Films Grand Huit en plein boom

16 novembre 2022
Lauréate des César du meilleur court métrage et du meilleur court métrage documentaire en début d’année, la société de Pauline Seigland et Lionel Massol vient de produire ses deux premiers longs métrages et fourmille de nombreux projets. Avec toujours l’ambition d’accompagner ses auteurs vers de nouveaux horizons.
LionelM assol, Pauline Seigland, Jules Reinartz FILMS GRAND HUIT

Après avoir étudié à l’école des Gobelins, Pauline Seigland et Lionel Massol ont créé leur structure de production, Films Grand Huit, en 2015. Ils ont depuis été rejoints par un nouveau producteur associé, Jules Reinartz. Cette année 2022 s’annonce comme un tournant déterminant pour la société qui a gagné une visibilité importante auprès de l’industrie lors de la dernière cérémonie des Arts et Techniques du Cinéma où elle a été récompensée successivement du César du meilleur court métrage, pour Les Mauvais Garçons d’Elie Girard, puis du César du meilleur court métrage documentaire pour Maalbeek d’Ismaël Joffroy Chandoutis. « C’est une chose de monter une fois sur scène. Mais deux fois dans la même soirée, on ne peut que être remarqué par la profession. Une personnalité comme Jean Labadie nous a approché et nous a fait part de son envie de collaborer prochainement  avec nous ».

En créant leur société, Pauline Seigland et Lionel Massol avaient pour ambition de révéler de nouveaux auteurs en produisant leur court métrage puis en les accompagnant vers leur premier long métrage. Une démarche qui se concrétise aujourd’hui. « Tous les auteurs dont nous avons produit les courts métrages nous témoignent une grande fidélité. Ce qui est rare. Ils sont souvent repérés par d’autres sociétés mais nous parvenons à les fidéliser en réfléchissant avec eux à la construction d’une filmographie sur le long terme. Et nous veillons à être le plus éclectique possible, avec un spectre de cinéphilie très large, en accompagnant des autrices et des auteurs qui s’apparentent aussi bien à la nouvelle Lucrecia Martel qu’au nouveau Stéphane Brizé ».

Un troisième long métrage en tournage

Films Grand Huit vient de mettre en boîte ses deux premiers longs métrages de cinéma. Tout d’abord Disco Boy, de Giacomo Abbruzzese, produit pour 3,5 millions d’euros et qui sortira en salles sous pavillon KMBO. Les ventes internationales sont assurées par Charades. Distribué par New Story et vendu par Pulsar, Mi Bestia, de Camila Beltran, a été tourné l’été dernier en Colombie pour un budget de 550 000 euros.

La société lance le tournage de son troisième long métrage ce mercredi 16 novembre. Il s’agit du premier film de Mareike Engelhardt, Rabia. Il sera tourné durant cinq semaines à Sarlat puis durant une semaine en Jordanie. Le budget est de 2,9 millions d’euros. Memento est en charge de la distribution et Kinology des ventes internationales. Le film est conçu comme un huit clos où une jeune Française de 19 ans partie pour le jihad, se retrouve enfermée dans une maison de femmes de Daech à Raqqa avec une centaine d’autres jeunes venues de tous les coins du monde. La réalisatrice s’est entourée de Megan Northam et Lubna Azabal pour les rôles principaux et d’Agnès Godard à la photographie. Le film a été préacheté par Arte, Canal+ et Ciné+.

Films Grand Huit produit également pour France Télévisions la série d’animation La vie de château, de Clémence Madeleine-Perdrillat et Nathaniel H’limi. Les deux auteurs avaient préalablement réalisé un unitaire éponyme qui avait remporté le Prix du Jury au Festival International d’Annecy avant de générer plus de 30 000 entrées dans les salles françaises. Le budget de cette première saison est de 3,3 millions d’euros. Elle sera conçue en France et au Luxembourg. Xilam est attaché à la coproduction et aux ventes internationales. Dotée de six épisodes feuilletonnant de 26 minutes chacun, la série s’adressera aux enfants de 6 à 10 ans ainsi qu’au public familial. « La vie de château s’inscrit pleinement dans la diversité de nos productions, du court métrage au long métrage en passant par le documentaire et l’animation. En développant les filmographies de nos auteurs, nous veillons à créer des oeuvres toujours plus grandes, tant sur le fond que sur la forme ». 

Nouveaux talents et nouveaux visages

L’année 2023 sera aussi très riche pour Films Grand Huit où deux nouveaux longs métrages devraient être tournés durant l’été. Tout d’abord Les Fantômes, de Jonathan Millet, qui sera distribué par Memento et vendu par MK2. Doté d’un budget de 2,7 millions d’euros, le projet vient de se voir attribuer l’avances sur recettes du CNC et a d’ores et déjà été préacheté par Canal+ et Ciné+. Au casting, on retrouvera notamment Adam Bessa, lauréat du prix d’interprétation à Un Certain Regard cette année. Les Fantômes sera un film d’espionnage « basé sur des faits réels où, après la guerre en Syrie, des Syriens issus de la sociétés civile se sont disséminés à travers toute l’Europe pour retrouver les bourreaux du régime de Bachar el-Assad. En cela, cette histoire est une sorte de réinterprétation de certains films qui ont marqué le Nouvel Hollywood, comme Marathon Man, qui revenaient sur la traque des nazis après la seconde guerre mondiale ».

C’est également au cours de l’été prochain que devrait être tourné le premier long métrage de Marie Rémond, Les chèvres aussi s’évanouissent. La réalisatrice incarnera le rôle principal aux côtés de José Garcia et Olivia Côte. La directrice de la photographie Caroline Champetier est également rattachée à ce projet qui a reçu l’avance sur recettes du CNC mais est toujours en recherche d’un distributeur et d’un vendeur international. Le récit, presque autobiographique, abordera les thématiques de l’estime de soi et du syndrome d’imposture. « Ce film s’inscrit dans notre volonté d’aider à révéler non seulement des nouveaux auteurs mais aussi des nouveaux visages. Marie Rémond demeure une comédienne très reconnue sur les scènes de théâtre et a remporté un Molière. Si elle n’est pas encore identifiée au cinéma, nul doute que ce film révélera tout ses talents d’actrice et de conteuse ».

D’autres projets suivront encore en 2024, parmi lesquels le premier long métrage de Rémi Allier, Quand ça sera la fin du monde. Le réalisateur avait remporté le César du meilleur court métrage en 2019 pour Les Petites Mains. Sans oublier le premier film de Marie Le Floc’h, À propos de Sousan, qui avait été nommé au César du meilleur court métrage en 2021 pour Je serai parmi les amandiers. Lauréat du César du meilleur court documentaire en début d’année avec Maalbeck, Ismaël Joffroy Chandoutis développe également son premier long, Deep Fake, qui a été sélectionné au programme Next Step de la Semaine de la Critique ainsi qu’à la résidence du Festival d’Annecy.

Par ailleurs, Pauline Seigland et Lionel Massol ne renoncent pas à produire des courts métrages qui demeurent « le meilleur moyen de découvrir les talents de demain et de tenter toutes les expérimentations possibles ».