Paris Images 2023 : Dans les coulisses d'« Emily in Paris »

9 février 2023
Le producteur exécutif, la cheffe décoratrice et la cheffe costumière reviennent sur la fabrication de la série phare de Netflix lors d’une table ronde au salon Paris Images.

“Désormais, les décors nous contactent pour qu’on vienne tourner chez eux !”, s’amuse Raphaël Benoliel (Firstep), producteur exécutif d’Emily in Paris. En trois saisons, la série s’est imposée comme un programme phare de Netflix, un phénomène mondial qui fait rêver autant qu’il agace. “Des décors ne veulent plus de nous car cela crée des perturbations”, affirme le producteur à l’occasion d’une table ronde autour de la série organisée au salon Paris Images ce jeudi.

“Pour la première saison, l’accueil était mitigé”, se souvient Stéphanie Perret, repéreuse. Marylin Fitoussi, cheffe costumière, se remémore également les e-mails laissés sans réponse au moment de contacter des marques pour habiller l’héroïne interprétée par Lily Collins, lors de la préparation de la première saison, tournée en 2019. A l’époque, la série devait être diffusée sur Paramount Network aux Etats-Unis, avant que le groupe décide de vendre le programme à Netflix, qui l’a lancé dans le monde entier en octobre 2020.

Aujourd’hui, la cheffe costumière croule sous les demandes, mais veut rester fidèle à sa vision d’origine. “Je ne fais pas de mode. Je suis créatrice de costumes et je crée des personnages”, explique Marylin Fitoussi. “J’ai une totale liberté et je ne fais aucun placement de produit. Je choisis un vêtement qui me procure une émotion et raconte une histoire.” Pour la saison 3 de la série, elle a dû imaginer 40 tenues rien que pour Emily.

185 décors pour la saison 3

Le créateur et showrunner de la série, Darren Star, est très impliqué dans la production - il valide les choix de costumes et décors - mais en étant très réactif, ce qui facilite le processus. “Au niveau visuel, la créatrice des costumes et la cheffe décoratrice sont garantes de la cohérence de la série”, note Anne Seibel, cheffe décoratrice, qui a travaillé sur trois films de Woody Allen. “Nous avons plus de pouvoir que les réalisateurs et chefs opérateurs, qui changent en fonction des épisodes.”

Le nombre de décors n’a cessé d’augmenter chaque saison, pour atteindre 185 pour la saison 3 diffusée en décembre dernier. Les lieux les plus fréquents de la série ont été construits sur un plateau, aux Studios de Paris à Saint-Denis : l’appartement d’Emily, l’agence de communication où travaillent la plupart des personnages… Tous des décors démontables qui peuvent être réinstallés d’une saison sur l’autre. “La construction est un peu plus longue” que pour un décor conçu pour une utilisation unique, indique Jérémie Chapelet, chef constructeur. Chaque saison, la production a besoin de 10 camions pour transporter les décors, qui doivent être réparés et repeints après avoir passé des mois en stockage.

D’une saison sur l’autre, certains décors naturels ont été recréés en studio : c’est le cas de l’escalier de l’immeuble d’Emily - structure de trois étages qui a nécessité 7 semaines de travail - ou du restaurant.

Chaque saison est tournée en 15 semaines, à raison de 5 blocs de 2 épisodes. “Les chef ops et réalisateurs ont le temps de se préparer pendant qu’on tourne un autre bloc”, explique Raphaël Benoliel. “On commence la préparation sans avoir de script, on a seulement un outline qui nous dit où aller.”

“La cadence d’une série est parfois rapide. Nous pouvons parfois tourner sur trois décors en une seule journée”, raconte le producteur. “Mais le succès de la série nous a fait gagner quelques jours de tournage.” La saison 4 doit être tournée plus tard cette année. “On espère avoir des scripts cette fois-ci”, lâche Raphaël Benoliel.