L'Afcae et Comscore analysent les chiffres de la reprise

6 juillet 2021
Pour son dernier débat de ses rencontres cannoises, l’Afcae a invité le président de l’institut Comscore, Eric Marti, pour commenter et analyser les résultats des six dernières semaines de reprise.

Entre le 19 mai et le 29 juin, les salles françaises ont recensées 8,8 millions d’entrées. À titre de comparaison, lors de la première réouverture l’année dernière, les cinémas français avaient accueilli 4,9 millions de spectateurs entre le 22 juin et le 4 août. Autre indice de comparaison, 14,3 millions d’entrées avaient été comptabilisées dans les cinémas français entre le 22 mai et 2 juillet 2019 et 10,4 millions l’avaient été entre le 23 mai et le 3 juillet 2018. Ces chiffres témoignent donc d’un retour presque équivalent à une période dite normale, comme il y a deux et trois ans : "ils ont permit les résultats exceptionnels de la dernière fête du cinéma où 3,5 millions de spectateurs se sont rendu en salles entre le 30 juin et le 4 juillet" précise Éric Marti.

Pour établir des comparaisons, Comscore a élaboré un indice de reprise établi en juin 2020 afin d’apprécier le niveau de fréquentation quotidien et hebdomadaire par rapport au niveau réel du marché tel qu’il était sur la période 2015 – 2019. Ces deux indices étaient à 100% dès le premier jour de la reprise, le 19 mai dernier, alors que lors de la période suivant la première réouverture, du 22 juin au 29 octobre 2020, ils avaient atteint ce niveau qu'une seule fois : le jour de la sortie de Tenet, le 26 août 2020.

Concernant la typologie des établissements, Comscore relève que ce sont les cinémas à plus de dix écrans qui ont eu les plus de difficultés à redémarrer. La part de marché des cinémas art et essai s’avère supérieure à 30% et a même progressé de 5% en mai et de 6% en juin par rapport aux mêmes mois de 2019. Et cela, malgré un nombre de films recommandés art et essai bien inférieurs (15 et 9 en mai et juin 2021 contre 29 et 30 en mai et juin 2019) : « les salles art et essai repartent mieux que toutes les autres car elles ont récupéré presqu’entièrement leurs spectateurs qui sont des amoureux du cinéma. Les autres typologies de salles n’ont pu, quant à elles, récupérer que les spectateurs les plus occasionnels » explique Éric Marti.

Parmi le top 20 des films les plus performants du 19 mai au 26 juin, c’est Conjuring 3 (Warner) qui s’impose devant Adieu les cons (Gaumont) qui a bénéficié d’une ressortie. Drunk (Haut et Court), ADN (Le Pacte) et 30 Jours Max (Studiocanal) sont les trois autres films à intégrer ce top 20 après avoir connu une première (courte) vie en salles à l’automne dernier. Le top 20 des films art et essai compte quant à lui pas moins de neuf ressorties. The Father (UGC – Orange) est leader des nouveautés.

La répartition de la fréquentation se montre également chamboulée. En juin 2020, la part de marché du cinéma américain était passée de 64% à 36%. Elle s’établit désormais à 48% en juin 2021. La part de marché des nationalités autres que françaises et américaines a quant à elle progressé de 6,5% à 17,4% en juin 2020 pour se maintenir à 16,5% en juin 2021.

« L’industrie du cinéma international est très attentive à ce qui se passe en France où il y a un tel amour des films et de la salle que l’on observe un retour massif, rapide et solide du public. Et cela sans presque aucun blockbuster hormis Cruella, Conjuring 3 ou Sans un bruit 2, s’enthousiasme Éric Marti. Nous avons été aidé par le fait que nous ayons procédé à une réouverture nationale alors que d'autres marchés ont pu avoir recours à des réouvertures régionales ou progressives mais sans retrouver la même vigueur aussi rapidement. Je suis donc parfaitement optimiste pour la suite des événements. La question à se poser concerne peut-être le changement des attentes des spectateurs quant à ce qu’ils souhaitent voir sur un grand écran. On observe notamment des résultats importants pour de récents films de genre français comme The Deep House ou Méandre. Même s’il est difficile d’en tirer des conclusions car d’autres films de cette typologie de cinéma, comme Teddy, ont peiné à s’imposer ».