Red Sea Film Festival : Les cinéastes au pays de l’Or Noir

10 décembre 2023
Parmi les films en compétition, 13 sont français ou coproduits avec la France sur les 76 projections de 2023.
JURY RED SEA 2023

JEDDAH, SAUDI ARABIA - DECEMBER 07: Jury members Joel Kinnaman, Freida Pinto, Baz Luhrmann, Amina Khalil and Paz Vega attend the red carpet on the closing night of the Red Sea International Film Festival 2023 on December 07, 2023 in Jeddah, Saudi Arabia. (Photo by Daniele Venturelli/Getty Images for The Red Sea International Film Festival)

L'Arabie Saoudite a misé gros sur le Festival de la Mer Rouge (Red Sea Film Festival) pour attirer les cinéastes du monde entier et cette troisième édition, organisée dans un contexte géopolitique tendu, ne déçoit pas. Le jury présidé par le cinéaste Baz Luhrmann et la présentation de films comme Ferrari de Michael Mann ont permis la présence sur le tapis rouge de célébrités mondiales, des marques de luxe et de la presse internationale. Il y avait aussi dans les couloirs du magnifique Ritz Carlton de Jeddah des Français à tous les étages. Producteurs, distributeurs, réalisateurs, institutionnels et prestataires ont inscrit Jeddah dans leur calendrier et sont venus nombreux.

Un programme dense pour les producteurs français

Parmi les films présentés en compétition, 13 sont français ou coproduits avec la France sur les 76 projections de 2023 et 5 sont en compétition officielle : Tiger Stripes de Amanda Nell Eu, Six Feet Over de Karim Bensalah, Inshallah un fils de Amjad Al Rasheed, Behind The Mountains de Mohamed Ben Attia et Backstage de Afef Ben.

Pour Nicolas Leprêtre (Georges Films), co-producteur d’Inchallah un fils, le Red Sea Film Festival n’est pas une découverte récente, il en est à son troisième passage et souligne que son retour est dû à “la qualité du Souk avec de nombreux professionnels de la région du Moyen-Orient et du Maghreb... C’est aussi, paradoxalement, l’occasion de se rapprocher de collègues et partenaires français, sa délégation étant toujours très bien représentée.”

Inchallah un fils est un film jordanien de Amjad Al Rasheed, coproduit avec The Imaginarium Films. Le film, qui sortira en France le 6 mars 2024 (Pyramide Distribution), est reparti avec le Prix de la Meilleure Actrice, pour Mouna Hawa.

Justement, du côté du Souk, l’engouement français pour le Red Sea est le même : 4 projets sélectionnés dans la section Project Market sont coproduits par la France et 3 dans la section Work in Progress. Plus de 80 invités de l’industrie française ont visité le souk et participé aux one-to-one meetings.

Pour Licia Eminenti, Responsable des programmes Projet Market & Work In Progress et responsable de la sélection du Project Market : “La coproduction est une manière de partager les savoir-faire et les expériences en matière de cinéma, et dans une certaine mesure, la culture de son propre pays. Nous avons travaillé pendant trois ans à la construction de ces ponts car nous croyons que ce sont des signes d’ouverture pour l’Arabie Saoudite et ils doivent être encouragés et alimentés.” Elle ajoute : “Tous les projets sélectionnés s’inspirent et inspirent la construction d’un monde plus humain. Et nous en avons besoin au regard des guerres et des atrocités dont nous sommes témoins actuellement.”

Fabrice Préel-Cléach, producteur chez OffShore, n’avait pu concrétiser sa venue lors d’une édition précédente, c’est donc naturel que “Pour une seconde sélection, nous nous soyons déplacés. Nous en profitons pour chercher des projets à coproduire, pour rencontrer des porteurs de projets avec des films formidables notamment ceux sortant de la sélection internationale et ceux de résidence du Red Sea Lodge,” souligne-t-il.

Le festival de la Mer Rouge est une occasion parfaite pour renforcer les collaborations avec l’Arabie Saoudite et dénicher de nouvelles opportunités. Dominique Boutonnat, président du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), présent sur place, nous explique : « Le festival et le marché du Red Sea sont devenus en trois ans un carrefour de la coproduction régionale. Des studios se développent en Arabie Saoudite et une jeune génération émerge, rompue à l’international, avec des histoires à raconter et des projets nombreux à développer. C’est le rôle du CNC, en lien avec l’agence française Afalula présente sur place, de créer des ponts entre les professionnels de notre industrie et ce secteur émergent et prometteur. Donc nous allons voir dans les prochaines semaines quelles coopérations opérationnelles peuvent se développer pour nos auteurs et nos entreprises ».

red sea 2°23

Les Collaborations internationales au cœur des conversations

La série n’est pas en reste, avec de nombreuses tables rondes et présentation de pitch organisées durant le festival, Netflix (Moyen-Orient) y a notamment présenté pour la troisième année consécutive son programme “Because She created”, une opération de communication visant à mettre en avant les réalisatrices du monde arabe. Francesco Capurro, directeur du forum de SeriesMania, a assisté à l’ensemble de ces programmes pour repérer les projets en développement et identifier les talents de la région. Son constat est encourageant et il nous confie : “beaucoup d'histoires étaient présentées par des femmes et portaient sur des sujets tels que l'émancipation féminine, la rupture avec la tradition, et j'espère porter certains projets à Lille en mars prochain pour trouver des partenaires européens.”

De nombreuses collaborations sont encore à peine naissantes et doivent trouver une place à côté des projets pharaoniques tels que Néom ou l‘ouverture du site archéologique Al Ula. C’est le rôle de l'organisation non gouvernementale présidée par Soha Alaharbi - Génénation 2030 qui organise depuis deux ans des rencontres franco-saoudiennes de Jeddah à Cannes (en passant par Annecy et Paris) pour favoriser l’essor de partenariats mais aussi faire rayonner les cultures saoudiennes et françaises de part et d'autre. L’une des opérations phares de l’organisation célébrée durant ce festival est l’échange académique organisé avec les Gobelins qui a accueilli et formé des étudiants Saoudiens aux techniques d'animation enseignées en France. “Nous avons participé à la formation de près de 75 étudiants saoudiens depuis l’été 2022 (dont 57 dans le secteur du cinéma) et nous ambitionnons de continuer à développer cette offre de formations dans un contexte de coopération grandissante entre la France et l’Arabie saoudite. Une première formation longue a été lancée en novembre 2022 aux Gobelins Paris pour permettre à 15 Saoudiens d’étudier pendant 9 mois l’animation 3D à Paris - financée par MBC Academy. Ces étudiants se sont également rendus sur le Festival international du film d’animation d’Annecy, pour représenter cette industrie naissante et échanger avec les professionnels du secteur.”

La troisième édition du Festival de la Mer Rouge s'achève sur un succès certain, avec plus de 6 000 accrédités et plus de 40.000 billets vendus. Cette année, le festival a célébré la diversité du cinéma mondial avec divers pays et un programme industriel dynamique au Souk. La clôture du festival avec la première régionale du film Ferrari de Michael Mann et la présence remarquée de Nicolas Cage ont souligné l'importance croissante de cet événement dans le paysage international. Le Festival de la Mer Rouge s'impose désormais comme un rendez-vous incontournable.

 • 125 films présentés
  • 6 000 accrédités
 • 40 000 billets vendus
 • 348 projets soumis au Souk
 • 44 projets au Work in Progress
Chiffres clés
 • Temporary Lives de Wessam Hachicho produit par Amélie Quéret (Respiro Productions)
 • The Middle One de Sarah Almuneef produit par Séverine Tibi (Sevana Films)
 • Love Conquers All de Danielle Arbid produit par : Nadia Turincev (Easy Riders Films), Omar El Kadi (Easy Riders Films) et Georges Schoucair (Abbout Productions)
 • Sadness de Emmannuela Lalanga et Naël Marandin, produit par : Caroline Nataf (Unité)
 • The Return of the Prodigal Son de Rani Massalha, produit par :Marie Legrand (Les Films du Tambour) et Habib Attia (Cinétévéfilms)
• The Stranger de Gaya Jiji et productuit par Laurent Lavolé (Gloria Films Production)
 • The Treasure de Abdellah Taïa productuit par : Ilham Raouf (Abel Aflam ) et Jean-David Lefebvre
 • Animale de Emma Benestan, produit par : Julie Billy et Naomi Denamur (June Films) et Frakas productions
Les projets français au Souk