Clermont-Ferrand 2022 : 5 questions à… Anaïs Bertrand (SPI)

27 janvier 2022
Fondatrice de la société Insolence Productions et vice-présidente court métrage du SPI, Anaïs Bertrand commente les actions du syndicat.

Quelle sera l'actualité du SPI au Festival de Clermont-Ferrand ?

Après l’édition virtuelle de 2021, le SPI est heureux de retrouver le festival en présentiel. Comme il est de coutume, nous organiserons, le jeudi 3 février, un déjeuner pour nos adhérents réunissant diffuseurs, représentants des collectivités territoriales et institutionnels. Nous aurons également un temps d’échange l’après-midi, ouvert à tou.te.s les producteur.ice.s (adhérent.e.s ou non), qui portera sur plusieurs points, notamment le travail conduit avec le CNC autour de l’évolution des dispositifs de soutien.

Alors que la crise sanitaire perdure, comment se porte le secteur ?

Les aides de droit commun n’ont pas été très adaptées aux structures les plus fragiles et, à l’issue de deux ans de crise sanitaire et de difficultés à se projeter (nombre de tournages ont été repoussés ou mis à l’arrêt), il est compliqué pour les sociétés de production émergentes de poursuivre leur structuration alors que les conditions économiques sont instables. Les diffuseurs télévisuels sont donc plus que jamais des alliés et nous travaillons à protéger les cases dédiées à l’antenne. En revanche, nous déplorons la disparition de plusieurs festivals et l’incertitude du maintien de certains d’entre eux dans des conditions « normales », alors que la circulation des œuvres est essentielle. Mais tout cela n’empêche pas le court métrage français d’être dynamique et toujours très présent sur le marché international. Pour preuve, la présence de plusieurs films français short listés aux Oscars, dont Les Criminels, de Serhat Karaaslan (Tiresias Films) et Dans la rivière, de Weijia Ma (Les Valseurs). Face à un secteur en mutation, nous devons faire preuve d’encore plus de pugnacité et d’adaptabilité.

Quels sont vos dossiers prioritaires pour 2022 ?

Nous souhaitons discuter avec le CNC d’une réforme de l’aide au programme, de la place du court métrage en salles, mais également du passage du court au long. En parallèle, nous avons entamé certains « chantiers » en 2020 et 2021 que nous voulons poursuivre : nous demandons toujours la création d’un crédit d’impôt ouvert au court métrage et, bien sûr, nous continuons d’appuyer la mise en place d’un bonus parité pour le court, mesure soutenue par le Collectif 50/50 que nous remercions.

Les conventions SMàD [services de médias audiovisuels à la demande], conclues avec Netflix, Disney+ et Amazon début décembre 2021 par le CSA (devenu l'Arcom le 1er janvier 2022 après sa fusion avec l’Hadopi), n'ont pas pris en compte le court métrage…

Nous avions demandé l’intégration d’un quota court métrage dans le décret SMàD, puis au sein des conventions conclues entre les plateformes et le CSA. Dans ce cadre, nous avons plaidé la cause de l’émergence auprès du Ministère, du CSA et du CNC. Pour l’instant, rien ne s’est concrétisé. Nous entendons que le rapport de force n’est pas évident… Mais nous appelons à nouveau le soutien des pouvoirs publics sur le sujet dans le cadre des discussions entre les organisations professionnelles et les plateformes. D’autant que le court métrage est un format qui peut séduire, notamment les publics jeunes qui consomment différemment, si on prend soin de l’éditorialiser.

Le SPI a alerté sur le fait que le passage du court au long métrage était devenu plus compliqué à cause des conséquences de la crise sanitaire. Qu'en est-il aujourd'hui ?

L’accès aux distributeurs est devenu quasiment impossible. Si cela perdure, une grande partie des producteur.ice.s de courts métrages qui souhaitent passer au long métrage en seront empêchés. C’est l’avenir de toute une génération qui est en jeu. En outre, la baisse de la fréquentation des salles inquiète. Une réflexion est engagée avec les pouvoirs publics sur le financement de la production indépendante. Dans ce cadre, le sujet du passage du court au long est plus que jamais d’actualité.

Copyright : Géraldine Aresteanu.