Concentration des médias : Vincent Bolloré joue la carte du “petit nain” français face aux géants américains

20 janvier 2022
L'actionnaire majoritaire du groupe Vivendi était auditionné par la Commission sénatoriale d’enquête sur la concentration des médias en France.
Vincent Bolloré

Face aux sénateurs ce mercredi, Vincent Bolloré n’a pas manqué de minimiser la taille de Vivendi face à ceux qu’il désigne comme ses concurrents - les géants du numérique et les conglomérats américains des médias - et son implication au sein du groupe dans lequel il n’a, officiellement, plus qu’un rôle de conseil. Le milliardaire breton est le premier industriel à passer devant la Commission d’enquête sur la concentration des médias en France. Suivront Bernard Arnault, ce jeudi, puis Arnaud Lagardère et Xavier Niel à une date ultérieure, leurs auditions prévues cette semaine ayant été annulées.

“Le groupe Vivendi est en réalité un petit nain”, a ainsi asséné Vincent Bolloré, présentation Powerpoint à l’appui. Le groupe français ne pèse en effet que 15 milliards de dollars de capitalisation boursière, quand les mastodontes américains et asiatiques comme Disney, Amazon, Tencent ou Apple, sont valorisés plusieurs centaines voire plusieurs milliers de milliards de dollars. “Le Vivendi d’aujourd’hui est infiniment plus petit que celui d’il y a vingt ans”, insiste même l’homme d’affaires.

“Le cinéma français n’a plus d’inquiétude”

“C’est vrai que nous avons grandi”, admet Vincent Bolloré, qui ne cache pas son ambition de faire de son groupe un champion européen des contenus capable de rivaliser avec ces géants mondiaux. “C’est uniquement un projet économique. Dans le monde, le secteur des médias est le deuxième plus rentable après le luxe. Notre intérêt n’est pas politique, pas idéologique. Pendant que nous bougeons, les concurrents américains bougent encore plus vite”, a insisté Vincent Bolloré, prenant comme exemple le rachat il y a quelques mois du studio MGM par Amazon et l’acquisition cette semaine du géant des jeux vidéo Activision Blizzard par Microsoft.

Vincent Bolloré a aussi défendu son bilan, rappelant aux sénateurs sa précédente venue au Palais du Luxembourg, en 2014. “A l’époque il y avait une crainte que Canal+ devienne Canal-”, avec une inquiétude sur le montant des investissements du groupe dans le cinéma. “Je pense qu’il y a une grande satisfaction dans les équipes de savoir maintenant que le groupe va bien, qu’il peut investir”, se félicite le milliardaire. “Le cinéma français maintenant n’a plus d’inquiétude sur Canal+. Et je pense que ce qui a été fait par Arnaud de Puyfontaine chez Vivendi et Maxime Saada chez Canal est bien”, affirme-t-il en référence à l’accord récemment signé entre la chaîne et la filière cinéma.

“Il y a un grand pluralisme aujourd’hui”

Interrogé sur sa réputation d’actionnaire interventionniste qui fixerait la ligne éditoriale de ses médias, Vincent Bolloré nie en bloc : “Je n’ai pas le pouvoir de nommer qui que ce soit à l’intérieur des chaînes. Je peux proposer, donner mon avis. Mais si quelqu’un ne veut pas, il ne le suivra pas.” Au sujet de la chaîne CNews, le milliardaire insiste sur le fait que la chaîne ne représente qu’une petite partie des activités du groupe Vivendi. “On pourrait dire une chose ou une autre sur mes avis politiques, le groupe est tellement vaste. On pourrait par exemple dire que je suis déconstructionniste, "woke". Le pronom "iel" c’est le Petit Robert, c’est Editis, donc c’est Vincent Bolloré.”

Quand un sénateur lui pose la question du pluralisme des médias, l’homme d’affaires, qui se définit comme un démocrate chrétien dont la liberté fait partie de l’ADN, affirme qu’il “trouve qu’il y a un grand pluralisme aujourd’hui”. Avant de recentrer la discussion sur ses concurrents désignés : “le vrai danger ce sont les GAFA, qui ont un poids considérable et qui passent par des tuyaux non contrôlables."