L'œil de la rédaction : "Internet : a voté !"

18 juillet 2024
Un de nos journalistes revient sur un fait marquant du secteur et livre son analyse en toute... subjectivité. Cette semaine : le digital.
Tibo InShape

Durant la campagne des législatives, le youtubeur fitness Tibo InShape, a avoué dans une interview à Brut être ouvertement de droite. Il ne s’est pas arrêté là, indiquant qu’il accepterait d’être ministre des Sports si la proposition lui était faite. Inenvisageable sans doute, mais le premier youtubeur de France aurait-il des ambitions politiques ? “Je suis chef d'entreprise donc forcément, dans l'isoloir, je pense à mon intérêt propre et celui de mes proches”, a finement analysé celui chez qui on sent une âme de serviteur de la Nation. Au lendemain du second tour, il a même annoncé avoir voté pour l’ex-majorité présidentielle.

Dès l’annonce de la dissolution, les créateurs de contenus les plus connus de France ont pris la plume pour encourager les jeunes à aller voter. Parfois pour le Nouveau Front populaire. Jamais pour le Rassemblement national. Dans une lettre ouverte sur Instagram, où il compte 8,8M d’abonnés, Squeezie a appelé sa communauté à faire rempart à l’extrême droite. Comme lui, le vidéaste et rappeur Mister V (5M d'abonnés sur Instagram) ou l’influenceuse Paola Locatelli (2M) ont incité leurs abonnés à se déplacer les 30 juin et 7 juillet. Peut-être que ces prises de paroles ont eu un impact sur la jeunesse, alors que 58 % des 18-24 ans sont allés voter aux législatives, contre 40 % pour les Européennes.

Ces prises de positions n'ont rien d'étonnantes. De tous temps, les personnalités culturelles, de droite comme de gauche, ont pris parti. Mireille Mathieu ou Louis de Funès soutiennent Valéry Giscard d’Estaing en 1974. Pour François Mitterrand en 1981, ce sera Renaud. Ces engagements ont parfois eu des répercussions néfastes sur la vie des artistes. Comme ce fut le cas pour Faudel et Doc Gyneco, tous deux derrière Nicolas Sarkozy en 2007.

Les créateurs sont-ils davantage en prise avec la réalité ? Ces sorties médiatiques sont la preuve qu’ils se politisent aujourd’hui alors qu'ils craignaient de froisser une partie de leur communauté. Plus encore, des personnalités politiques naissent sur les réseaux sociaux. Comme Alice Cordier, à la tête du collectif d’extrême droite Némésis, désormais fréquemment invitée sur les plateaux de télé. Un jour peut-être, un élu viendra d’internet. La série Baron Noir, qui a déjà prouvé avoir un temps d’avance sur la réalité politique, met en scène dans sa dernière saison un blogueur anarchiste candidat à la présidentielle. D’ici là, gardons un œil sur nos réseaux sociaux, où fake news et messages de haine pullulent.