Annecy 2023 : Le pari “Sirocco” en ouverture

9 juin 2023
Pour lancer les festivités, le Festival a choisi Sirocco et le Royaume des courants d’air, premier long réalisé en solo par Benoît Chieux. Son producteur, Ron Dyens (Sacrebleu Productions) évoque la genèse du projet et les multiples actualités de sa société à Annecy.
Sirocco

C’est une œuvre singulière qui ouvre le Festival d’Annecy cette année. Sirocco et le Royaume des courants d’air est le premier long métrage réalisé en solo par Benoît Chieux, co-réalisateur de Tante Hilda et nommé aux César pour son court Le Jardin de Minuit. Ce film, sorti en 2016, marquait la première collaboration entre le cinéaste et Sacrebleu Productions, la structure de Ron Dyens. Ils ont ensuite travaillé sur un autre court, Cœur fondant, avant de se lancer dans la fabrication du long métrage.

Sirocco, qui sortira en salles le 13 décembre prochain, distribué par Haut et Court, est en réalité en projet depuis une dizaine d'années. Il avait été présenté une première fois à Cartoon Movie, porté à l’époque par Folimage. “J’étais d’abord intéressé pour coproduire puis Jacques-Rémy Girerd [le fondateur de Folimage] m’a finalement proposé de devenir le producteur du projet”, raconte Ron Dyens. “J’ai accepté avec joie !”

Si le projet a mis autant de temps à aboutir, c’est en partie car trouver les financements a été difficile. “Nous n’avons eu aucune télévision, ni l’aide d’Eurimages, ni l’avance sur recette”, regrette Ron Dyens. “Certaines personnes étaient très enthousiastes au sein des télévisions mais cela n’a pas suffit.” Le producteur regrette que le nombre de projets accompagnés par les chaînes reste le même, alors que le champ de l’animation ne cesse de s’étendre, notamment vers les ados et les adultes. “Ce qui est très bien !” Les télévisions “ont peut-être tendance à privilégier les films familiaux et à trouver le nôtre trop enfantin”, analyse le producteur.

Un budget serré

Le film a tout de même pu compter sur l’aide de la Procirep-Angoa, du CNC, des régions Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Grand Est, Réunion et Centre-Val de Loire (via Ciclic), ainsi que de la Sacem. Pour boucler le budget, le producteur a dû investir en fonds propres et accueillir un deuxième producteur délégué, Ciel de Paris (Cilvy Aupin), et un coproducteur belge, Take Five (Gregory Zalcman).

Initialement prévu avec un budget de 6 millions d’euros, le film a finalement été produit pour 4,8 millions d’euros. “On a été obligé de faire le travail avec peu d’argent, malgré un réalisateur très exigeant. Et c’est tout à son honneur !”, affirme Ron Dyens.

Sirocco raconte comment deux filles, Juliette (quatre ans) et Carmen (huit ans), découvrent un monde fantastique, le Royaume des Courants d’Air, qui n’est autre que le lieu où se déroulent les histoires racontées dans les livres écrits par leur voisine, Agnès. Dans ce monde extraordinaire, les deux filles prennent l’apparence de chats et découvrent le personnage de Sirocco, capable de contrôler le vent.

Le scénario est signé Alain Gagnol (Une vie de chat, Phantom Boy) et Benoît Chieux. “Le film a un discours enfantin, qui évolue pendant la narration, qui se complexifie au fur et à mesure”, raconte Ron Dyens. “Il questionne notamment les thèmes de l’amour et de la sororité.” Alain Gagnol a “travaillé à partir des images que Benoît avait en tête”, retrace le producteur. “Il y avait des dessins, une atmosphère, et il a construit une histoire à partir de là. C’est assez inédit.”

Le style d’animation en 2D mélange les influences japonaises et occidentales. Ce qui pourrait permettre au film de bien voyager à l’étranger. “Quand on a sorti le teaser, il y a eu un intérêt mondial”, affirme Ron Dyens. “Les gens venaient aussi bien du Japon que des Etats-Unis ou de l’Europe.” Les ventes internationales sont assurées par Kinology.

La fabrication a été partagée par six studios d’animation : Les Astronautes à Bourg-lès-Valence, Le Studio à Marseille, Parangon à Strasbourg, Gao Shan à La Réunion, et Squarefish et Enclume à Bruxelles. “Ce n’est jamais facile de travailler sur plusieurs régions”, estime Ron Dyens, d’autant plus que le temps de fabrication a été très court : 12 mois pour l’animation. “Jusqu’au dernier moment, on a essayé de trouver des financements.” Mais comme le projet avait Annecy 2023 en ligne de mire, “à un moment donné il fallait commencer la fabrication.” Le film a été terminé à la mi-mai. “Faire l'ouverture du festival, c’est une reconnaissance pour un travail très intense et pas facile, reconnaît Ron Dyens.

Sirocco n’est pas la seule actualité de Sacrebleu à Annecy. La société produit également un long métrage présenté en Work in Progress, Flow, réalisé par le Letton Gints Zibalodis. “On vient de lancer la fabrication sur Blender chez Le Studio à Marseille”, détaille Ron Dyens. Le film est coproduit avec la Lettonie et la Belgique. Sacrebleu présente aussi cette année le court métrage Maurice’s Bar en Compétition officielle, réalisé par Tom Prezman et Tzor Edery. Au Mifa, la société pitche son projet d’expérience immersive L’Etang, réalisée par Antoine Morières et Lucas Leonarduzzi. Enfin, Le Royaume des Oiseaux, premier long métrage du Brésilien Wesley Rodrigues, a pris part à la Résidence du Festival. Cette coproduction franco-brésilienne a déjà obtenu l’aide au développement d’Arte Cofinova et de la région Grand Est.