Hymne à la joie - l'édito d'Eric Libiot

4 décembre 2024
Le rédacteur en chef d'Ecran total revient sur les principaux faits de la semaine écoulée et les enjeux de celle à venir.
Hymne à la joie - edito (c) Pierre Abouchahla

Et pendant ce temps-là, personne ne sait ce qui va se passer. Le gouvernement Barnier devrait tomber, ses ministres avec, et tous les projets en cours partiraient alors illico à la poubelle. Notamment le dossier sur l’audiovisuel public, dont le financement pérenne a été voté mais qui regarde son avenir avec toujours plus d’incertitude. Sauf si Emmanuel Macron remet le couvert à Matignon avec les mêmes assiettes politiques. Une chose est sûre : il y aura des embûches à Noël et les repas de famille seront animés.

Si la France regarde son nombril tourner en rond et revenir au point de départ, l’Europe, elle, peut d’enorgueillir d’une belle réussite. Dans leur étude commune sur la mise en œuvre du décret pour les services de médias audiovisuels à la demande (SMAD), l’Arcom et le CNC ont jugé l’impact du dispositif trois ans après sa mise en oeuvre : c’est cadeau, c’est tout chaud et c’est “très positif” selon Olivier Henrard, président par intérim du CNC.

Si l’écosystème français a pour l’instant bien résisté à l’arrivée de ces concurrents, il a surtout démontré sa nécessité, son utilité et sa solidité.

Il faut saluer ce bilan à sa juste valeur. Les trois éditeurs de VàDA étrangers, Disney+, Netflix et Prime Video, ont “globalement respecté leurs obligations de contribution au développement de la production cinéma et audiovisuelle.” Ce qui n’était pas forcément gagné au départ. Si l’écosystème français a pour l’instant bien résisté à l’arrivée de ces concurrents, il a surtout démontré sa nécessité, son utilité et sa solidité. Comme quoi, l’Europe ce n’est pas si mal contrairement à ce que prétendent certains rassembleurs par trop nationaux. Le collectif, dont le SMAD pourrait être un des emblèmes, fonctionne toujours mieux quand les différents acteurs qui y participent, envisagent les dossiers dans leur ensemble et tiennent compte, en l’occurrence, des contraintes des uns, de l’ambition artistique des autres, et des mouvements économiques pour se mettre au service de l’offre et balayer les visées politiques qui n’envisagent qu’un court-termisme personnel. Tout n’est pas parfait dans ce dispositif ; l’animation et le documentaire souffrent pour l’instant d’un moindre investissement mais la route est déjà bien tracée.

La bonne fréquentation en salles du mois de novembre est aussi là pour confirmer la qualité du système français. Après un premier trimestre désastreux, dû au manque de productions américaines, les films français ont fait le boulot à partir du mois de mai grâce au Comte de Monte-Christo, à Un p’tit truc en plus, à Emilia Pérez puis à L’Amour ouf. Mais aussi à tous les autres, gros succès ou déceptions, qui contribuent, là encore, à maintenir l’offre à un haut niveau tant les goûts et les couleurs y trouvent leur place. Ce n’est pas pour rien si la part (estimée) du cinéma français sur les onze premiers mois de l’année atteint 46 % contre 34,2 % aux films américains et 19,8 % aux autres nationalités.

Et pendant ce temps-là, les candidats à la présidence du CNC devaient être reçus à Matignon. Selon Le Monde, ils seraient quatre officiellement déclarés : Olivier Henrard, Gaëtan Bruel, directeur de cabinet de la ministre de la culture, Florence Philbert, directrice générale des médias et des industries culturelles, Angélique Delorme, directrice générale déléguée adjointe du Musée du quai Branly. Au final c’est le président de la République qui décidera sur proposition du ou de la ministre de la culture. Qui pourrait changer de nom bientôt. Leçon du moment : le système doit être plus fort que les personnes.