Le Festival d'Angoulême compte des succès en nombre
Après son lancement en 2008, la manifestation angoumoisine s’est définitivement assurée une notoriété certaine en 2011 lorsque la présentation en grande pompe d’Intouchables a été suivie, quelques semaines plus tard, par le triomphe international que l’on connaît. Cette même année, Valérie Donzelli remportait d’ailleurs le Valois de Diamant avec La Guerre est déclarée, avant de séduire près de 900 000 spectateurs dans les salles françaises.
Deux ans plus tard, le premier long métrage de Guillaume Gallienne, Les Garçons et Guillaume, à table, était primé à son tour et enregistrait 3 millions d’entrées. Cela en fait, encore aujourd’hui, le plus important succès pour une œuvre récompensée du Valois suprême au Festival. Quelques mois après, le film était nommé à dix reprises lors de la Cérémonie des César, où il a remporté successivement les trophées de la meilleure première œuvre et du meilleur long métrage. L’année suivante, Hippocrate, de Thomas Lilti, faisait sensation dans la compétition angoumoisine, avant de séduire près d’un million de spectateurs.
En 2016, le film d’animation de Claude Barras, Ma Vie de Courgette, était à son tour primé du Valois de Diamant avant de réunir plus de 800 000 petits et grands devant les écrans français et de remporter le César de la meilleure adaptation puis du meilleur film animé. Sans oublier d’être nommé aux Golden Globes. L’animation pour adultes a encore fait les beaux jours du Festival trois ans plus tard avec le succès des Hirondelles de Kaboul, récompensé par le grand prix mais aussi pour sa musique, malgré des résultats en salles plus modestes mais néanmoins satisfaisants compte tenu de l’âpreté du récit.
Un public séduit par des propositions novatrices
L’une des particularités du Festival d’Angoulême est de donner toute sa place au renouvellement des talents. Ainsi, bon nombre de cinéastes ont été révélés dans la compétition officielle avant d’être découvert par le grand public, de Valérie Donzelli à Thomas Lilti en passant par Guillaume Gallienne, mais aussi des auteurs comme Hubert Charuel ou Jean-Bernard Marlin. Le premier avait fait sensation en 2017 avec Petit Paysan par son approche originale du monde agricole, sous le sceau du thriller. Lauréat du Valois de Diamant et du meilleur acteur, le film avait ensuite remporté trois César, dont celui du meilleur premier long métrage, et avait séduit plus d’un demi-million de curieux. De son côté, Jean-Bernard Marlin a connu un parcours presque similaire avec Shéhérazade, récompensé de trois prix à Angoulême (Valois de Diamant, Valois Magelis, Valois de la Musique) puis de trois César, dont celui du meilleur premier film.
Par ailleurs, on note que bien des films ayant intégré le palmarès sans pour autant remporter le prix ultime ont néanmoins connu des carrières prometteuses. On pense notamment à Papicha, lauréat du prix du public, du scénario et de la meilleure actrice, avant de remporter une nouvelle fois le César du meilleur premier long métrage. Ou encore Au nom de la terre, d’Edouard Bergeon, primé pour l’interprétation d’Anthony Bajon puis découvert par deux millions de spectateurs.
Depuis, le Festival a poursuivi sa mission de défrichage de nouveaux talents et a notamment permis de révéler des autrices comme Leyla Bouzid ou le duo Lise Akoka – Romane Guéret, successivement primées pour Une histoire d’amour et de désir et Les Pires. Malheureusement, la crise sanitaire aura eu des conséquences relativement dramatiques sur le cinéma d’auteur émergent. En effet, depuis 2020, rares sont les œuvres primées à Angoulême à avoir su rassembler un large public. Récemment, on pourrait toutefois citer Le Bleu du Caftan, récompensé l’an dernier pour la mise en scène de Maryam Touzani et l’interprétation de Saleh Bakri, qui a dépassé les 200 000 entrées. Et bien sûr, le thriller de Yann Gozlan, Boîte noire, qui n’avait certes pas reçu les faveurs du jury mais avait néanmoins remporté le Valois du public avant de rassembler 1,2 million de spectateurs.
Année | Valois du meilleur film | Réalisateur | Distributeur | Pays | Box-office France |
2008 | Mascarades | Lyes Salem | Haut et Court | Algérie | 76 011 |
2009 | C'est pas moi, je le jure ! | Philippe Falardeau | - | Québec | Non distribué |
2010 | Ilégal | Olivier Masset-Depasse | Haut et Court | Belgique - Luxembourg | 48 654 |
2011 | La Guerre est déclarée | Valérie Donzelli | Wild Bunch | France | 898 644 |
2012 | Catimini | Nathalie Saint-Pierre | - | Canada | Non distribué |
2013 | Les Garçons et Guillaume, à table ! | Guillaume Gallienne | Gaumont Distribution | France | 2 909 543 |
2014 | Hippocrate | Thomas Lilti | Le Pacte | France | 954 723 |
2015 | Much Loved | Nabil Ayouch | Pyramide Films | France - Maroc | 275 778 |
2016 | Ma Vie de Courgette | Claude Barras | Gébéka Films | France - Suisse | 826 289 |
2017 | Petit Paysan | Hubert Charuel | Pyramide Films | France | 547 025 |
2018 | Shéhérazade | Jean-Bernard Marlin | Ad Vitam | France | 156 033 |
2019 | Les Hirondelles de Kaboul | Zabou Breitman - Éléa Gobbé-Mévellec | Memento Distribution | France | 326 510 |
2020 | Ibrahim | Samir Guesmi | Le Pacte | France | 42 918 |
2021 | Une histoire d'amour et de désir | Leyla Bouzid | Pyramide Films | France | 39 434 |
2022 | Les Pires | Lise Akoka - Romane Guéret | Pyramide Films | France | 53 169 |