Médiamétrie mesurera les audiences des plateformes sous deux ans

18 juillet 2022
La législation européenne contraindra bientôt les plateformes à publier leurs chiffres d'audience.

On savait le PDG de Médiamétrie, Yannick Carriou, exaspéré par le traitement d'exception dont bénéficient aujourd'hui les grandes plateformes du numérique. Prime Video et Netflix, entre autres, sont maîtresses de la publication de leurs chiffres d'audience. Ces derniers sont donc souvent incomplets, ou vagues, lorsqu'ils sont effectivement publiés.

Cela doit changer, selon le directeur de l'institut de mesure, qui indique au Figaro : "C’est la pagaille. Aujourd’hui, certains médias se fabriquent leur propre écosystème d’indicateurs d’audience. Il est hors de question de laisser des acteurs s’automesurer quand ils rentrent en compétition avec les chaînes traditionnelles sur le marché publicitaire."

Contenter annonceurs et détenteur de droits sportifs

Une prise de position aux allures d'ultimatum. Yannick Carriou ajoute : "Sous deux ans, nous serons capables de mesurer les audiences des plateformes avec autant de précision que celles des télés et de les publier tous les jours, que les plateformes collaborent avec nous ou non !" Et ce, grâce à l'application du Digital Market act, un accord européen visant à réguler les grandes plateformes du numérique, qui devrait entrer en vigueur au 1er janvier 2023. Le Media Freedom act, un autre accord européen qui devrait être publié en septembre, pourrait obliger les plateformes à une transparence accrue quant à leurs données d'audience.

Yannick Carriou explique son inflexibilité sur ce point par la nécessité de comparer les audiences télé et plateformes à mesure que les usages se diversifient. Deux acteurs en bénéficieraient particulièrement : les annonceurs, et les détenteurs de droits sportifs.

Avec, à la clef de cette mesure "cross-media" des audiences, des surprises ? Le PDG de Médiamétrie explique qu'en Grande-Bretagne, la consommation de contenu quotidienne sur plateformes n'est que de 30 minutes, contre 3h30 de télévision. Des résultats peut-être contre-intuitifs. "Cela relativise la puissance des géants américains de la vidéo par abonnement", analyse Yannick Carriou. "Ce n’est pas le tsunami annoncé, les médias traditionnels restent très dominants."