Les salles belges poursuivent la résistance

28 décembre 2021
La rencontre entre les fédérations du secteur culturel et le ministre de la santé a débouché sur une impasse ; la justice est saisie.
Cinéma Les Galeries

Lors d’une réunion ce 28 décembre avec une trentaine de représentants des différents secteurs culturels tant francophones que flamands, le ministre belge de la santé Frank Vandenbroucke a refusé de revenir sur la décision de fermeture des salles de cinéma et de spectacles.

Les fédérations francophones réclamaient l’organisation cette semaine d’un nouveau Comité de concertation (Codeco) pour annuler purement et simplement cette mesure. Elles plaidaient pour une réouverture des lieux aux conditions en vigueur le 26 novembre, c’est-à-dire avec des jauges à 100%, le pass sanitaire (CST) et le port du masque.

S’il reconnait les efforts de sécurisation menés par le secteur culturel, le ministre rejette tout retour en arrière tant que la situation sanitaire ne s’est pas éclaircie. Il proposera mi-janvier au prochain Codeco de décider d’un socle minimum pour les activités et événements culturels en intérieur avec un public assis. Un plan par étapes devrait alors donner au secteur une réelle perspective de réouverture. Il s’articulerait autour de quatre piliers : port du masque, pass sanitaire (CST), distanciation sociale et normes de ventilation.

100 lieux culturels restent ouverts


Le secteur culturel annonce dès lors l’arrêt de la concertation avec le cabinet du ministre « jusqu’à l’annonce formelle de la révision de la fermeture de la culture 22 décembre dernier ». Les actions de résistance menées par une centaine de lieux culturels - vont se poursuivre ; c’est le cas pour les cinémas indépendants à Bruxelles et en Wallonie, mais pas pour les grands groupes (Pathé, Kinepolis, UGC) ou les salles de Flandre.

Recours en justice


Parallèlement, des actions judiciaires ont été introduites devant le tribunal de première instance et le Conseil d’État. Elles émanent notamment de la SACD/Scam, de la fédération des créateurs et interprètes de l’audiovisuel et du cinéma (Pro Spere) ainsi que des unions de producteurs (UPFF, ARPi). Il est demandé au juge de faire d’interdire à l’Etat belge de maintenir l’arrêté de fermeture adopté le 23 décembre, sous peine d’une astreinte de 100 000 € par infraction constatée. « Pour chaque procès-verbal dressé à l’encontre d’un théâtre ou d’un cinéma resté ouvert, l’Etat serait condamné à verser 100 000 € », précise Frédéric Young, délégué général de la SACD. Une décision pourrait intervenir d’ici la fin de la semaine.

Arrêt suspensif pour les théâtres

Ce mardi en fin de journée, le Conseil d’Etat a créé une première brèche dans l’interdiction qui frappe les lieux de culture en suspendant suspend la mesure de fermeture des lieux clos des établissements relevant du secteur culturel. « L‟acte attaqué ne démontre pas en quoi les salles de spectacle relevant du secteur culturel seraient des lieux particulièrement dangereux pour la santé et la vie des personnes en tant qu’ils favoriseraient la propagation du coronavirus, au point qu'il soit nécessaire d‟en ordonner la fermeture », peut-on lire dans son arrêt. « Si le variant Omicron est plus contagieux que d’autres variants de la COVID-19 et nécessite des mesures sanitaires renforcées, encore faut-il démontrer concrètement en quoi la mesure de fermeture ici préconisée est incontournable pour faire face à un tel danger pour la population. »

De manière fort surprenante, l’interdiction est donc levée immédiatement pour les lieux dits « culturels » (salles de théâtre et centres culturels) mais pas les cinémas, ni les lieux festifs ou événementiels. « La fermeture des salles de théâtres est donc levée, constate la ministre de la Culture Bénédicte Linard. Tout en ajoutant : « Rien ne sert d'attendre un nouvel arrêt avant de rouvrir les cinémas. » L'imbroglio est total.