Le Festival d'Angoulême compte des succès en nombre

24 août 2023
D’année en année, le Festival du Film Francophone d’Angoulême n’a cessé de s’affirmer comme le rendez-vous incontournable de la rentrée du cinéma français. Producteurs, distributeurs et réalisateurs savent combien la manifestation demeure une formidable rampe de lancement pour les films datés à la fin de l’été, ou dans le courant de l’automne.

Après son lancement en 2008, la manifestation angoumoisine s’est définitivement assurée une notoriété certaine en 2011 lorsque la présentation en grande pompe d’Intouchables a été suivie, quelques semaines plus tard, par le triomphe international que l’on connaît. Cette même année, Valérie Donzelli remportait d’ailleurs le Valois de Diamant avec La Guerre est déclarée, avant de séduire près de 900 000 spectateurs dans les salles françaises.

Deux ans plus tard, le premier long métrage de Guillaume Gallienne, Les Garçons et Guillaume, à table, était primé à son tour et enregistrait 3 millions d’entrées. Cela en fait, encore aujourd’hui, le plus important succès pour une œuvre récompensée du Valois suprême au Festival. Quelques mois après, le film était nommé à dix reprises lors de la Cérémonie des César, où il a remporté successivement les trophées de la meilleure première œuvre et du meilleur long métrage. L’année suivante, Hippocrate, de Thomas Lilti, faisait sensation dans la compétition angoumoisine, avant de séduire près d’un million de spectateurs.

En 2016, le film d’animation de Claude Barras, Ma Vie de Courgette, était à son tour primé du Valois de Diamant avant de réunir plus de 800 000 petits et grands devant les écrans français et de remporter le César de la meilleure adaptation puis du meilleur film animé. Sans oublier d’être nommé aux Golden Globes. L’animation pour adultes a encore fait les beaux jours du Festival trois ans plus tard avec le succès des Hirondelles de Kaboul, récompensé par le grand prix mais aussi pour sa musique, malgré des résultats en salles plus modestes mais néanmoins satisfaisants compte tenu de l’âpreté du récit.

Un public séduit par des propositions novatrices

L’une des particularités du Festival d’Angoulême est de donner toute sa place au renouvellement des talents. Ainsi, bon nombre de cinéastes ont été révélés dans la compétition officielle avant d’être découvert par le grand public, de Valérie Donzelli à Thomas Lilti en passant par Guillaume Gallienne, mais aussi des auteurs comme Hubert Charuel ou Jean-Bernard Marlin. Le premier avait fait sensation en 2017 avec Petit Paysan par son approche originale du monde agricole, sous le sceau du thriller. Lauréat du Valois de Diamant et du meilleur acteur, le film avait ensuite remporté trois César, dont celui du meilleur premier long métrage, et avait séduit plus d’un demi-million de curieux. De son côté, Jean-Bernard Marlin a connu un parcours presque similaire avec Shéhérazade, récompensé de trois prix à Angoulême (Valois de Diamant, Valois Magelis, Valois de la Musique) puis de trois César, dont celui du meilleur premier film.

Par ailleurs, on note que bien des films ayant intégré le palmarès sans pour autant remporter le prix ultime ont néanmoins connu des carrières prometteuses. On pense notamment à Papicha, lauréat du prix du public, du scénario et de la meilleure actrice, avant de remporter une nouvelle fois le César du meilleur premier long métrage. Ou encore Au nom de la terre, d’Edouard Bergeon, primé pour l’interprétation d’Anthony Bajon puis découvert par deux millions de spectateurs.

Depuis, le Festival a poursuivi sa mission de défrichage de nouveaux talents et a notamment permis de révéler des autrices comme Leyla Bouzid ou le duo Lise Akoka – Romane Guéret, successivement primées pour Une histoire d’amour et de désir et Les Pires. Malheureusement, la crise sanitaire aura eu des conséquences relativement dramatiques sur le cinéma d’auteur émergent. En effet, depuis 2020, rares sont les œuvres primées à Angoulême à avoir su rassembler un large public. Récemment, on pourrait toutefois citer Le Bleu du Caftan, récompensé l’an dernier pour la mise en scène de Maryam Touzani et l’interprétation de Saleh Bakri, qui a dépassé les 200 000 entrées. Et bien sûr, le thriller de Yann Gozlan, Boîte noire, qui n’avait certes pas reçu les faveurs du jury mais avait néanmoins remporté le Valois du public avant de rassembler 1,2 million de spectateurs.

AnnéeValois du meilleur filmRéalisateurDistributeurPaysBox-office France
2008MascaradesLyes SalemHaut et CourtAlgérie 76 011
2009C'est pas moi, je le jure !Philippe Falardeau-QuébecNon distribué
2010IlégalOlivier Masset-DepasseHaut et CourtBelgique - Luxembourg48 654
2011La Guerre est déclaréeValérie DonzelliWild BunchFrance898 644
2012CatiminiNathalie Saint-Pierre-CanadaNon distribué
2013Les Garçons et Guillaume, à table !Guillaume GallienneGaumont DistributionFrance2 909 543
2014HippocrateThomas LiltiLe PacteFrance954 723
2015Much LovedNabil AyouchPyramide FilmsFrance - Maroc275 778
2016Ma Vie de CourgetteClaude BarrasGébéka FilmsFrance - Suisse826 289
2017Petit PaysanHubert CharuelPyramide FilmsFrance547 025
2018ShéhérazadeJean-Bernard MarlinAd VitamFrance156 033
2019Les Hirondelles de KaboulZabou Breitman - Éléa Gobbé-MévellecMemento DistributionFrance326 510
2020IbrahimSamir GuesmiLe PacteFrance42 918
2021Une histoire d'amour et de désirLeyla BouzidPyramide FilmsFrance39 434
2022Les PiresLise Akoka - Romane GuéretPyramide FilmsFrance53 169
Box-office des films primés à Angoulême