5 questions à Marine Bergère

17 novembre 2021
La productrice évoque son parcours ainsi que la production et la sortie du nouveau film de Jean-Christophe Meurisse, Oranges sanguines, présenté en Séance de Minuit au Festival de Cannes.

Comment êtes-vous devenue productrice ?
J’ai suivi des études de journalisme à Lyon avant d’enchaîner des stages dans la presse spécialisée dans le cinéma, notamment chez Allociné et Studio, avant d’intégrer la programmation cinéma de Canal+ puis le pôle vidéo d’Ad Vitam. J’ai par la suite intégré  l’équipe développement d’Albertine Productions puis de Rectangle Productions avant de fonder ma société, Mamma Roman Productions, avec mon associé Romain Daubeach. Oranges Sanguines est notre premier long métrage.

Qu’est ce qui vous a convaincu d’accompagner Jean-Christophe Meurisse dans la réalisation de ce film ?
Je ne connaissais pas son travail au théâtre. En lisant son scénario, je m’attendais à découvrir un projet de pièce filmée. Un dispositif qui ne m’intéresse guère. Or j’y ai immédiatement décelé un vrai potentiel de cinéma, avec de grandes intentions de mise en scène. Ce n’est pas un film adressé exclusivement aux cinéphiles. Il dispose d’une puissance cinématographique assez jubilatoire grâce à ses influences très variées, de Claude Sautet aux frères Coen en passant par Quentin Tarantino.

La crise sanitaire a t-elle perturbé la production ?
Les partenaires ont été rassemblés après le premier confinement et le tournage a débuté durant le deuxième. Ce n’est pas tant la crise qui a rendu le financement complexe mais plutôt la singularité du film qui mélange les genres. L’histoire débute comme une comédie puis s’oriente vers quelque chose de plus horrifique. Beaucoup de partenaires que nous avons approché ont été déstabilisés par cette liberté de ton et ne nous ont pas suivi. D’autant plus que Jean-Christophe Meurisse dirige ici des comédiens de théâtre qui ne sont pas identifiés du grand public. Nous avons néanmoins bénéficié du soutien de notre coproducteur Rectangle Productions, de notre distributeur The Jokers, de Canal+, de Ciné+, de notre vendeur international Best Friend Forever (BFF), des Soficas Cinémage et Cofinova, ainsi que des régions Bourgogne et Île-de-France. Ce qui nous a permit de produire le film pour exactement 1.952.000 €.

Le film est distribué sur 62 copies dont cinq à Paris. Êtes vous satisfaite de ce plan de sortie ?
Un réel enthousiasme s’est emparé des spectateurs qui ont découvert le film mais aussi des médias aussi variés que Le Monde, Télérama, le JDD ou BFM. Cela nous a rendu confiant jusqu’à ce que notre distributeur, The Jokers, nous fasse savoir que les programmateurs des grands circuits d’exploitation rejetaient le film. Ils craignaient que le changement de ton du film puisse déconcerté leur public. C’est d’autant plus dommageable que les propositions singulières se font rares. Or le public semble très demandeur de cette typologie de cinéma. Autant j’accepte le fait que le film puisse diviser mais je suis triste qu’on ne lui donne pas sa chance et qu’on ne le présente même pas, ou très peu, au public. Un tel geste de cinéma mériterait d’être davantage soutenu. Évidemment il ne faut pas le laisser à l’affiche durant des semaines si le public ne s’y intéresse pas. Mais ne pas le programmer et ne pas lui laisser sa chance dès sa sortie est vraiment regrettable.

Quels sont vos projets ?
Nous avons produit une série originale Canal+ de Blanche Gardin, La meilleure version de moi-même, qui sera diffusée en décembre. Nous coproduisons les prochains films de Jean-Christophe Meurisse et Julien Guetta ainsi que le premier long métrage de Daouda Diakhaté. Par ailleurs, Romain Daubeach et moi-même sommes également associés avec Jean-Bernard Marlin dans sa société Vatos Locos Productions et avec laquelle nous coproduisons son prochain film avec Bruno Nahon, d’Unité de Production.