EFM 2024 : Les producteurs d’animation se sentent désormais écoutés

21 février 2024
Les vendeurs internationaux sont plus sensibles au cinéma d'animation qu'auparavant, mais le coût de production reste un obstacle.

L’industrie du cinéma offre une place grandissante à l’animation. Cela s’observe notamment sur le marché des ventes internationales. “Les vendeurs sont sensibles aux films d’animation désormais”, affirme le producteur canadien Galilé Marion-Gauvin, à la tête d’Unité centrale. “Quand je présente un projet de film d’animation, je suis écouté.” Il a notamment produit le long métrage Ville Neuve de Félix Dufour-Laperrière et coproduits plusieurs longs avec le France dont, dernièrement Saules aveugles, femme endormie de Pierre Foldes.  

Le producteur était l’invité d’un panel consacré au cinéma indépendant d’animation à l’EFM ce lundi, organisé en partenariat avec le festival d’Annecy. “Il y a dix ans, le nombre de vendeurs qui étaient présents à Annecy se comptait sur les doigts d’une main”, ajoute Benoît Blanchard, responsable des projets au Mifa d’Annecy. “Désormais, ils sont tous là.”

Mais cela ne veut pas forcément dire que les films d’animation trouvent plus facilement des partenaires. L’un des problèmes reste le coût de production, en moyenne trois fois supérieur à une fiction en live-action. “Produire un film trois fois plus cher, cela signifie que le minimum garanti doit être trois fois supérieur”, concède Ron Dyens, fondateur de Sacrebleu Productions. “Il est très difficile pour un vendeur international de rentrer dans ses frais.”

Un grand nom pour sortir du lot

Pour le producteur et distributeur italien Andrea Occhipinti, qui dirige Lucky Red, “il y a un intérêt grandissant” pour l’animation. Cependant, les projets doivent, pour sortir du lot, souvent être accolés à une personnalité connue. C’est notamment le cas pour I'm still alive, film produit par Andrea Occhipinti qui raconte la vie du célèbre journaliste Roberto Saviano, auteur de Gomorra, qui réalise lui-même le long métrage. Un tel pedigree lui a permis d’envisager un budget de 8 millions d’euros, coproduit entre l’Italie, la Belgique, Israël et la France. 

En l’absence d’un nom, ce sont les images qui doivent parler pour convaincre les acheteurs. “Beaucoup de gens ont des difficultés à analyser un scénario d’animation ou un storyboard”, raconte Ron Dyens. “Ils regardent avant tout la qualité du dessin.”
C’est pourquoi les vendeurs ont besoin de beaucoup de matériel. “Notre vendeur fait un très bon travail”, commente Nidia Santiago, productrice chez Ikki Films, actuellement en production d’Amélie ou la métaphysique des tubes. Le mandat international a été confié à Gebeka, qui a déjà vendu le film dans deux pays d’Asie. “Nous avons déjà 20 minutes d’animation et une animatique, qui est très importante pour les ventes. Nous travaillons sur un package plus complet à montrer à Cannes.” La fabrication du film doit se terminer en décembre.