Aux Rencontres de l'ARP, "la culture, actif stratégique en Europe ?"

3 novembre 2021
Les cinéastes de l'ARP, Charlène Favier et Christian Carion, ont ouvert ces Rencontres de l'ARP qu'ils coprésident.

Les Rencontres de l’ARP se sont ouvertes ce mercredi 3 novembre au Touquet. Les coprésidents Christian Carion et Charlène Favier ont rappelé, en guise d’introduction, à quel point la situation actuelle était difficile pour l’industrie, et notamment pour les salles à travers le monde. Pour preuve, le nouveau film de Christian Carion, My Son, n’a pu sortir dans les cinémas américains où 30% des établissements cinématographiques ont fermés : « cela interroge notre nouveau monde et la place qu’y occupe les salles, le poids des plateformes et les équilibres que nous devons bâtir pour préserver le cinéma que nous aimons ».

Le premier débat portait sur la nécessité pour la culture d’être un actif stratégique pour l’Europe et sur la politique à mener pour protéger une « souveraineté culturelle européenne ouverte » dixit Charlène Favier à l’heure où les salles sont fragilisées et que les plateformes montent en puissance.

Le Président du directoire de MK2, Nathanaël Karmitz, a énoncé le fait que chaque pays européen avait une définition propre et unique de la culture en relevant les différences importantes des aides accordées par chaque État européen pour la préservation de ses actifs culturels : « le gouvernement a incroyablement soutenu nos salles alors que l’Espagne n’a investi que dix millions d’euros dans la préservation de ses cinémas qui sont davantage considérés comme des lieux d’Entertainment que de culture. Dans ce contexte, nos principaux actifs stratégiques sont nos catalogues de films et nos salles ».

Une remarque sur laquelle n’a pas manqué de réagir Sabrina Joutard, Présidente du Syndicat des Catalogues des Films de Patrimoine, qui a énoncé le besoin d’une politique ambitieuse pour préserver les œuvres patrimoniales dont la conservation numérique engendre des coûts si importants pour les sociétés que ces dernières pourraient disparaître au cas où ces œuvres ne seraient exploitées commercialement.

De son côté, le Président d’Arte France, Bruno Patino, a déclaré que la priorité de l’Europe était de se doter d’une multiplicité d’instruments qui puissent faire découvrir la culture européenne au plus grand nombre tant il y a d’appétence pour cela : « Qu’est ce qui empêche les salles de cohabiter avec les plateformes ? Nous ne pouvons plus ignorer les nouveaux usages. Bien sûr que les salles doivent être protégées mais, pour autant, j’espère que des plateformes européennes verront bientôt le jour tant il y a de films à montrer et tant il y a de l’appétence pour ces derniers. C’est dans cette logique que nous avons développé notre offre de replay dans une stratégie de « plateformisation » mais sans que cela ne soit en remplacement de notre chaîne ou des salles de cinéma. Nous devons créer des outils qui soient en lien direct avec le public pour lui faire découvrir la création européenne dans toute sa diversité ».