Didier Diaz et Alain Rocca : "Notre déploiement régional sera toujours organisé pour renforcer notre service au client"

4 janvier 2023
Le Conseiller à la Présidence et le Directeur Général de la société de locations de matériels techniques pour les tournages reviennent sur l’année 2022 exceptionnelle de leur groupe ainsi que sur ses perspectives de développement.

Comment se porte votre structure à l’heure où les outils techniques ne cessent de se renouveler ?

Didier Diaz : Nous venons de vivre une année 2022 exceptionnelle puisque nous avons accompagné les tournages de 70 longs métrages de cinéma et d’une trentaine de séries. Ce qui nous permet d’établir un chiffre d’affaires annuel autour de 35 millions d’euros. Mais nous restons prudents car de tels résultats ne se renouvelleront peut-être pas en 2023. Nous avons assisté à un essor de la production de films et de séries. Concernant les évolutions technologiques, nous sommes obligés de nous adapter car nos clients souhaitent utiliser tous ces nouveaux outils.

Constatez vous une montée en gamme dans l’utilisation du matériel technique pour les tournages de séries ?

Alain Rocca : Dans l’utilisation du matériel, on assiste clairement à une montée en qualité pour les séries, notamment par rapport à l’image. La demande en qualité a toujours été très forte pour le cinéma. Mais l’écart d’exigence avec la série se resserre. Après, il y a le matériel dont vous disposez et le cadre dans lequel vous l’utilisez. Le cinéma demeure un exercice de figures libres tandis que les séries reposent sur des figures imposées. Cela reste un fondamental. Mais les séries démontrent toujours davantage de créativité. 

Votre déploiement régional a t-il vertu à s’intensifier ?

Didier Diaz : Tout repose sur la satisfaction de notre clientèle. Le matériel doit être disponible le plus vite possible et avec la meilleure qualité. Notre déploiement régional sera toujours organisé pour renforcer notre service au client. Transpalux s’appuie sur une ressource humaine ajustée, avec une grande compétence technique, un sens du client prononcé et un sens du dévouement très puissant à l’entreprise.

Alain Rocca : Ce qui est intéressant, c’est avec qui nous pouvons opérer nos déploiements régionaux. En cela, ces derniers sont principalement dus à des opportunités humaines dès lors que nous trouvons le bon collaborateur au bon endroit. Il nous faut trouver dans chaque région des collaborateurs qui s’inscrivent dans le tissu de techniciens locaux et de soutien à la production locale. C’est un modèle de développement très précieux. Prudent, certes, mais robuste et qui enrichit l’ADN de la société.

La décarbonation des productions est-elle un enjeu important pour votre groupe ?

Alain Rocca : Notre problématique consiste à alimenter nos antennes régionales tout en facilitant la décarbonation des productions. Nous sommes très soucieux de ces enjeux mais nous restons dépendants des outils qui nous permettrons d’assurer cette décarbonation. Or, actuellement, les camions électriques ne sont pas opérationnels. Et nous ne sommes pas des fabricants de camions. Le jour où de tels instruments seront au point, nous serons les premiers à les utiliser. De la même manière, le jour où nous aurons les autorisations d’installer des groupes hydrogènes sur la voie publique, nous serons aussitôt dessus. Et nous comptons effectuer au second semestre une expérience en vraie grandeur d’utilisation sur l’ensemble d’un tournage d’un groupe à hydrogène.

Vous avez récemment permis à un cinéaste international comme Wes Anderson de tourner son film en France. Que retenez-vous de cette expérience et pensez-vous qu’elle a relancé l’attractivité du territoire pour les productions étrangères ?

Didier Diaz : Cela a été une expérience très instructive puisque nous avons découvert de nouvelles méthodes de travail car les américains ont leurs habitudes et s’y tiennent mais cela renforce notre polyvalence. Ce qui me désole un peu, c’est que cette expérience ne s’est pas renouvelée. Mais j’ai bon espoir que cela puisse à nouveau se produire dans les prochains mois.

Alain Rocca : Nous sommes confiants sur le renouvellement du crédit d’impôt international à hauteur de 40% qui repose sur des mandats de quatre ans et qu’il faut donc renouveler constamment. Nous espérons que la représentation nationale sera consciente de ce que ce dispositif apporte en terme quantitatif et qualitatif à la capacité de production française. Notre niveau de production si élevé est le garant de la diversité et de l’indépendance de la création. C’est l’avantage de la France qui bénéficie d’une capacité de production souveraine très forte. À tel point qu’il n’y a aucun risque à ce que nous soyons réduits à un simple territoire d’accueil de tournages sous prétexte que nous voulons renforcer notre attractivité pour les productions étrangères.

Avez-vous réfléchi à former vous-mêmes des techniciens ?

Didier Diaz : Ce n’est pas notre vocation initiale mais nous y réfléchissons. La problématique n’est pas évidente. Actuellement, nous formons des jeunes qui intègrent notre société. Mais devenir un dispositif de formation pour tout le secteur est un autre métier que le nôtre qui reste avant tout de fournir du matériel technique. Mais dans cet objectif de mieux servir le client et de disposer des meilleurs éléments en interne, autant les former à notre main.

Alain Rocca : Ce que je constate, c’est que nous sommes perçus comme étant très à l’écoute des territoires où nous nous installons et des pouvoirs publics locaux, et à titre personnel, je suis très sensible au potentiel de formation de la jeunesse que recèlent notre industrie. Si ces derniers nous incitaient à former des techniciens locaux, alors nous pourrions facilement nous positionner comme un centre d’expertise pouvant se mettre au service d’une dynamique de formation qui serait portée par un territoire.

Le fait que votre actionnaire, B Live Group détienne dorénavant 100% de Transpalux et de ses filiales vous apporte-t-il de nouvelles synergies ?

Didier Diaz : Notre dimension très personnelle du service au client doit nous permettre de définir des objectifs de synergies. Cela se met peu à peu en place avec B Live Group qui est l’actionnaire de Eye Lite en Belgique et de Transpalux en France. De fait, dans cette idée de service au client, nous pouvons accompagner des producteurs qui souhaitent aussi bien tourner en France qu’en Belgique. L’objectif étant que les tournages se déroulent au mieux. L’ADN de Transpalux repose avant tout sur notre amour des plateaux.

Enfin, quelles sont les perspectives de développement de Transpalux ?

Alain Rocca : Nous fournissons déjà la lumière, la caméra, la machinerie, les véhicules et l’énergie, et l’objectif est de consolider la place de Transpalux comme l’un des leaders de la fourniture de matériels pour le tournage. Et selon moi, il faut dans ce sens que nous rajoutions les services à la régie. Pour cela nous allons nous rapprocher des spécialistes de ce domaine. L’idée étant que nos clients puissent avoir accès à tous les matériels techniques dont ils ont besoin pour leurs tournages de film, de séries ou de pub, mais sans avoir l’obligation de tout prendre. Un directeur de production qui a accès à la même qualité sur tous les services et dans un même lieu ne peut qu’être enthousiaste. Enfin, concernant les Studios, notre stratégie sera conditionnée par la nouvelle carte des Studios issue de France 2030 et bien évidemment l’arrivée du nouveau propriétaire du foncier des Studios de Bry.

Propos recueillis par Michel Abouchahla, Pierre Abouchahla et Nicolas Colle


La nouvelle direction de Transpalux :

Présidence : Yannick Betis (B Live Group)
Conseiller à la Présidence : Didier Diaz
Directeur Général : Alain Rocca
Directeur Général Adjoint Finances/RH/SGX/SI/RSE : Thierry Masurel
Directeur Général Adjoint Commercial/Marketing/Communication : Olivier Duval


Les longs métrages accompagnés en 2022 (voir fiches ci-dessous) :

"Maestro(s)" de Bruno chiche
"Reste un peu" de Gad Elmaleh
"Mascarade" de Nicolas Bedos
"Plancha" d’Eric Lavaine
"Rumba la vie" de Franck Dubosc
"Les Têtes Givrées" de Stéphane Cazes
"Les Petites Victoires" de Mélanie Auffret
"38,5 Quai des Orfèvres" de Benjamin Lehrer
"Un Petit Miracle" de Sophie Boudre
"Alibi.Com 2" de Philippe Lacheau

Les séries accompagnées en 2022 :

"Marie Antoinette" de Pete Travis et Geoffrey Enthoven
"Diane de Poitiers" de Josée Dayan
"Paris Police 1905" de Julien Despaux et Frédéric Balekdjian
"Vortex" de Slimane-Baptiste Berhoun