CNC: recul de la production audiovisuelle aidée en 2022

15 mai 2023
En 2022, le volume de production aidée par le CNC a marqué un recul par rapport à 2021, année record du fait d’un rattrapage post - crise Covid. Il ne retrouve pas le niveau antérieur à la crise.

En 2022, le CNC a soutenu la production de 4 005 heures de programmes audiovisuels français, selon le bilan de la production audiovisuelle aidée publiée par le Centre. Ce volume est inférieur de 12,6 % par rapport à 2021, année de rattrapage de projets n’ayant pas pu être tournés en 2020 du fait de la crise sanitaire, et en baisse de 5,8 % par rapport à 2019, année d'avant Covid. 

Le cumul des devis atteint 1,5 milliard d’euros, soit une baisse de 21,6 % par rapport à 2021 et de 6,4 % par rapport à 2019.

Logiquement, le montant des aides allouées à la production de programmes audiovisuels par le CNC recule aussi : il s’élève à 214,3 M€ (y compris compléments d’aides ou aides ultérieures et aides à l’écriture), en baisse de 20,5 % par rapport à 2021 et loin du niveau d’avant crise de 250,5 M€ en 2019). 

• La fiction demeure le premier genre aidé par le CNC à hauteur de 82,5 millions d’euros.

Elle représente 1 083 heures soutenues en 2022, au delà du niveau d’avant crise (1040 heures en 2019). 

Le poids croissant des feuilletons aux coûts horaires relativement faibles (403,7 K€ par heure en 2022), entraîne une baisse du coût horaire global de la fiction de 4,6 % par rapport à 2021 pour atteindre 803,4 K€ (-6,6 % par rapport à 2019). Hors feuilletons, le coût horaire des fictions aidées est stable à 1 182,7 K€ (-0,5 % par rapport à 2021) et en hausse de 1,5 % par rapport à 2011; 

L’apport des diffuseurs à la production d'œuvres de fiction à 538,6 M€ retrouve peu ou prou le niveau de 2018 (534,4 M€). Ils représentent désormais presque 62 % des apports en production de fiction, une part en hausse de 2,7 points, grâce à la contribution des plateformes étrangères.

La contribution des plateformes étrangères, suite à la mise en œuvre du dispositif expérimental Fonds sélectif plateformes (FSP), augmente significativement : elles ont investi 44,1 M€  2022 en préachats sur de la production déléguée indépendante en 2022 (à comparer à 2,7 M€ en 2021). “Les plateformes étrangères viennent désormais concurrencer le groupe Canal+ en termes d’apport horaire (respectivement 2 158,7 K€ et 1 139,1 K€)” indique le CNC.

• En animation, où les cycles de production s’étalent généralement sur deux ans, 2022 s’inscrit dans le bas du cycle : 221 heures d’animation ont été aidées en 2022, soit -38,1 % par rapport à une année 2021 particulièrement dynamique, et -25,0 % par rapport à 2019.

Ces 221 heures représentent 50 programmes, soit un niveau quasi équivalent à celui de 2019, et 1 618 épisodes soit un recul de presque 14% par rapport à 2019. “Il semblerait que les producteurs développent, en 2022, de nouveaux programmes avec un plus faible nombre d’épisodes” constate le CNC qui remarque aussi “ le poids important des séries courtes, de moins de 8 minutes”, deux facteurs qui contribuent à la baisse du volume horaire d’animation aidé. 

  • Le documentaire demeure le genre le plus aidé en volume même si le volume aidé en 2022 est au plus bas depuis 2014.

 Avec 1 669 heures aidées en 2022, le volume de documentaires aidé est pourtant en recul de 10,7 % par rapport à 2021 et de plus de 25 % depuis 2014 ( 2 590 heures). La moitié des heures aidées est constituée de documentaires de société. 

Si les devis totaux à 341,3 M€ en 2022 sont en recul ( -7,3 % par rapport à 2021, - 14,1 % par rapport à 2017),  le coût horaire des documentaires continue lui à progresser. Il s’élève à  204,5 K€ en 2022, (+3,8 % par rapport à 2021, +16,6 % par rapport à 2017).

 Les diffuseurs publics en sont les principaux soutiens : ils représentent près de  70 % des investissements totaux des diffuseurs dans le documentaire.

  • Les adaptations de spectacle vivant ont connu une nouvelle hausse  en 2022.

Les adaptations de spectacle vivant ont totalisé un nombre d’heures aidées de 776 heures (+4,5 % par rapport à 2021), grâce à la levée globale des restrictions sanitaires imposées pendant la crise du Covid-19 et la reprise des représentations de spectacles vivants. 

A l’inverse, les devis de ces œuvres reculent de 7 % à 93,3 M€, soit un coût horaire moyen en baisse de 11 % à 120,3 K€. Les adaptations de spectacles musicaux représentent une grande majorité des heures de spectacle vivant aidées en 2022 (72,7 %), portées notamment par la variété/rock dont le volume est presque multiplié par 2 entre 2021 et 2022, à 165 heures.

France Télévisions, incontournable pilier de la production 

Dans tous les genres, France Télévisions est le premier commanditaire en volume et en apport.  

C’est le cas en fiction, où  France Télévisions a commandé 531 heures en 2022 et est également le premier financeur (252,9 M€), devant le groupe TF1 (402 heures pour 149,7 M€). 

Le volume de fiction initié par France Télévisions est composé à 79,2 % de séries (78,9 % en 2021). Les feuilletons représentent 42,3 % du volume de fiction initiée par le groupe (44,5 % en 2021). Hors feuilletons, l’apport horaire du groupe France Télévisions s’établit à 661,9 K€ (760,7 K€ en moyenne sur 10 ans). 

Les investissements en fiction destinée aux services numériques du groupe ont quasiment doublé chaque année entre 2017 et 2021, mais sont en recul de 28,1 % en 2022 à 9,9 M€. Ils représentent 3,9 % des apports totaux du groupe à la fiction en 2022 (4,3 % en 2021).

C’est aussi le cas en animation où le groupe public, premier financeur du genre, depuis 2007 au moins (première année des statistiques), a initié 51,3 % du volume horaire total d’animation mis en production (37,5 % en 2021) soient 124 heures d’animation (-10,6 % par rapport à 2021) dont 113 en tant que premier diffuseur (-15,6 %). Son apport total s’établit à 22 M€, en baisse de 18 % par rapport à 2021 et représente 55,3 % des investissements de l’ensemble des chaînes (39,8 % en 2021).

En documentaire, France Télévisions est aussi le premier commanditaire de la production aidée par le CNC, même si le groupe public a réduit son volume de commandes à 755 heures (-12 %).  En 2022, France Télévisions est aussi resté le premier financeur du genre. Mais là aussi, les apports financiers du groupe dans le genre diminuent à 69,7 M€ (-14 %). 

Arte est le deuxième financeur de documentaires en 2022. Sa participation financière s’élève en 2021 à 32,1 M€, en recul de 15,9 % par rapport à 2021 (38,2 M€).