4 questions à Maud Wyler, Marraine de la Quinzaine en Actions

19 mai 2022
Cette année c’est l’actrice Maud Wyler qui est la marraine de la Quinzaine en actions, le dispositif d’éducation à l’image et d’accès à la culture initié par la Quinzaine des réalisateurs. Elle répond au questions d’Écran Total.
Maud Wyler

Pouvez-vous nous définir la Quinzaine en actions ?

Il s’agit d’un dispositif d’accès à la culture qui permet aux habitants du quartier cannois de la Bocca d’avoir accès à ateliers d’écriture de scénario, qui sont dirigés par des cinéastes ou des scénaristes qui ont vu leurs précédents films être sélectionnés à la Quinzaine des Réalisateurs. À l’issu de ces ateliers, trois scénarios sont sélectionnés par un jury puis réalisés par les élèves de la CinéFabrique à Lyon. Après quoi, ils bénéficient d’une projection à Cannes. On découvre des œuvres vibrantes, qui sont aussi bien des comédies, des drames ou des films fantastiques. La Quinzaine des Réalisateurs résulte d’un mouvement cinéphilique né en réaction aux événements de Mai 68. C’est une sélection sans compétition qui accueille le grand public. Soit tout le contraire des compétitions cannoises officielles qui ne sont accessibles qu’à la presse et aux professionnels. La Quinzaine a une vertu plus démocratique et la Quinzaine en Actions s’inscrit dans cette continuité. C’est incroyablement joyeux d’ouvrir ses portes au plus grand nombre. Alors qu’à l’inverse, vivre en autarcie est mortifère.

En préambule du Festival de Cannes, il ressortait des débats des Rencontres de l’AFCAE que certains films français n’étaient plus connectés au public post crise sanitaire. Selon vous, quelle typologie d’œuvre la production française doit-elle privilégier pour que la fréquentation retrouve des couleurs ?

C’est bien toute la magie et la grâce de l’art que de créer des surprises inattendues. Le public ne sait pas ce qu’il attend. Il veut juste vibrer. La création cinématographique est une équation que l’on ne peut résoudre à l’avance. Parfois il y a des succès, parfois des erreurs et des échecs. Evidemment, nous souhaitons tous que toutes les œuvres soient vues par le plus grand nombre, mais se baser sur des algorithmes ou des schémas prédéfinis pour concevoir un succès ne peut que nous faire perdre l’essence du cinéma. Il doit être protégé. Si le cinéma coréen brille à travers le monde, c’est parce que la Corée du Sud a créé un organisme national de soutien au cinéma et a défendu ses auteurs. C’est ce que nous avons toujours fait nous aussi. Pour autant, j’appréhende un projet comme celui du rapport Boutonnat qui consiste à privilégier l’apport de fonds privés dans le financement des œuvres. Le risque étant que ces investisseurs privés puissent, à terme, avoir des exigences sur les aspects artistiques d’un projet, notamment son casting. Ce qui est déjà la logique des chaînes de télévision. Encore récemment, un projet sans casting identifié pouvait prétendre à une aide du CNC. Aujourd’hui, ce n’est plus acquis. Ce genre d’initiative met à mal l’indépendance de notre création que le monde entier nous envie.

Vous avez récemment intégré le bureau de l’Académie des César. En quoi consistent vos actions en cours ?

Après avoir rédigés de nouveaux statuts pour instaurer plus de démocratie et de transparence dans le fonctionnement de l’Académie, nous travaillons surtout à moderniser la cérémonie, afin qu’elle soit encore plus cinéphile, spectaculaire et émouvante. Les audiences sont certes en berne depuis quelques années mais les pastilles vidéo de Canal+, qui reprennent les meilleurs moments de la soirée, connaissent de véritables performances sur Youtube. Ce qui prouve que les usages ont évolué mais que le public reste friand de cinéma et que Canal+ y trouve son compte.

Quels sont vos prochains projets ?

Après Perdrix, je retrouverai Erwan Le Duc pour son deuxième long métrage, La fille de son père, qui sera à nouveau produit par Domino. Puis j’enchaînerai avec le nouveau film de Guillaume Nicloux. Suivra un premier long métrage avec Catherine Deneuve. Enfin, je donnerai la réplique à Benoît Poelvoorde dans le deuxième long métrage de Marie Garel-Weiss.