfois précieux, qui s’investira dans d’autres salles parisiennes. Ceci jusqu’en 1981, date de l’élection à la présidence de son tonton et de la réalisation de son premier film Lettres d’amour en Somalie, documentaire en forme de journal intime dont la modernité aurait toujours sa place aujourd’hui. La même année, il présente sur TF1, Etoiles et toiles, émission de cinéma qui brassait de la mythologie et de l’actualité en un mélange parfois surprenant, ou surréaliste, mais toujours sauvé par la facilité avec laquelle Frédéric Mitterrand, micro en main et verbe haut, retombait sur ses pieds.

Il réalisera des documentaires sur quelques personnages qui le fascinaient (de Christian Dior à Trump), écrira d’autres livres, et fera polémique avec Une mauvaise vie, apportera son soutien à Roman Polanski. Au Ministère de la culture, de juin 2009 à mai 2012, il œuvre pour le patrimoine, l’art vivant, le livre, assez peu le cinéma, ou met en avant idée de « culture pour chacun » contre le sempiternel « culture pour tous » ; il n’aura pas le temps de mettre en oeuvre son concept.

Après sa carrière politique, il se fait plus discret – il n’est pas élu à l’Académie française mais il est installé à l’Académie des Beaux-Arts – et continuera d’écrire.

Photo : Frédéric Mitterrand en 2017 à Paris © AFP - FRANCOIS GUILLOT