"La France peut être notre passerelle vers l’Europe": Hong Kong renforce ses ambitions de coproductions à Cannes
Quelles opportunités voyez-vous pour développer les coproductions entre les cinéastes hongkongais et les studios français ?
S’ouvrir à la France, c’est accéder à l’un des marchés cinématographiques les plus vastes et les plus influents au monde. Collaborer avec des studios et des auteurs français nous permet de faire rayonner la richesse du cinéma hongkongais, tout en renforçant les échanges culturels.
Hong Kong bénéficie d’un positionnement unique : grâce à l’accord CEPA (Closer Economic Partnership Arrangement) entre la Chine continentale et Hong Kong, nous offrons aux producteurs français une passerelle stratégique vers le marché chinois. À l’inverse, la France peut être pour nous une porte d’entrée vers l’Union européenne.
Nous avons une solide expérience en matière de coproduction, surtout avec la Chine et nos voisins asiatiques. Mais aujourd’hui, l’heure est venue de s’ouvrir à d’autres horizons.
Dans ce cadre, nous avons lancé le Hong Kong-Europe-Asian Film Collaboration Funding Scheme, qui propose jusqu’à 1,1 million de dollars US par projet sélectionné. Ce dispositif s’accompagne d’une présence renforcée sur les scènes internationales : nous multiplions les délégations dans les festivals et marchés pour stimuler les partenariats concrets.
Quel rôle joue le Festival de Cannes dans le renforcement des liens culturels et industriels ?
Cannes est un rendez-vous incontournable. C’est la vitrine mondiale idéale pour promouvoir le cinéma et les talents de Hong Kong.
Cette année, nous avons conduit l’une de nos plus importantes délégations à ce jour. Nous avons organisé plusieurs tables rondes et séminaires pour encourager les coproductions internationales. Et nous avons soutenu cinq jeunes producteurs hongkongais dans le cadre de sessions de mise en relation avec leurs homologues de France, d’Italie, du Japon, de Thaïlande et de Corée.
Ces talents ont intégré le Producers Network officiel, participant à des conférences, des rendez-vous B2B et des événements de networking.
Sur le plan institutionnel, notre Cultural and Creative Industry Development Agency (CCIDA) a poursuivi ses échanges avec divers partenaires internationaux. En 2024, nous avons signé un protocole d’accord (MoU) avec le CNC à Cannes. Nous voulons consolider cette dynamique par de nouveaux projets concrets.
Quels sont les défis et les opportunités pour la distribution des films hongkongais en France ?
La barrière culturelle et linguistique reste un défi, notamment pour certains types de récits. Mais les films d’action hongkongais, en particulier les films d’arts martiaux, transcendent ces obstacles grâce à leur langage corporel universel.
C’est d’ailleurs ce qui fait leur force auprès du public français. Un bon exemple récent : Twilight of the Warriors: Walled In (九龍城寨之圍城), présenté en Séance de minuit à Cannes, a été distribué en salles en France seulement trois mois après sa première.
Mais le public français s’intéresse aussi de plus en plus à nos films dramatiques plus intimistes. All Shall Be Well (從今以後), qui a remporté le Teddy Award à la Berlinale, est sorti dans les salles françaises le 1er janvier dernier.
Pour renforcer cette dynamique, nous soutenons activement des programmes de projection en France, comme le Festival des 3 Continents à Nantes ou le Festival international des cinémas d’Asie de Vesoul. Les séances accompagnées de Q&A avec les cinéastes facilitent la rencontre entre le public français et nos œuvres.
Et avec notre partenariat officiel avec le CNC, nous sommes confiants dans le développement d’une stratégie de distribution pérenne sur le territoire.
Quelle est l’importance du public français pour le succès international des films hongkongais ?
La reconnaissance par le public français est précieuse. Elle valide non seulement la qualité artistique d’un film, mais elle peut aussi ouvrir la voie à une carrière internationale.
Je pense à un exemple emblématique : Tigre et Dragon (臥虎藏龍), coproduction entre Hong Kong, la Chine continentale, Taïwan et les États-Unis. Le film a débuté son parcours à Cannes, avant de triompher aux Oscars, aux BAFTA, aux Golden Globes…
Ce succès montre qu’un récit asiatique, s’il est bien accompagné et exposé, peut toucher les publics du monde entier.
Nous voulons poursuivre dans cette voie : faire de la France un partenaire privilégié, pas seulement pour vendre nos films, mais pour les coproduire, les faire circuler, les faire aimer.