Quatre questions à Xavier Albert (Universal)

30 juin 2021
Le directeur général de Universal France évoque la sortie du film d’Anne Fontaine, Présidents, et témoigne de la nouvelle ligne éditoriale qu’il a mit en place pour les rares films français qu’il distribue. Sans oublier d’aborder les chiffres de la reprise.

Comment Universal Pictures France s’est-il engagé sur cette nouvelle comédie française ?

C’est une aventure assez originale et inattendue. Les signaux étaient positifs dès le départ. Il est d’ailleurs amusant qu’il s’agisse du 18ème film d’Anne Fontaine et de la 18ème acquisition française de Universal. Tout s’est enchaîné de manière très limpide. Anne a écrit le scénario durant le premier confinement. J’ai reçu le script quelques semaines plus tard et l’ai partagé avec mes équipes. Nous avons tous été séduit par l’originalité du propos, l’intelligence de l’écriture, les dialogues très ciselés, la finesse du propos et la rareté du projet qui est une sorte de fable décalée. À tel point que nous avons signé avec le producteur Philippe Carcassonne dès la fin du confinement.

Vous aviez distribué trois films français en 2017 mais aucun en 2018 puis vous avez reprit en 2019 avec Les Crevettes Pailletées. Quelle ligne éditoriale souhaitez vous défendre via ces œuvres françaises ?

Nous avons interrompu la distribution de films français en 2018 car nous avions besoin de réajuster notre ligne éditoriale sur cette typologie de films. Aujourd’hui, nous nous concentrons principalement sur des comédies qui ont du cœur, du fond et qui portent un discours alors que nous étions précédemment sur des comédies « high concept ». Je souhaitais aborder la comédie pour ne pas nous « auto cannibaliser » avec notre propre line up qui est déjà très chargé. D’autant plus que la comédie est le seul segment que l’on ne trouve pas directement dans les films de notre studio. Nous avons donc sortis Les Crevettes Pailletées en 2019 avec le succès que l’on connaît (NDLR : 580 000 entrées). Nous distribuerons d’ailleurs la suite l’année prochaine, La Revanche des Crevettes Pailletées, et nous nous sommes récemment engagés sur l’adaptation du roman de Gilles Legardinier, Complètement Cramé.

Vous allez sortir une vingtaine de films d’ici la fin de l’année. Pensez-vous pouvoir tenir un tel rythme ?

Nous sommes un studio prolifique. C’est notre stratégie. Nous continuons de croire ardemment en la salle de cinéma et cherchons à privilégier cette dernière. Peu importe la chronologie des médias et quel que soit le territoire. De fait, nous sommes un des distributeurs à avoir été les plus impactés par cette crise tant nous avons été contraint de stocker des films que nous allons enfin pouvoir sortir au fil des mois à venir. Nous pouvons heureusement nous appuyer sur une diversité incroyable, de films d’auteur aux films d’animation en passant par les films d’horreur et d’action. Sans oublier nos franchises : Fast and Furious, James Bond, Halloween ou Tous en scène. Nous allons beaucoup travailler et gérer au mieux la situation en nous adaptant au marché et en donnant la priorité à nos films les plus importants.

Quelle analyse portez vous sur les chiffres de la reprise ?

L’été sera une étape importante pour comprendre où le marché se situe véritablement car nous sommes encore dans une période de reprise, avec des particularités très fortes de saisonnalité comme la météo et l’Euro. Il sera intéressant de voir à quel point le cinéma français portera le marché puisqu’il sortira des films très importants comme Kaamelott, OSS 117 et Bac Nord alors qu’il est habituellement plus en retrait durant cette période. À l’inverse, l’offre du cinéma américain sera un peu moins présente que les années précédentes. Pour l’instant, les indicateurs sont très solides et montrent clairement l’appétence des spectateurs à revenir en salles. Même si nous peinons encore à faire revenir la cible des seniors qui se rend pourtant beaucoup au cinéma. Nous devons analyser les raisons. Néanmoins, après avoir échanger avec mes confrères distributeurs sur les autres territoires, je constate que nous sommes un marché encore très privilégié et où la reprise a été la plus forte. C’est encourageant.