Quai du Polar : Benjamin Dierstein (“Bleus, Blancs, Rouges”), “La cinéphilie m’a amené à raconter des histoires”

10 mars 2025
Benjamin Dierstein et son roman Bleus Blancs Rouges concourent au festival lyonnais Quais du Polar pour le prix Polar en série.
L'Edito d'Eric Libiot - Quai du Polar - (c) Pierre Abouchahla

Dans le cadre du Festival international Quais du Polar, Ecran total interroge chaque semaine l’un des nommés au prix Polar en série, qui récompense un roman noir, thriller ou polar francophone pour son potentiel d’adaptation en série audiovisuelle. Cette semaine, Benjamin Dierstein auteur du roman Bleus, Bancs, Rouges (Flammarion).

Synopsis. Printemps 1978 : la police française est sur les dents. Mesrine est en cavale, Action direct se lance dans une série d’attentats, le Service d’action directe (SAC) continue ses sales besognes… Deux jeunes policiers brillants et rivaux, Jacquie Lienard et Marco Paolini, sont au cœur de toutes ces affaires. Premier tome d’une (brillante) trilogie sur la France des années 70/80.

Comment est né ce projet titanesque ?

Ça faisait longtemps que j'avais en tête un roman sur la période 78-84 mais en élaborant mon plan, je me suis rendu compte que j’allais atteindre plus de 2500 pages. J'ai dû changer la structure de l’ensemble pour en faire une trilogie et je me suis lancé. Je traverse trois phases d'écriture. La première consiste à accumuler de la documentation : j’ai passé un an et demi à lire, à regarder des reportages, je me suis rendu aux archives nationales, aux archives de la préfecture de police et j’ai construit mon plan en détaillant mes personnages. Ensuite j'ai commencé à écrire. Là, j’y vais à l’instinct. C'est assez fiévreux. La troisième phase est celle de la réécriture : je passe et je repasse sur le texte.

Quel rapport entretenez-vous avec le monde des images ?

Je suis un fou cinéma. C'est ma première passion, plus que la littérature. Enfant et adolescent, j’ai vu énormément de films. J'aime autant Piège de cristal qu'Andreï Roublev. À la fac de cinéma, à Rennes, j'ai commencé à un mémoire sur Visconti puis j’ai écrit des scénarios de longs-métrages, dont un des 250 pages… Là encore, ça débordait. J’ai tout arrêté pendant dix ans. J’ai bossé dans la musique puis j’ai repris mon scénario qui est devenu mon premier roman [La Sirène qui fume, 2011]. La cinéphilie m’a amené à raconter les histoires. Concernant les séries, notamment françaises, je suis souvent déçu, mis à part Le Bureau des légendes et D’argent et de sang.

Vous avez une écriture très cinématographique, proche de celle de James Ellroy. Est-ce conscient ?

Oui, c'est évidemment volontaire. Je découpe les scènes très précisément et il y a beaucoup de dialogues. C'est de l'action pure sans psychologie si ce n’est celle du comportement. Je visualise la scène et je l'écoute aussi. Je fais attention au nombre de syllabes d’un mot, à sa forme, pour créer un rythme propre au texte qui va embarquer le lecteur. Sans vouloir essayer d'arriver à la cheville d'Ellroy, j’essaie de me rapprocher au maximum de sa force de frappe.

Comment imaginez-vous l’adaptation de Bleus, Blancs, Rouge ?

Il faudra sans doute faire des coupes pour une question de budget. Mais c'est tout de même très adaptable. Je rêverais de le faire moi-même. Ça serait forcément sous une forme de série : trois saisons pour l'ensemble de la trilogie…  J'ai déjà imaginé ce qu'il faudrait enlever, ce qu’il faudrait simplifier, les personnages qu'il faudrait fusionner…

Où en est d’ailleurs cette trilogie ?

Le troisième tome est encore en phase de réécriture. Le deuxième sortira en juin prochain ou à l’automne. Je suis déjà en période de recherche pour le prochain roman qui racontera

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