3 questions à Aurélie Cardin (fondatrice du festival CinéBanlieue)

10 novembre 2022
"Nous réfléchissons à acquérir une dimension plus internationale, en accueillant des cinéastes étrangers".

Quelles ont été les prémices de votre festival dont la nouvelle édition débute ce mercredi 9 novembre ?

CinéBanlieue est né dans l’année qui a suivie les émeutes de 2005. L’objectif était de montrer une autre image de la banlieue, ainsi que sa richesse créative et artistique. À l’origine, nous programmions quelques films autour d’une thématique en lien avec l’actualité. L’idée était alors de créer un dialogue entre les différentes générations et de créer une cinéphilie auprès d’un jeune public qui se rendait peu en salles pour découvrir du cinéma d’auteur. Nous diffusions à la fois des films de patrimoine et d’autres plus récents afin de comprendre comment ils se répondaient. Il était également important que cette jeunesse puisse comprendre que travailler dans le cinéma leur était possible. D’où nos rencontres avec des personnalités inspirantes qui sont issus du même milieu social, comme le romancier et cinéaste Mehdi Charef. En grand humaniste qu’il était, Bertrand Tavernier avait été notre parrain dès nos premières éditions. Il était venu présenter son documentaire De l’autre côté du périph, qu’il avait coréalisé avec son fils Nils Tavernier et qui posait un regard bienveillant sur la vie en banlieue.

Comment la manifestation a t-elle évolué ?

Depuis 2012, nous avons initié une compétition de courts métrages afin de soutenir des talents autodidactes et les connecter au monde professionnel. Près de 500 courts métrages nous sont envoyés de toute la France chaque année. Une dizaine sont sélectionnés en compétition et une quinzaine en section Panorama. L’an dernier, Dorlis, d’Enricka MH, a remporté notre Grand Prix et il est aujourd’hui dans la présélection des César. En plus d’avoir été spectatrice puis bénévole du festival, Maïmouna Doucouré a été récompensé pour Maman(s) dans notre compétition. Par la suite, le film a été présenté dans des festivals internationaux comme Sundance ou Toronto et a remporté le César du meilleur court métrage. Notre souhait est de toujours repousser nos limites. Actuellement, nous réfléchissons à acquérir une dimension plus internationale, en accueillant des cinéastes étrangers.

Quelles autres actions mettez vous en place pour accompagner vos talents ?

Nous avons noué un partenariat avec France Télévisions qui achète certains de nos films et accompagne les auteurs qu’ils découvrent chez nous. La SACD fait aussi preuve d’un soutien précieux. Sans oublier de nombreux autres festivals, comme les Premiers Plans d’Angers ou la Quinzaine des Cinéastes, qui nous offrent une carte blanche afin de présenter nos œuvres à leur public. Cela permet aux talents d’être mis en lumière et de nouer des liens avec des personnalités de l’industrie. J’ajoute que nous veillons à accompagner nos auteurs dans le développement de leurs projets suivants. Notamment en leur présentant des producteurs. Et puis notre Grand Prix leur offre une somme de 20 000 euros, dotée par la société Yukunkun Productions et le CNC, qui les aide à développer leur prochain film.