Du ballon au bilan - L'Edito d'Eric Libiot

20 décembre 2023
Eric Libiot, rédacteur en chef d'Ecran total, livre son point de vue sur la semaine écoulée et sur les enjeux de celles à venir.

Foot, rugby… Rugby, foot… Le sport est le roi de l’audimat sur les chaines, cette année comme l’année dernière. Et puisque c’est TF1 qui détenait les droits du Mondial de foot en 2022 et de ceux du Rugby en 2023, c’est TF1 qui gagne à la fin. Mais il est possible que France Télévisons prenne sa revanche l’année prochaine avec les Jeux Olympiques ; si le ballon semble avoir les faveurs du public, il faut tout de même regretter, dans un genre proche, que le comité France Olympique ait refusé d’inscrire la pétanque comme discipline de démonstration d’autant que le jeu de boule était présent aux J.O. de 1900 (opinion légèrement personnelle).
Après le sport, les séries. Et par ordre d’arrivée au palmarès, HPI (TF1), Panda (TF1), Balthazar (TF1), Master Crimes (TF1), Alex Hugo (F3), Capitaine Marleau (F2), Astrid et Raphaëlle (F2). De l’ancien et un peu de nouveau. La déclaration du président de la République sur les retraites, le 22 mars, et l’élection de Miss France, le 16 décembre (ne pas confondre l’un avec l’autre), les deux sur TF1, viennent se glisser dans le Top 50. Rien que de très classique. Si ce n’est une tendance du palmarès qui se confirme nettement : la disparition des séries américaines sur les chaines linéaires, qui firent les beaux jours de l’Audimat il y a quelques années. Alors que le genre cartonne sur les plateformes. C’est d’ailleurs là que la révolution sérielle (sujet, narration, enjeux dramatiques) s’épanouit. Le jeune public, que les chaines historiques se désespèrent de récupérer, se balade plus facilement sur Netflix ou Amazon - sans compter le paysage digital dans son ensemble. C’est un des grands enjeux de 2024 pour TF1, France Télévisions ou M6 : satisfaire un public fidèle vieillissant et (en même temps ) draguer un public adulescent volatile. La nouvelle configuration de leur plateforme respective, dont ils parlent depuis quelques mois, devrait les y aider ; encore faut-il que les propositions éditoriales suivent. Dans le domaines des séries, il y a encore du boulot (qualitatif) mais un léger frémissement se fait sentir. Les meilleures séries de l’année se partagent les écrans : Sambre (F2), Polar Park (Arte), D’argent et de sang (Canal +), Tapie (Netflix), Tout va bien (Disney +), Salade grecque (Prime)…
Le cinéma, lui, ne va pas si mal. La fréquentation a encore des hoquets selon les semaines mais elle continue sur sa lancée pour tenter de retrouver les chiffres d’avant le Covid. Coté bannière étoilée, les super-héros s’écrasent au sol alors qu’ils sont censés voler dans l’espace sans problème. Tout fout le camp. Les studios ont trop tiré sur la photocopieuse et pris les spectateurs pour des moutons (option rassurante finalement). Côté drapeau tricolore, il est possible de s’applaudir. Les succès et les (bonnes) surprises, qui sont parfois les mêmes, dessinent en de belles formes un paysage cinématographique français : Je verrai toujours vos visages, Les trois mousquetaires, Anatomie d’une chute, Le Règne animal, Sur les chemins noirs, L’Amour et les forêts, La syndicaliste…
Surtout, la nouvelle génération de producteurs et cinéastes qu’Écran Total a pu rencontrer ces derniers mois semble décidée à faire feu de tout bois (film, série, animation) et à remettre les scénaristes au centre du jeu. Il manque encore une politique volontariste sur ce terrain mais on avance. En attendant… Meilleurs voeux 2024.