Pressentie au poste depuis plusieurs semaines, Iris Knobloch a été officiellement élue présidente du Festival de Cannes à l'issue du conseil d’administration de l’Association Française du Festival International du Film (Affif), qui organise l’événement, ce mercredi 23 mars. Elle succédera à Pierre Lescure à partir du 1er juillet prochain, pour une durée de 3 ans.

"C’est un grand honneur que me fait la France en me confiant la Présidence du Festival de Cannes. Profondément européenne, ayant toujours défendu le cinéma dans ma carrière, en France et à l’international, je suis heureuse de pouvoir consacrer toute mon énergie au rayonnement de cet événement planétaire, rendez-vous majeur pour la sauvegarde de la vie culturelle d’un monde qui en éprouve, plus que jamais, l’impérieuse nécessité", se réjouit Iris Knobloch dans un communiqué. "Le film de cinéma vu en salle demeure une expression artistique essentielle et le Festival de Cannes, avec sa sélection si singulière en montre la voie chaque année. J’ai hâte de mener une réflexion collective avec le Conseil d’Administration, Thierry Frémaux son Délégué général et l’ensemble des acteurs du monde du cinéma afin de poursuivre l’œuvre accomplie et d’imaginer l’histoire future à l’aune des nouveaux enjeux qui se présentent à nous."

"Lorsque j’ai été réélu en juin 2020, j’ai annoncé que je souhaitais assurer ma succession avant l’issue de ce 3e mandat et que j’avais à cœur que celle-ci soit confiée à une femme. Je suis heureux de l’arrivée de Iris Knobloch et j’aurai plaisir à lui transmettre mes fonctions dont elle saura assurer les devoirs avec vision et talent", a de son côté indiqué Pierre Lescure, président sortant.

Née en Allemagne et ayant effectué une partie de sa carrière en France, Iris Knobloch devient la première femme à la tête de la manifestation. Nommée Chevalier de la Légion d’Honneur en 2008, elle a travaillé pendant 25 ans au sein du groupe WarnerMedia, notamment en tant que présidente pour la France, le Benelux, l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse.

Selon nos informations, le vote, qui s’est déroulé à bulletin secret, conformément aux statuts de l’association, a donné 18 voix en faveur d’Iris Knobloch, 6 contre, et 3 votes blancs. La question d’un possible conflit d’intérêt, soulevée dans la presse, a été évacuée. Iris Knobloch est à la tête, depuis 2021, d’I2PO, une société d’acquisition à vocation spécifique qui a pour but d'investir dans le secteur du divertissement. Le possible conflit d’intérêt portait sur deux points : la possibilité que la société investisse dans le cinéma dans le futur, et le fait qu’un de ses actionnaires soit la famille Pinault, par ailleurs propriétaire de Kering, sponsor important du Festival de Cannes. Iris Knobloch s’est engagée à ce qu’I2PO n’investisse pas dans le cinéma ou l’audiovisuel. Sur le deuxième point, elle s’est engagée à se déporter quand ce partenariat sera évoqué à l’avenir, notamment au moment de sa reconduction.

Le retour des plateformes en débat

L’autre sujet de contentieux à l’ordre du jour de cette réunion : un possible retour des plateformes de streaming dans les sélections du festival. Le sujet a donné lieu à un débat sans vote, au format assemblée générale de l’Affif. Une partie des représentants de la profession ont fait part de leur volonté de préserver le modèle français de l’exploitation en salles, tandis que d’autres membres ont souhaité mettre en avant l’aspect international du festival, expliquant qu’il ne fallait pas se couper du cinéma américain, de plus en plus financé par les services de streaming. Une position de compromis a été évoquée : ouvrir la sélection à un ou deux films de plateformes, tout en les contraignant à sortir en salle uniquement s’ils sont primés. Rien n’a été tranché et les débats devraient se poursuivre en prévision de l’édition 2023 de la manifestation.