Bertelsmann abandonne son projet de vente de M6

3 octobre 2022
Face au timing très serré, le groupe allemand n'a pas souhaité prendre de risque et remet le projet à plus tard.

Quelques semaines après l’abandon du projet de fusion avec TF1, Bertelsmann, l’actionnaire majoritaire de la chaîne via sa filiale RTL Group, annonce renoncer à vendre ses parts dans M6. Car le calendrier était très serré. Le nouveau propriétaire devait prendre possession de M6 avant le renouvellement de la licence de diffusion de la chaîne - qui expire en mai prochain - tout changement de propriétaire étant interdit dans les cinq ans qui suivent un renouvellement. 

Trois offres fermes avaient été déposées : celle du trio Stéphane Courbit-Rodolphe Saadé-Marc Ladreit de Lacharrière, celle de Xavier Niel et MediaForEurope (ex-Mediaset) et celle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. “Il y a un intérêt sérieux, sans aucun doute", confiait Thomas Rabe, PDG de Bertelsmann, au Financial Times dans un article publié ce lundi matin. "Mais le calendrier est serré et il y a des incertitudes juridiques. C'est quelque chose que je devrai évaluer et décider.” Avant de prévenir : "Nous ne sommes pas du tout pressés de vendre. Nous ne manquons pas de capitaux.”

Finalement le conglomérat a décidé d’attendre, considérant, selon un communiqué, les incertitudes et les risques “trop élevés”. La législation française devrait donc à priori geler le dossier jusqu’en 2028. “Nous restons attractifs pour des partenaires locaux et internationaux”, indique de son côté Nicolas de Tavernost auprès du Figaro. “RTL n'envisage pas de céder le contrôle de M6. Mais rien ne nous empêche de collaborer sous une forme ou sous une autre avec d'autres partenaires.”

Une consolidation qui reste “nécessaire”

D’ici 2028, le paysage aura eu le temps d’être à nouveau bouleversé. La fusion TF1-M6 a capoté car l’Autorité de la concurrence considérait que le nouvel ensemble aurait pesé trop lourd sur le marché de la publicité télé. Les deux chaînes voulaient que la publicité en ligne soit prise en compte dans le marché étudié, ce que le régulateur a refusé. Dans cinq ans, alors que Netflix et les autres plateformes seront des acteurs bien installés de la publicité en ligne, son point de vue sur la question sera peut être différent.

“RTL Group reste convaincu de la nécessité d’une consolidation du marché pour concurrencer les plateformes tech mondiales - et que celle-ci se produise dans les marchés de la télévision en Europe à un moment ou un autre”, affirme en tout cas la société dans son communiqué. “Avec une présence forte à la fois en télévision, radio et streaming, le Groupe M6 jouera un rôle clé dans tout mouvement de concentration futur dans le secteur de la télévision en France.”
Dans le Financial Times, Thomas Rabe se prêtait même au jeu des pronostics : “C'est une question de deux ou trois ans, au maximum.” Difficile cependant de voir comment cela pourrait aller aussi vite. En plus de celle de M6, l’autorisation d’émettre de TF1 doit également être renouvelée en mai 2023, un changement d’actionnaire de la première chaîne est donc également à exclure.