Comment la “Ferme des Bertrand” a cultivé son succès

5 mars 2024
Le long métrage de Gilles Perret rassemble en salles grâce à une importante campagne de promotion de terrain, amplifiée par l'actualité autour du monde agricole.

C’est le premier succès documentaire de l’année. Avec 191 000 entrées en vingt jours, La ferme des Bertrand, distribué par Jour2Fête est un petit phénomène art et essai. Le film est le premier en nombre d’entrées dans la carrière de son réalisateur, Gilles Perret. Il raconte, sur trois générations, le quotidien d’une exploitation agricole familiale, située dans le village haut-savoyard de Gilles Perret.

Pour le distributeur, Etienne Ollagnier de Jour2Fête, ce succès n’est pas une surprise. « Les films de Gilles font toujours entre 100 et 200 000 entrées. Il a un public fidèle qui le suit depuis des années », rappelle-t-il. On pense notamment à ceux coréalisés avec François Ruffin : J’veux du soleil en 2019 et Debout les femmes en 2021.

Comme à son habitude, le cinéaste a accompagné son documentaire  lors d’une importante tournée d’avant-premières. Il a participé à plus de 80 projections-débats avant la sortie. « On a commencé dès le mois d’octobre dans les cinémas les plus proches de la ferme, avec 10 dates consécutives en Haute-Savoie », raconte Gilles Perret. Cette première phase de projections a réuni 2000 spectateurs et permis de lancer le bouche à oreille. « Avant Noël, nous avons élargi aux départements voisins - la Savoie, le Rhône, l’Isère. Après la pause des Fêtes, nous avons continué tout le mois de janvier dans le reste du pays.” Résultat, le film a réalisé plus de 27 000 entrées en avant-première, avant la sortie nationale du 1er février.

Une base fidèle de spectateurs

Gilles Perret poursuit ses projections-débats depuis la sortie. Il atteindra 130 à 140 dates au total à la fin de la tournée mi-avril. « Je privilégie les salles locales, qui m’ont fait confiance depuis le début , commente le réalisateur qui entretient la proximité avec son public fidèle. Au fur et à mesure des avant-premières de mes films, je collecte des adresses mails. Aujourd’hui, nous avons une base de plus de 10 000 correspondants à qui j’envoie une newsletter. » Ces messages invitent le public à parler du film autour d’eux ou à mettre une note sur Allociné et Senscritique. « Les gens aiment être impliqués dans la vie d’un film, explique Gilles Perret. Il faut leur dire qu’ils ont un vrai pouvoir de prescription.”

En plus de ces habitués, le cinéaste a surtout pu attirer un nouveau public grâce au sujet du film. « C’était un peu une surprise. Plus il y avait de monde, plus la proportion de gens qui connaissaient mon travail diminuait, affirme Gilles Perret. Énormément de gens ont un lien avec le monde agricole. »

Et ce, même avant le début de la crise agricole actuelle, qui n’a fait que donner une visibilité supplémentaire à La Ferme des Bertrand. « La crise a multiplié par deux ou trois mes interventions dans les médias », ajoute le cinéaste. Le film a été mentionné dans 16 JT et le distributeur ne compte plus les passages radios. « Nous pensions obtenir une centaine de salles pour la première semaine, on en a eu 190 », se réjouit Etienne Ollagnier. Beaucoup d’entre elles programment le film sur peu de séance, mais avec une très bonne fréquentation à chaque fois. La moyenne par séance est autour de 30. « Habituellement, on est content quand on atteint 18 », précise Etienne Ollagnier. Déjà 650 salles ont diffusé le film, sur pas loin de 1000 réservations. « On peut monter à 1200 ou 1300, estime le distributeur. Il y a encore un peu de potentiel. Le patron de Jour2fête estime que le film peut aller jusqu’à 250 000 entrées.

Image : Gilles Perret, réalisateur de "La ferme des Bertrand" (photo Laurent Cousin).